Culturel




" Une vie, une Oeuvre, pour le plaisir

   des passionnés d'Art Alsacien "                      

                               

  Monographies de Peintres Alsaciens par François Walgenwitz
francois.walgenwitz@sfr.fr
                      

 

Paul Weiss 

   
 L'artiste-peintre Paul Weiss
par le poète-écrivain Claude Vigée 


Paul Weiss 43c.jpgAutoportrait
Huile sur panneau
- Collection particulière -


Paul Weiss 44c.jpg
Eglise Protestante, vieux quartier à Bischwiller
Huile sur panneau
- Collection particulière -

«Je mourrais, si je devais être arraché quelques mois à ma campagne chérie des environs de Bischwiller» (Paul Weiss)



Paul Weiss 45c.jpg
Bischwiller vue du Ried
Huile sur panneau
- Collection particulière -

«C’est devant les œuvres de Manet, Monet, Sisley et Renoir que nous avons compris que l’étude de la lumière et des effets atmosphériques
devait être le principal souci de tout paysagiste digne de ce nom.» (Philippe Steinmetz)



   

    Entre Paul Weiss, né en 1896 et Claude Vigée, de 25 ans son cadet, s’est construite une amitié du plus bel aloi, une amitié solide que les aléas de l’existence n’ont pas entamée. Car, si Paul Weiss n’a pas bougé de Bischwiller, des pérégrinations forcées ou voulues ont balloté Claude Vigée à travers le vaste monde. Une amitié rare puisqu’une génération les sépare.

    Aux yeux de Claude Vigée, enfant, Paul Weiss, qui officiait derrière le zinc de sa brasserie, jouissait d’un prestige évident, d’un charisme exceptionnel. De plus, affable et généreux, il était aimé de tous. Paul Weiss, de son côté, appréciait, sans aucun doute la discrétion du jeune Claude, son sens du respect, sa précoce maturité d’esprit et l’impression de gentillesse qui émanait de son aspect fragile. Ne l’appelait-il pas familièrement «Min liewer Büe», quand plus tard, dans les années 50, il conversait avec lui?

 

Paul Weiss 46c.jpgCollection particulière

Claude sur le chemin de l’école primaire,

Rue Neuve à Bischwiller, vers 1927

 

 

          C’est à cette époque, entre 1950 et 1961, qu’allait se forger l’entente entre les deux hommes, faite d’estime mutuelle et d’un amour partagé, très fort, pour leur berceau familial: Bischwiller…

          L’empathie pour l’homme, l’adhésion à son humanisme, l’agrément de sa «magie sympathique», la profonde compréhension de l’œuvre et le «lien unique mais capital entre la peinture et la poésie» ont inspiré à Claude Vigée un vibrant hommage à son ami Paul Weiss, inséré dans deux ouvrages: «Du Bec à l’Oreille», album de textes, illustré par Camille Claus, publié en 1977 à La Nuée Bleue et «Le Panier de Houblon», publié en 1994, chez JC. Lattès.

  
 

Paul Weiss 47c.jpgLa maison natale

Au coin de la rue du Diaconat et de la rue du général Rampont (actuelles)

Leur nom populaire: Strausseberri (Diaconat), Lang Gàss (Rampont)



 

    «Le Panier de Houblon», paru en deux volumes («La verte enfance du monde» et «L’Arrachement») est l’ouvrage clé pour qui veut approcher et comprendre Claude Vigée (Strauss) en tant qu’écrivain-poète, juif-alsacien. Une sorte «d’autobiographie impersonnelle, assez savoureuse» selon les mots de l’auteur, «on y parle de ma vie, de celle de mes parents qui ont vécu en Alsace, des voisins que j’ai vu s’agiter autour de moi dans mon enfance, de Bischwiller, petite ville ouvrière, On y parle aussi du monde judéo-chrétien dans la symbiose que j’ai connue parfois… Par exemple, j’ai raconté l’histoire du mariage juif d’un petit cousin à nous, en 1936, à Wolfishem. …Le mariage a duré 48 heures. J’ai décrit tout cela, avec tous les détails et la procession aussi. Et tout cela finit naturellement à Auschwitz…»

    Claude Vigée appartient à cette génération qui avait vingt ans en 1940, qui a été privée de sa jeunesse «arrachée à soi avant d’être soi». Evacué en 1939, expulsé d’Alsace avec tous les siens, à la suite de l’occupation nazie. Etudiant en médecine, il participe à la résistance juive à Toulouse. Repéré par la milice et la gestapo, menacé par Xavier Vallat lui-même, commissaire aux affaires juives du gouvernement de Pétain, il s’enfuit aux Etats-Unis, en 1943.

