Culturel




" Une vie, une Oeuvre, pour le plaisir

   des passionnés d'Art Alsacien "                      

                               

  Monographies de Peintres Alsaciens par François Walgenwitz
francois.walgenwitz@sfr.fr


                          

René Kuder

(1882-1962)



Pour l'Amour de Dieu, de l'Homme et de la Nature.

René KuderAutoportrait, 1962 - Aquarelle gouachée (52 x 45 cm)

   

       

    « Si le sol et l’air et le soleil influent sur la végétation, pourquoi ces mêmes facteurs n’agiraient-ils pas sur l’homme qui y vit et en particulier sur l’artiste à l’organisme bien plus sensible que celui d’une plante? Sans aucun doute, notre artiste est l’enfant de cette terre. » (Aloyse Andrès)
 

    Cette terre, c’est le beau Val de Villé, son écrin de verdure, ses sapinières, ses hêtraies, ses pâturages, mais aussi son prestigieux environnement culturel: le mont Sainte-Odile, le Landsberg, les châteaux de Dambach, vallée qui fait le lien entre le Pays Welsche  et l’Alsace dialectale, où Oberlin, Brion, Goethe…ont laissé leur souvenir…

    C’est à Villé même que René Kuder voit le jour, le 23 novembre 1882, petite ville active par son industrie textile, ses foires, la station terminus du chemin de fer, son tribunal cantonal. Tout ce microcosme, digne des romans d’Erckmann Chatrian, sera, pour le jeune René,  une source intarissable de sujets  à observer, à étudier, à crayonner, à peindre. Son père, modeste tourneur-vigneron, a sa petite fierté et sait tenir son rang. Il s’intéresse à la vie publique, aux questions politiques et sociales. Il se sent avant tout Français et Républicain, dans cette Alsace devenue allemande en 1871…. C’est un homme droit, démocrate, jaloux de sa liberté, qualités qu’il va transmettre à son fils. C’est aussi de son père que le jeune René héritera l’ouverture d’esprit, l’amour de la nature, la curiosité scientifique, le sens de l’Histoire: « Avant la Révolution, lui, dira-t-il, les habitants de ces villages étaient des serfs, la Révolution en a fait des hommes libres. Rappelle-toi cela le jour où, devant toi, on dira du mal de la Révolution française. »

 

D'extraordinaires facultés intellectuelles

    

    Ce que le père avait commencé, Monsieur Bittinger, l’excellent maître de l’école de Villé, va l’amplifier, car il a très vite reconnu les extraordinaires facultés intellectuelles de René et ses évidentes dispositions pour le dessin. Durant les dernières années de sa scolarité, il arrivait souvent au maître de dire: « Mets-toi au fond de la classe et lit ce livre pendant que j’explique aux autres ce que tu sais déjà. » Il lui ouvre l’esprit certes mais aussi les yeux, sur la beauté de son terroir. Il l’incite à dessiner, le corrige, le guide et révèle à son entourage les talents indiscutables de son élève…

    Le père veut faire de son fils un artisan à son image: tourneur et vigneron. Aussi, pendant plus de trois ans, René Kuder reste aux côtés de ses parents, apprenant le métier et mettant à profit ses moments de loisir pour dessiner et peindre. Ce ne fut pas du temps perdu car, au fil des saisons, au hasard des rencontres, il s’exerce à devenir le peintre de plein air qu’il ambitionne d’être. Enfin son père accède à son obstination et l’autorise à s’inscrire à l’Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg. Il a alors dix-huit ans. Il devient l’élève de Daubner et de Jordan. Il y fréquente Louis-Philippe Kamm, Edouard Hirth, Paul Leschhorn, Léon Schnug, Henri Loux…. «Le premier de ses professeurs, Daubner, était un fin coloriste, aussi distingué comme homme que comme artiste, d’un naturel plutôt froid et discret, assez avare de parole…Il ne se lassa pas de prêcher l’étude des «valeurs», l’exacte proportion des tons, la relativité des uns aux autres comparés au blanc pur ou au grain de papier, comme extrême «valeur» -lumière, et au noir qui en représente l’absolu contraire, suivant le précepte du grand Corot.»… Jordan initie ses élèves à la composition et à l’anatomie. René Kuder subit un moment son influence, celle d’un style «un peu raide» mais bientôt il lui échappe complètement.


 René Kuder

Préface solennelle de la Vierge, 1906 – Aquarelle gouachée (44 x 60 cm)

Page extraite d’un missel – Le peintre est représenté dans l’angle de l’image



L'aquarelle... en plein air.