 

Paul Weiss 48c.jpgCollection particulière

Portrait de Claude Vigée

Huile sur panneau

 

 

    Petit immigrant, réfugié dans le Widdle West – l’Amérique du 19ème siècle - il vit dans des conditions misérables, multipliant les petits boulots pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa maman qu’il a à charge. Et ce, jusqu’à ce qu’il obtienne son doctorat en langues et littérature romanes, en 1947. Cette expérience qui l’a amené à se mesurer à soi-même, lui a permis d’apprécier son extraordinaire capacité de résilience…Il enseigne la littérature française à l’Université de Brandeis, près de Boston; marié avec sa cousine Evelyne, c’est là que grandissent ses enfants, Claudine et Daniel. En 1960, s’offre à lui l’opportunité d’une chaire de littérature française moderne, à l’Université hébraïque de Jérusalem. Il s’installe avec les siens dans la ville sainte et va vivre l’évolution tragique d’Israël. En 2001, la maladie d’Evy impose l’installation à Paris. Evy meurt le 18 janvier 2007. Claude Vigée décède en son domicile parisien le 2 octobre 2020. Il repose au cimetière israélite de Bischwiller.

 

 

Paul Weiss 49c.jpgPhoto: Varda Schimmel

Noces d’or à Jérusalem, novembre 1997

 

 

    C’est lors de ses retours réguliers au pays natal, poussé par une profonde et irrépressible nostalgie qu’il rencontre son ami Paul Weiss. Il le regarde travailler. Il l’écoute parler de son art «avec quelle précision et quelle lucidité, en son magnifique dialecte bas-rhinois, dans lequel on peut exprimer jusqu’aux pensées les plus subtiles et les plus complexes, à condition de les avoir tirées de sa vie toutes chaudes…»

    Ce même dialecte auquel Claude Vigée a toujours voué une indéfectible déférence et qui s’est révélé à lui, à soixante et un ans, comme la langue poétique primordiale dont les mots sont à prendre dans le dictionnaire de la sensibilité profonde, celle qui vient des racines. Sa «réalité première en face des choses est restée l’Alsace».

    Le profond enracinement de Claude Vigée dans son Alsace natale s’explique certes par son intime attachement au dialecte, mais également par l’amitié sincère et durable qui le liait à Camille Claus, Jean Christian, Antoine Fischer, Louis Wagner et tout particulièrement Camille Hirtz avec qui il entretenait une correspondance suivie, dont voici un court et émouvant extrait:

 

Paul Weiss 50c.jpgLettre datée de 1989

 

 

Paul Weiss 51c.jpgIllustration de l’ouvrage «Du Bec à l’Oreille» par

Camille Claus

 

 

A présent, laissons la parole à Claude Vigée

 

Paul Weiss à Bischwiller

 

 

 

    Parfois entre midi et une heure, au retour du collège, mon père (fin gourmet s’il en fut) m’envoyait chercher un petit verre de madère chez son ami Paul Weiss; celui-ci tenait la brasserie de la Couronne, qui sentait bon le houblon frais et le tabac. Le vin capiteux des îles servait à relever le goût du bœuf à la mode qui mijotait dans la marmite en fonte, sur le fourneau ancien au fond de la cuisine. Tenant le verre de cristal taillé bien rempli devant mes yeux, afin de ne rien verser en chemin, je m’arrangeais pour lécher quelques gouttes de la précieuse liqueur douce et ambrée, tout en évitant les pavés inégaux de la rue des Pharmaciens –alias rue des Cochons-, que j’empruntais pour rentrer au logis en faisant un vaste détour. On disait de Paul Weiss: «C’est un original, il paraît qu’il peint à ses moments perdus.» Les mauvaises langues prétendaient même qu’il n’avait que cela en tête…

 

 

Paul Weiss 52c.jpgLa brasserie de la Couronne

   