    

    En 1905, à la fin de sa cinquième année d’études, on lui décerne le prix de la ville de Strasbourg pour une composition de la légende de la géante du Niedeck et on le dote d’une bourse qui lui permet de poursuivre ses études à l’académie des Beaux Arts de Munich qui était alors un centre réputé de la vie artistique européenne. Il montre à ses nouveaux supérieurs les pages d’un missel grand format qu’il avait illustré pour un prêtre de ses amis. A la vue de cette réalisation, on le nomme d’emblée élève-maître du professeur Martin Feuerstein (1856-1931), natif de Barr qui connaîtra une célébrité internationale dans l’art religieux, et ce, jusqu’à Saint-Pierre de Rome. Après un passage dans l’atelier de M. Löfftz au talent éclectique mais plutôt  excellent technicien, le jeune artiste s’engage dans la lutte «entre les défenseurs d’une peinture «solide», confondant matière et effet, croyant qu’une forte technique doit être brutale, lourde et pâteuse, et les défenseurs du nouvel art, transparent et fluide, qui laisse percevoir le grain de la toile et qui affectionne les fines coulées de térébenthine. Nous constatons que René Kuder se décide hardiment pour la peinture claire, au point qu’il abandonne presque complètement la peinture à l’huile pour l’aquarelle, infiniment plus subtile et transparente.» (*)

    Par ailleurs, il étonne ses professeurs par la préférence qu’il donne aux sujets de plein air, en plantant son chevalet sur les bords de l’Isar, dans la campagne environnante. Lauréat de la «grande médaille d’argent» qui marque la fin de ses études, il s’installe quelque temps à Munich. C’est là qu’il fait la connaissance de Mathilde Vollmair qu’il épouse en 1909. Mathilde Vollmair «qui devint l’épouse idéale pour un artiste, pleine de compréhension, ne perdant jamais son aimable sourire, ni aux heures graves, ni aux moments pénibles, et qui devait…soutenir fermement tous les efforts de son mari.» (*)

    En 1911, avec sa jeune épouse et la petite fille qui leur est née, il revient à Villé qui se manifeste à lui…Il peint les scènes de la vie rurale, les paysages qui l’entourent. Ces créations, dont il évacue tout pittoresque, sont solidement construites, mais elles n’ont pas encore, selon Aloyse Andrès, la sobriété et la luminosité «qui fait le charme de ses dernières œuvres.»

    En 1912, attiré par l’extraordinaire vitalité de la vie artistique qui y règne, il séjourne pour quelques mois à Paris. Il rapporte de ses flâneries sur les boulevards, dans les parcs, le long des quais, des aquarelles déjà très abouties telles que «Vues sur Notre-Dame» et «Pont-Neuf». Il en retire la certitude qu’avec la peinture de plein air, il fait le bon choix.

    De retour à Villé, il postule pour le prix de la revue littéraire et artistique de Berlin «Die Woche» et obtient le 2ème prix pour «Les Laveuses». Dès lors «l’inconnu de Villé» est reconnu par ses pairs. Les «Laveuses», exposées à la Maison d’Art Alsacienne, provoquent la convoitise d’un amateur, touché par leur «réalisme émouvant» (**). Sa première grande commande, les cartons pour des vitraux de l’église de Maisongoutte , proche de Villé, meuble agréablement les années 1912-1914. C’est le calme avant la tempête: la guerre de 14-18…


René KuderLes Laveuses, 1912 – Aquarelle, rehauts de gouache (42 x 55 cm)



14-18, l'intransigeance d'un démocrate exilé.

    

    Il est d’abord affecté à des travaux de fortification à Ostwald puis à Eschau où il ne manque pas de produire une très belle série de dessins à la plume. Puis, parce que politiquement suspect, - sa famille et lui étant réputés francophiles- il est envoyé dans un bataillon disciplinaire, à Thorn, en Prusse Orientale. Il y reste consigné durant toute la guerre avec interdiction de revenir en Alsace…Heureusement, son major, professeur d’université, lui donne la possibilité de s’isoler pour peindre. Il rapportera de son triste séjour de nombreuses études représentant la vie quotidienne du soldat. Par ailleurs, le prince Jean-Georges de Saxe, frère  du roi, qui avait, en 1914, commandé à Kuder un tableau religieux: «La Multiplication des Pains», s’intéresse à son sort. Sur son initiative, la «Gesellschaft für christliche Kunst» organise, à Munich, une exposition comprenant 80 œuvres que le roi de Bavière honora de sa visite. L’événement est salué, à l’unanimité par la presse allemande qui apprécie la «touche alsacienne» apportée aux valeurs artistiques de l’œuvre, tout en soulignant une «légère tendance française»!...Bon sang ne saurait mentir…

    Tout ce qu’il peint pendant cette période est empreint de compassion, de pitié, d’incompréhension. Patient et résigné, il demeure à Thorn en simple soldat, malgré la proposition alléchante qui lui est faite de devenir peintre officiel du Grand Quartier Général. Voici l’argument par lequel il justifie son refus: «J’ai été élevé dans les idées républicaines, je suis démocrate, voire même Républicain et ne crois pas pouvoir concilier en mon âme et conscience ce poste d’honneur avec mes opinions politiques, sociales, philosophiques.»