    L’ouverture de cœur de cet homme était proverbiale qui s’est tenu à longueur d’années derrière le comptoir de cuivre bien astiqué de son auberge, écumant gravement avec une petite palette de bois clair les chopes de bière qu’il servait aux habitués de la Couronne, lavant et remplissant les bocks, abreuvant de sa main ferme la soif inextinguible des ivrognes de Bischwiller, ne perdant jamais le nord dans l’exercice de son curieux sacerdoce. Paul Weiss, n’était-il pas un véritable échanson des Muses? C’est ainsi qu’il étanche encore aujourd’hui les regards altérés de l’amateur de peinture – du quêteur de bonheur dans les formes et les couleurs de l’art - nos regards posés sur les paysages lumineux du Ried, que son pinceau subtil épousa jadis dans la trame vierge de ses toiles!

 

 

Paul Weiss 53c.jpgCollection particulière

Le Ried près de Hanhoffen

Huile sur panneau

Paysage lumineux, aux subtiles teintes printanières. Une quête de bonheur.


 

    Cet homme si doué, si spontanément productif, dont le talent précoce ne pouvait faire de doute pour personne, a dû vivre pourtant plus d’un demi-siècle dans sa province natale en se cantonnant, avec combien de dignité, dans des tâches subalternes, en effectuant des besognes monotones et humbles. Les circonstances de sa naissance auraient voulu le réduire à n’être qu’un petit «peintre du dimanche». C’était compter sans son énergie, sa fécondité innée, son obstination acharnée d’homme créateur, rompu au travail incessant, prêt à surmonter les mesquineries ambiantes; il parvint à vaincre non seulement les obstacles extérieurs, mais les découragements répétés, la tentation intérieure du désespoir. Renoncer eût souvent été plus facile: mais ce mot - là n’existait pas, semble-t-il, dans son dictionnaire spirituel.

    Paul Weiss m’a raconté qu’à vingt-et-un ans, juste après la Première Guerre mondiale, il vint trouver le directeur de l’usine de textile locale où il était alors embauché comme ouvrier serrurier. C’était afin de demander à son patron une recommandation auprès des autorités pour l’obtention d’une bourse d’études à l’Ecole des beaux-arts de Paris. Cette bourse tant convoitée constituait aux yeux du jeune campagnard, le Sésame ouvre-toi qui lui livrerait les secrets de l’art moderne, et l’arracherait enfin à l’obscure solitude de sa province.

    Surpris de cette requête, qui lui parut tout à fait déplacée et saugrenue, le patron lui lança en dialecte: «Et ton père, que fait-il? – Il est ouvrier serrurier, comme moi. – Eh bien, ce qui est assez bon pour ton père suffit aussi pour toi. Ici, nous n’avons que faire d’un artiste-peintre, mais nous avons besoin d’artisans sérieux et travailleurs, qui sachent entretenir nos machines à vapeur et réparer les verrous de nos fabriques.» Ce fut la fin de cet entretien mémorable. Son souvenir resta vif comme au premier jour dans la conscience de Paul Weiss, qui me le rapporta tel quel dans les années cinquante. Notre artiste en herbe aurait été renvoyé in aeternam dans l’atelier de serrurerie paternel, si le célèbre portraitiste et dramaturge alsacien Gustave Stoskopf, président de la Commission départementale des bourses favorablement impressionné par les premiers essais du jeune homme, n’était intervenu auprès du ministère à Paris, et ne lui avait décroché en personne la bourse rêvée. L’expérience parisienne de Weiss fut ambivalente. Comme il l’a dit lui-même, l’éblouissement et la déception se mêlèrent dans l’âme du «petit paysan de Bischwiller mal dégrossi par Strasbourg», qui parlait à peine le français. Ces deux ans d’études intensives à l’académie Jullian, à l’Ecole des Beaux-Arts, aux musées de la capitale, jouèrent un rôle décisif dans l’orientation postimpressionniste de l’artiste en formation.

 

 

Paul Weiss 54c.jpgCollection particulière

Ancienne gravière en hiver

Huile sur papier

«Il faut attendre l’hiver pour que tel paysage ait tout son mystère» (P. Weiss)

 

 

    Puis il rentra définitivement en Alsace, soumis désormais aux conditions d’existence difficiles que j’ai évoquées tantôt. Pourtant, de cette longue contrainte est née, au fil des décennies, une œuvre picturale hors du commun, dont nous sommes les héritiers admiratifs. Elle est le fruit d’une création solitaire, d’un travail obscur, sans compromis, poursuivi dans des conditions matérielles peu exaltantes – c’est le moins qu’on puisse dire! Au cours des dernières années de sa vie, seulement, vint avec lenteur à Paul Weiss, d’au-delà des limites de Bischwiller où il était depuis longtemps aimé et respecté de tous, une reconnaissance publique chichement mesurée. Rançon de l’intégrité et de l’humilité qui vont de pair avec un talent authentique, moralement pur?...Loin du battage, de la publicité à la mode, il se taisait, laissait ses paysages parler pour lui. Quel silence, quelle surdité d’âme à vaincre autour de soi, à force de courage et de patience!

 

 

Paul Weiss 55c.jpgCollection particulière

L’Eglise de Hanhoffen

Huile sur panneau

 «Paul Weiss est demeuré fidèle à l’impressionnisme qu’il sert avec une passion toujours rajeunie» (C. Odilé)

 

 

    J’ai souvent revu Paul Weiss à Bischwiller entre 1950 et 1961, lors de mes retours d’Amérique. Tantôt c’était chez lui, tantôt dans la maison de mon père, où il venait prendre le café avec nous en compagnie de Philippe Steinmetz. Amis de toujours, et longtemps inséparables, tous deux étaient des supporters inconditionnels du football club de Bischwiller (….)

    Paul Weiss me recevait fréquemment dans son atelier, situé à côté d’un garage, dans la cour de la vaste maison qu’il occupait alors avec sa famille derrière le Lüberg, dans la rue qui porte aujourd’hui son nom…

 

 

Paul Weiss 56c.jpgCollection particulière

Rue des Prés, le Lüberg

Huile sur panneau

 

 

Paul Weiss 57c.jpgCollection particulière

Paul Weiss et son épouse en août 1952

 

 

Paul Weiss 58c.jpgCollection particulière

Hanhoffen, rue principale

Huile sur panneau

Le village dont Madame WEISS est originaire

 

 

    En 1952, Paul Weiss, qui avait enfin pris sa retraite de la brasserie, était encore un homme dans la force de l’âge. D’une taille imposante, taillé tout d’une pièce, assez corpulent, il donnait une impression de robustesse et de vivacité. Il s’exprimait avec aisance et clarté, presque toujours en dialecte alsacien, un sourire éclairait souvent son visage massif, fortement charpenté d’homme de la campagne rhénane. Il se donnait tout entier à son travail de peintre, à ses interlocuteurs de l’instant, aux choses et aux êtres qui l’environnaient.

    Quand il oeuvrait, debout devant son chevalet, ses larges et vieux pantalons de travail flottaient autour de ses jambes et glissaient légèrement sur son ventre proéminent. Parfois je le trouvais en bretelles et bras de chemise, les deux poings sur les hanches, concentré et distrait, méditant devant l’ébauche du tableau qu’il venait de tracer sur la grande feuille blanche.

 

Paul Weiss 59c.jpgPhoto: Musée de la Laub, Bischwiller

Paul Weiss en pleine activité

 

 

    Souvent il m’accompagnait à l’entrée de son sanctuaire, affublé d’une longue blouse blanche comme celle d’un peintre en bâtiment, sa casquette à visière plantée sur l’occiput presque chauve, découvrant un front vaste, un peu fuyant. Il avait la tête carrée, osseuse – une vraie caboche d’Alsacien, obstiné, intraitable -, le nez à peine busqué, fort et charnu, aux narines bien dilatées, une grande bouche d’artiste aux lèvres allongées, finement dessinées, aux commissures un peu tombantes, comme pour réprimer, par un sursaut de pudeur, l’amertume, la tristesse vite surmontées devant les déceptions ou les cruautés de l’existence humaine. Ses poignets rudes, ses mains puissantes trahissaient son origine terrienne. Une mélancolie secrète couvait dans ce corps si solide d’apparence, dans cette âme éprise d’autrefois, demeurée gravement enfantine, quoique très fortement incarnée ici-bas. Est-ce un hasard si, dans ses nombreux paysages du Ried en automne, ces rêveries bucoliques de l’arrière-saison, l’étang qui sommeille est traversé brusquement par la barque noire et effilée, éternellement dépeuplée, de la mort?