    En août 1918, muté à Kalmar, destination  qu’il maquille en Colmar sur son ordre de mission, il retrouve l’Alsace, d’abord, pour une courte période clandestine, puis , enfin, au grand jour…


L'entre deux guerres: des années fructueuses.

    

    De 1923 à 1938, il connaît une période faste. Les commandes dans le domaine de l’art religieux qu’il renouvelle et exalte, affluent: vitraux et fresques destinés à Gingsheim, Mutzenhouse dans le Kochersberg, Grafenstaden, Saales, Thierenbach (1924), Ste-Jeanne d’Arc à Mulhouse (1928), Moosch (1928) Ste-Madeleine à Strasbourg (1934), La Vancelle, etc… Œuvres exigeantes, astreignantes comme Cernay avec ses 12 grands panneaux. Au problème que pose la transcription du thème, figure historique, événementielle en conception émotionnelle, s’ajoute celui de la «pénible disproportion entre l’émotion et la possibilité de la traduire», selon l’aveu même de l’artiste. Aussi, pour répondre à un légitime besoin de distraction, il s’amuse, en observateur réaliste, à fixer sur le papier les hommes et les femmes rencontrés sur les marchés aux bestiaux, à une vente aux enchères ou dans la salle d’audience du tribunal cantonal de Villé. Ces gens dont il connaît les qualités et les petits travers, ces gens «qu’il aime, se sentant semblable à eux…» (*)

    Les années de l’entre deux guerres s’avèrent particulièrement fructueuses dans tous les domaines; celui de l’art religieux avec ses vitraux, ses fresques et panneaux de plafond, ses chemins de croix sur bois ou sur émail, ses retables, mais aussi, dans celui de l’art, disons, profane, avec ses paysages, ses scènes de genre qui lui valent les plus hautes distinctions au concours annuel du Salon des Artistes français. Citons, en 1924, la médaille de bronze pour «Les Batteurs de faux», en 1928, la médaille d’argent pour «La récolte des Pommes de Terre, en 1932, la médaille d’or et, enfin, en 1933, la promotion en tant que hors concours pour «Les Terrassiers». Un de ses sujets favoris, les labours, vaut à cet amoureux de la terre, le prix Rosa Bonheur en 1930. Sa renommée franchit allègrement les limites de l’Europe pour devenir mondiale. Nombreux sont les musées et galeries privées qui s’honorent de posséder des oeuvres du maître alsacien.

39-45, la Résistance et les paysages d'Auvergne

    

    Le fléau de la deuxième guerre mondiale s’abat sur lui à Strasbourg où il s’était installé en 1933. Immédiatement, il doit quitter son confortable logement pour se fixer à Clermont-Ferrand où ses deux filles avaient suivi l’Université de Strasbourg qui s’y était exilée. De toute façon, dit Aloyse Andrès: «Ses idées politiques, sa conviction française et surtout son esprit d’indépendance, de liberté absolue, n’auraient jamais permis à l’artiste de rester sur place.» C’est une période difficile et éminemment dangereuse qui s’impose à René Kuder. «Hélas, nous ne vivions pas en pays de cocagne de 1939 à 44, et tout n’était pas que rêve, quiétude, art et beauté.» (*) Cependant, sa personnalité, sa capacité de résilience, vont s’appuyer sur sa passion artistique, son ardeur créatrice, pour fuir et déjouer la fatalité. Il a compris, à l’instar de Boris Cyrulnik, que «le sel de nos larmes nous transforme en statue et la vie s’arrête. Ne te retourne pas si tu veux vivre. En avant! En avant!...»

    Heureusement «La lumière de l’Auvergne, ses magnifiques ciels, furent pour lui une véritable découverte et il ne se priva pas de faire une ample récolte d’aquarelles», nous dit Stéphanie, sa fille.