 

Paul Weiss 60c.jpgCollection particulière

Bord de rivière en automne

Huile sur panneau

«Le Ried, la terre des bords du Rhin recouverte de verdure et de ciel vaporeux, il ne les a pas peints mais rêvés, esquissés, animés en quelque sorte» (Camille Schneider)

 

 

Paul Weiss 61c.jpgCollection particulière

La barque noire dans le vieux Rhin, près de Drusenheim

Huile sur panneau

 

 

Es wààrd schun làng

E schwàrzes Scheffel ém Ried

Es schlooft ém Schelf

An de roschtiche Kett.

Fer wenne denn? Fer wenne denn?

Fàhrt’s endli helluff sunnewärts,

Oder rutscht’s bàll runder

Bis én de blinde Sumf ?

Wer weiss es denn? Wer weiss es denn?

 

Depuis longtemps, longtemps

La barque noire attend

Amarrée immobile

Au cœur du Ried brumeux

Entre les joncs elle somnole

Au bout de sa chaîne rouillée

Mais qui donc attend-elle, sur la rive déserte ?

Va-t-elle fuser vers le soleil?

Ou sombrer dans la boue

Jusqu’au fond du marais?

Qui le saura jamais?

Qui le saura jamais?

 

 Poème de Claude Vigée, «Un panier de houblon.»

 

 

Paul Weiss 62c.jpgDans le pays de Hanau

Photo: Musée de la Laub, Bischwiller
Huile sur panneau

Dans ses compositions, Paul Weiss a le sens des valeurs, le sens de la profondeur et de l’air

 

 

    Malgré tout, le fond de son caractère acquiesçait à l’existence terrestre. Doué d’un tempérament agréable, et gai, qui vainquait toute nostalgie, il aimait cette vie bornée, emprisonnée dans sa finitude étouffante; il acceptait tel quel un monde impitoyable, un destin opaque et d’avance connu, sans leur poser de conditions. Cette mesure, cette discrétion clairvoyante à l’égard du réel révélait la profonde sagesse native de cet homme si simple en apparence. Ses grandes oreilles aux lobes un peu décollés savaient écouter les voix énigmatiques et contradictoires du monde, comme elles discernaient, tout près de lui, celles de ses voisins villageois.

    Surtout, elles accueillaient avidement les bruits familiers de la forêt de Gries, les murmures des rivières, des rangées de peuplier et de trembles toutes proches.

 

Paul Weiss 63c.jpgCollection particulière

Vers Hanhoffen

Huile sur panneau

Gamme subtile aux multiples dégradés, perspective savamment rendue 

 

 

    Vers soixante ans, l’éclat de ses yeux rieurs et clairs demeurait étonnant de jeunesse intérieure, car ils s’emplissaient avec allégresse de la lumière et des couleurs de l’espace natal. Après sa chère bicyclette, dont l’emploi prolongé lui était devenu trop pénible au cours de ses dernières années, sa grande passion en ce bas monde fut son vélomoteur –s’Mobylettel-, comme il disait. Cet engin lui permettait les longues randonnées solitaires dans la campagne du Ried, dont il était coutumier depuis l’enfance, et lors desquelles il a peint la plupart de ses toiles faites extra-muros.

    Né avec une modestie et une fierté d’âme naturelles, qui n’eurent d’égale que sa grande bonté, il avait toujours su modérer sa sensibilité première, tempérer sa joie de vivre instinctive par l’exercice d’une réserve et d’une frugalité également innées. Il savait se contenter de peu, car la vie elle-même était l’objet de sa jouissance, de sa véritable passion. Dans certains traits presque puritains de son existence se réfléchissaient ses racines protestantes auxquelles il sut rester fidèle sans raideur ni ostentation. Ignorant volontairement la malice ou la médisance, il ne s’aveuglait pourtant guère sur les travers, les manques, les tares d’autrui: tout cela, pour lui, faisait partie de la réalité foisonnante de ce monde. Passant de la politesse à la familiarité avec une facilité merveilleuse, parce qu’il se retrouvait tout entier dans chacune de ses actions ou de ses paroles, il m’appelait tantôt «Monsieur Claude», ou, avec moins de cérémonie, «Min liewer Büe».

    Vivant dans la spontanéité totale, mais comme naturellement réfléchie, il travaillait à ses tableaux avec une étonnante rapidité, ébauchant, dessinant et peignant presque sans retouches. D’ailleurs, sa technique habituelle de la peinture à l’huile sur papier le lui aurait interdit. Il a esquissé et achevé mon portrait en été 1952 (j’avais trente et un ans), en deux séances à peine, et brossé le magnifique paysage estival du Saule dans le vieux Rhin en un seul après-midi de juillet, sur le chemin de digue près de Dalhunden, campé devant le chevalet portatif au milieu d’un nuage de moustiques voraces, la fidèle Mobylette couchée à ses côtés dans les hautes herbes jaunes du talus.

 

Paul Weiss 64c.jpgCollection particulière

Paysage estival  aux abords de Bischwiller

Huile sur panneau

 

 

Paul Weiss 65c.jpgCollection particulière

Vieux saule dans le Ried

Huile sur panneau

Contrée mi sauvage, mi intime, où ciel et horizon se confondent, où des troncs tordus se mirent dans des eaux dormantes, où tout n’est que mélancolie et renoncement.

 

 

    Sa femme lui a toujours témoigné un dévouement absolu, aussi bien qu’une compréhension profonde de son travail créateur, de ses besoins affectifs et de son tempérament d’artiste. Je me souviens que parfois elle lui apportait à l’atelier, après un long après-midi consacré à sa besogne picturale, quelque pâtisserie exquise dont Paul Weiss raffolait: éclair au café ou au chocolat, ce Schtickel venait en général de chez Zimmermann, dont la réputation n’était plus à faire. Ce pâtissier illustre dans tout le canton n’avait-il pas, en ses jeunes années, exercé son art à la cour impériale de Berlin, et flatté les papilles gustatives de l’empereur Guillaume II en personne? A l’exemple du défunt Kaiser, Paul Weiss confessait volontiers «une dent pour les douceurs»- comme on dit en dialecte alsacien.

    Son ouvrage de peinture accompli pour la journée, il savourait alors un gâteau fourré à la crème avec un petit verre de quetsche ou de framboise, ses yeux malins tout pétillants de gourmandise satisfaite, en dépit du régime strict qu’il enfreignait ainsi.

    Parmi mes compositeurs favoris, s’il en est un auquel l’atmosphère lumineuse et aérienne des meilleures toiles de Paul Weiss me fait penser, ce ne peut être que Mozart: le plus humain, le plus transparent, mais aussi le plus mystérieux de tous les musiciens; celui qui rit en pleurs. Comme la conscience sensible de Mozart palpitait dans le temps sonore de l’univers, la peinture de Paul Weiss s’est située d’emblée au centre vivant de l’espace du monde. Il modelait l’espace alsacien en y respirant la merveilleuse lumière colorée qui exalte les choses entre le ciel et la terre. Il l’admirait, rien qu’en y mêlant son souffle et son regard d’homme humble et aimant. Un regard d’enfant éternel, transfiguré par une grâce et une perfection qui lui étaient venues d’ailleurs, et que son souffle mortel rejoignit brusquement au dernier jour, il y a trente ans déjà…

 
 

Paul Weiss 66c.jpgCollection particulière

Entrée d’un village alsacien

Huile sur panneau

 

 

Paul Weiss 67c.jpgCollection particulière

Nature morte aux pommes

Huile sur panneau

«Paul Weiss, un coloriste amoureux…» (Camille Schneider)

 

 

 

 

 

L’Art et l’univers de Paul Weiss

Par Claude Vigée

(«Du Bec à l’Oreille», 1977 – Ed. La Nuée Bleue)

 

 

    L’art de Paul Weiss se place sous le signe d’un humanisme concret, non divorcé de la réalité. Cependant, le primat y est donné à la vie intérieure, au don de vision et de métamorphose, aux dépends de la représentation purement plastique ou colorée des éléments du monde sensible. Ici, l’univers objectif, le lieu natal par excellence s’ouvrent entièrement - comme sous l’effet d’une caresse à la fois brusque et fascinante – au regard du peintre doué de magique sympathie. L’objet est absorbé, transformé par l’esprit en une substance plus proche de lui-même. Son coefficient de réalité s’accroît par conséquent aux yeux de notre conscience, à laquelle, tel un vivant miroir, s’offre l’œuvre peinte. En même temps qu’ils apaisent notre faim de joie visuelle, de perfection significative et authentique, chez Paul Weiss, les objets concrets s’intériorisent. Ils s’intègrent à un univers plus purement humain, ordonné selon des exigences particulières à la seule fonction mentale. Le fait sourd-muet se transforme en image.