René Kuder
Sa Fenêtre, 1944, Clermont-Ferrand – Aquarelle (64 x 50 cm)


    

    D’autre part, ne pouvant rester indifférent au triste sort de sa patrie, Kuder et sa famille entrent en résistance. L’aînée de ses filles joue un rôle de premier plan dans la cellule de résistance déguisée en camp de vacances et en champ de fouilles archéologiques près de Gergovie. Suspecté dès 1941 par les services de Vichy, soumis à des perquisitions, Kuder doit, sous un faux nom, se fondre dans la masse anonyme de l’agglomération parisienne. Se glissant sur les quais, sous les ponts, dans les parcs, il réalise deux magnifiques albums d’aquarelles «Ponts de Paris» et «Versailles» édités aux éditions Flammarion dotés d’un texte d’Henri Troyat.

    Sa fille aînée n’eut pas cette chance. Appréhendée par la Gestapo, en 1943, elle est emprisonnée à Clermont puis à Compiègne et déportée dans les camps de sinistre réputation de Ravensbrück et de Bergen-Belsen d’où elle sera délivrée par les Anglais, en mai 1945.

    Ce n’est qu’en octobre 1945 que René Kuder et sa famille quittent l’Auvergne pour Sélestat d’abord, puis Strasbourg, heureux de récupérer leur ancien logement et de retrouver meubles, livres, tableaux…Dans les années qui suivent, l’œil plus bleu que jamais, le béret vissé sur la tête, la pipe en bouche, mû par les deux moteurs de son enthousiasme créateur:: «Gaieté de cœur et bonheur de l’âme», il poursuit sa belle carrière. A l’âge de 71 ans, il réalise en la basilique de Lutterbach, la plus grande de ses fresques. Son aboutissement! «Je crois que c’est ma plus belle œuvre» dit-il au journaliste venu l’interviewer en novembre 1952.

    En 1961, il perd son épouse. «Avec elle, une partie de lui-même s’en était allée». Il devait mourir l’année suivante, le 23 novembre 1962, au retour d’un voyage en Bavière, après quelques semaines passées à Villé. (***)


Il révolutionne l'art religieux de la fresque

    

    Stéphanie, sa fille aînée, nous donne la clé de la vocation artistique de son père tout en nous faisant une confidence inouïe, tenue sous silence par son biographe Aloïse Andrès: «Ses yeux prennent tout. Avec la fraîcheur et l’impétuosité du petit garçon aveugle qu’il avait été, qui vient de recevoir en pleine figure le choc de la lumière» René Kuder serait donc un miraculé qui dès lors vécut essentiellement avec les yeux. «Sa vision du monde était esthétique. Il ne disait pas d’une chose qu’elle était vraie ou bonne mais belle!»(***) Si son œil est d’emblée attiré par la beauté de la nature, ce qui fera de lui un paysagiste, son âme est aussi, l’âge venu, sensible au mystère de la foi «dont il ne peut nous donner une explication mais auquel il veut nous faire participer, nous unir.» (*). A l’aspect des choses, celui du paysage, il allie le drame intérieur du Christ et du genre humain.

            A la suite de son maître, Feuerstein, qui, selon Robert Heitz, reste fidèle à un idéalisme conventionnel dans la représentation des visages et des gestes, René Kuder révolutionne l’art religieux de la fresque grâce à son observation réaliste des types humains. «Les saints qui sont sur les murs de la basilique de Lutterbach ont tous les pommettes saillantes des montagnards de cette région. Ce sont des paysans de là-bas qui ont troqué leur vêtement élimé de tous les jours contre l’ample drapé gris perle, rouge vif ou brodé d’or des saints.» (L’Alsace). Il a le souci de la fidélité aux Ecritures. Il privilégie le message et sa mission spirituelle à la vérité historique que traduit le décor de l’époque. Il élimine tout accessoire pour ne retenir que l’essentiel. «Ses figures sont hors du temps et du lieu, conçues dans une atmosphère plus émotionnelle qu’intellectuelle.» (*)

    Qu’il s’agisse de l’art du vitrail ou de celui de la fresque, on admire l’équilibre des volumes et des couleurs, la symétrie de la composition, l’harmonie dans le jeu des nuances, «la concordance aérée, quasi joyeuse, des formes et des couleurs.» (L’Alsace)


Il est le peintre du mouvement


    L’art de Kuder repose aussi sur une étude approfondie et passionnée de la nature. Ses paysages et ses scènes de genre témoignent de l’amour qu’il porte à sa montagne, sa vallée, le Val de Villé, sa terre natale et, plus tard, de son émotion devant les paysages grandioses d’Auvergne et de son penchant nostalgique pour Paris. C’est là aussi que réside l’originalité de son style. Originalité double: celle de sa conception du mouvement et celle de sa palette.


René Kuder
Etude de mouvement, 1937 – Fusain, rehauts de gouache (48 x 63 cm)


    

    Il est le peintre du mouvement. Non pas du mouvement arrêté mais du mouvement dans son élan dont l’énergie cinétique est frappante. Qu’il s’agisse des scènes champêtres, «Les Faucheurs », ou des notations rapides des croquis d’audience,  ou de plein air, le trait de pinceau est ferme, nerveux, décisif comme un coup de burin, la mine de crayon s’écrase en hachures significatives du détail psychologique, il s’en dégage une force d’expression considérable.

    L’incomparable luminosité de sa palette prouve son sens aigu des nuances et des demi-tons «Il possède un métier prestigieux de virtuosité, qui lui permet d’obtenir les tons les plus variés avec une palette relativement restreinte: une dizaine de couleurs, tout au plus, mais des couleurs solides: ocre jaune, brun rouge, outremer, carmin, et surtout, le vert émeraude, auquel il donne un éclat métallique très particulier. «Ma plus belle couleur, déclare-t-il en riant, c’est l’eau, à moins que ce soit celle du papier».  (**)


René Kuder

Le Pont-Neuf, 1912, Paris - Aquarelle (37 x 52 cm)


    

    C’est l’eau effectivement, car la technique quasi exclusive adoptée par René Kuder est l’aquarelle. Sous son pinceau, cette transposition charmante, mais inexacte, devient, grâce à sa maîtrise, un procédé subtil et indéniable qui traduit sa vision des choses avec une justesse saisissante. L’aquarelle mène l’artiste à une économie de moyens exceptionnelle. Les paysages en deviennent légers, transparents. René Kuder est le maître de l’aquarelle alsacienne de la première moitié du vingtième siècle!...

 

    René Kuder ne fut pas seulement un grand artiste mais aussi un homme digne et droit pour qui «art et conscience demeurent inséparables» (*) Sa joie de vivre faisait l’admiration de tous ceux qui l’ont connu. «Quand il était confronté à la grande surface nue que lui offrait une église d’Alsace, il chantait. Le Magnificat et le Credo devenaient alors dans sa bouche un chant d’action de grâce, non seulement pour le don qu’il avait reçu de savoir contempler, mais aussi pour celui de pouvoir donner, c'est-à-dire peindre.

            Il avait atteint le carrefour où se rencontrent l’enfant, le sage et l’adorateur.» (***)

            Ce carrefour, il l’avait atteint tout seul, par un chemin qui lui est propre car si on ne lui avait rien appris, il serait parvenu au même résultat: l’excellence.

            «On me demande souvent si je suis un moderne ou un classique et chaque fois, je réponds: je suis René Kuder».

 

 

 

Bibliographie:

 

- Stéphanie Kuder et Marie-France Freund Kuder – René Kuder – Studio M – Strasbourg (***)

- Aloyse Andrès – René Kuder – Editions Alsatia, Colmar- Paris – 1946 (*)

- Marc Lenossos –René Kuder, peintre du val de Villé – la Vie en Alsace, Strasbourg (**)

- Marc Lenossos – René Kuder, les croquis d’audience et de plein air – La Vie en Alsace

- Me François Lotz – Artistes alsaciens de jadis et naguère, 1880-1982 – Editions Printek, Kaysersberg

- L’Alsace, 11/12 novembre 1952 – «Je crois que c’est ma plus belle œuvre».

- Robert Heitz – Etapes de l’Art Alsacien – Saisons d’Alsace N°47

- Boris Cyrulnik – Sauve-toi, la vie t’appelle – Editions Odile Jacob - 1912

 

Crédit photographique:

- Studio M. Strasbourg

   

Portfolio


René KuderQuai des Solitude, 1924 – Aquarelle (48 x 58 cm)



René Kuder

Cerisiers en Automne, Villé, 1930 – Aquarelle (53 x 43 cm)





René Kuder

Labours, 1934 – Aquarelle (60 x 75 cm)





René Kuder

La Baie de Douarnenez, 1938 – Carnet de croquis – Crayon (32 x 23 cm)





René Kuder

La Sainte Cène, 1938, Strasbourg (détail)

Grand séminaire – Fresque (210 x 680 cm)



René Kuder

Croquis d’audience, 1929 - Crayon





René Kuder

Le Saint Sandoux, 1940, Auvergne – Aquarelle (53 x 65 cm)





René Kuder

Place Dauphine, 1947, Paris – Aquarelle (50 x 64 cm)





René Kuder

Descente de Croix, 1947, Eglise de Villé (530 x 160 cm)





René Kuder

Le Vieux Cimetière de Villé, 1962 – Aquarelle (60 x 48 cm)






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