    C’est ici que l’on saisit le lien, unique mais capital, entre la peinture et la poésie: ces deux arts refondent les données brutes de l’expérience, par elles-mêmes absurdes, et les recréent en fonction des normes propres à la nature de l’esprit, sur lesquelles reposent en dernier lieu l’exercice de la perception extérieure des choses et tout l’immense édifice de la sensibilité investie dans notre expérience du monde. Le peintre et le poète remettent en cause l’adéquation des données routinières, imposées par l’existence pratique, à la structure fondamentale, à la vérité et aux besoins essentiels de la pensée. Au lieu de poursuivre clopin-clopant une route où seuls l’habitude, la mauvaise foi ou l’aveuglement intellectuel peuvent maintenir ceux qui se sentent satisfaits de leurs rapports avec leur être profond et leur entourage manifeste, l’artiste rebrousse chemin. Il revient sur ses traces jusqu’à l’origine de sa connaissance du monde, afin de s’assurer de sa validité, c’est à dire de son accord avec les lois qui régissent son esprit, de la coïncidence de ce qu’il sait avec ce qu’il est….

    J’ai vu travailler Paul Weiss... J’ai noté avec quelle intensité son regard clair, comme dilaté par l’effort de la capture dans laquelle il s’échange avec ce qu’il fait sien, s’attache à la proie visuelle qu’il enserre et taraude à la fois… Nous avons arpenté, un dimanche de l’été 1952, ce chemin de Lüberg qui surplombe le village de Hanhoffen, dominant la plaine du Ried semé de bouquets de trembles et de peupliers jusqu’aux marécages du Rhin, partout présent ici sous la terre humide et sableuse, fermée à l’est comme à l’ouest par la crête bleue des montagnes….

 

Paul Weiss 68c.jpgCollection particulière

Promenade d’été le long de la gravière

Huile sur papier?

 «Gardien du Ried, si je lui appartiens, le Ried lui-même m’appartient» (Paul Weiss)

 

 

    …Le peintre, donnant libre cours à l’impulsion des profondeurs, veillera à ce que cette énergie soit dirigée dans le sens d’une expérience véritable de la vie terrestre. Elle ne devra point s’égarer au-delà du monde humain, en le prenant par la bande, ni passer, à travers lui, dans un univers ultra-sensuel ou incommunicable. Elle ne se réfugiera pas dans un Eden abstrait, dans un jardin suspendu – loin des vergers et des murs où se situe l’activité temporelle – à l’extrême pointe du percevable. Ce ne sont là souvent que pays de cocagne, villégiatures à la petite semaine où l’on accède à peu de frais, comme à ces paradis artificiels que procure une louche pharmacopée…Pour Weiss, l’enracinement dans le monde sensible ne constitue donc guère une trahison de la spiritualité, mais le chemin d’amour qui mène le plus sûrement vers elle.

 

 

Paul Weiss 69c.jpgCollection particulière

Le Rotbachel à Bischwiller

Huile sur panneau

«L’enracinement dans le monde sensible, l’attachement pour le pays réel, celui de son enfance»

 

 

Paul Weiss 70c.jpgCollection particulière

L’Abreuvoir

Gravure sur bois

In «Alsace! Mon beau pays» – René d’Alsace – Ed: Bahy

 

 

    Sa passion pour le jeu intérieur de la lumière, qui l’a fait passer par une longue période impressionniste dont il se dégage désormais, après en avoir tiré une science aiguë de la couleur, son intérêt psychologique qui lui fait peindre quelques portraits d’une présence si rare à notre époque sa curiosité technique qui est à l’origine de son œuvre de graveur, son attachement pour le pays réel enfin, celui de son enfance et de toute sa vie d’homme, avec lequel une véritable identification s’opère en lui à l’exclusion de tout autre «monde» - («Je mourrais», m’a-t-il dit, «si je devais être arraché pour plus de quelques mois à ma campagne chérie des environs de Bischwiller») – tout ceci exprime sa foi en la nature immanente de la création artistique et répercute dans tous les domaines son crédo de peintre: la notion d’incarnation inspire chacune de ses attitudes, domine son activité dans les régions les plus variées de son expérience. Pour lui le réel intérieur se révèle à travers la nature apprise par cœur (Goethe) Ceci explique l’importance de l’élément local dans sa peinture, cette fidélité vibrante au lieu qui le fait ressembler à un tardif disciple d’Apollonius de Thyane. Chez ce peintre, le cordon ombilical n’a jamais été tranché: il est resté en contact, comme fils d’ouvrier, avec la classe dont il est issu, comme terrien avec le paysan qui l’a nourri et porté…..

 

Paul Weiss 71c.jpgPhoto: Musées de Strasbourg

André Maurois

Tableau exécuté en 35 mn de pose

 

«Des portraits de visages qui reflètent l’âme. Des attitudes qui trahissent le caractère»

Une écriture nerveuse, spontanée, prodigieusement efficace

 

 

Paul Weiss 72c.jpgCollection particulière

Portrait de Mme Kahn

Huile sur panneau

Autant de toiles qui franchissent leur cadre, nous parlent et nous sourient




Paul Weiss 73c.jpgCollection particulière

Portrait de Mr Kahn

Huile sur panneau

Conjonction entre réalisme et impressionnisme. Les portraits de Paul Weiss «suggèrent avec force la présence des modèles.» (Camille Hirtz)

 

 

 

Paul Weiss 74c.jpgCollection particulière

Portrait du Juge Doll

Huile sur panneau

«Il ne suffit pas de reproduire les traits physiques d’un visage, encore faut-il introduire l’âme de la personne reproduite» (Paul Weiss)



 

Paul Weiss 75c.jpgCollection particulière

Paysage du Ried

Huile sur panneau

«Il accentue certaines couleurs, les verts et les bleus et, tout en restant impressionniste, il a réalisé une peinture plus substantielle, voire plus puissante.» (Camille Schneider)

 

 

Paul Weiss 76c.jpgCollection particulière

Kaysersberg

Huile sur panneau

 

 

    Les paysages des années 1930 à 1940, aériens et brumeux révélaient une influence trop purement impressionniste. Cet art parvient à sa libre maturité dans certaines peintures vigoureuses des deux décennies suivantes: «Le saule du Vieux-Rhin» (1951), «La Rivière sous les Arbres», «La Barque amarrée dans le Vieux Rhin» (1952) témoignent d’une manière où la délicatesse des nuances, la suggestion vibrante de l’atmosphère estivale s’allient à la forte vision concrète, une mainmise formelle et substantielle sur les réalités perçues. Plutôt que l’emprise de Monet ou de Signac, on y décèlerait – si quelque ancêtre pouvait éclairer une évolution tout à fait spontanée – la leçon salutaire de Corot et de Courbet. Ainsi se manifeste chez Paul Weiss l’expérience d’une unité poétique avec les objets du monde, saisis à travers la clarté solaire, éprouvés profondément par-delà les surfaces lumineuses. Le tableau désormais ne sert plus de prétexte à des sensations visuelles subtiles, ou à des variations d’ordre sentimental sur le thème cyclique des saisons. Il tend à nous offrir un univers habitable, un lieu créé pour la résidence heureuse de l’homme. Par l’intermédiaire de ces puissantes architectures colorées faites d’ombres et de feuillages engagés dans un multiple corps-à-corps, de ces maîtresses branches qui s’arc-boutent à des nuages écumant très haut en plein ciel, s’accomplit soudain le mariage des présences naturelles et humaines. «Le saule du Vieux Rhin» dispense une vérité intérieure qui demeure irréductible, à la seule habileté technique du peintre. De telles œuvres nous aident à exister ici-bas. En face d’elles s’accroît quelquefois notre désir de vivre et de respirer l’air de ce monde…..

 

 

Paul Weiss 77c.jpgPhoto: Musée de la Laub, Bischwiller

Le saule du vieux Rhin

Huile sur panneau

«Partout où les roseaux jaillissent des marais humides, où dorment les barques, où les saules content des histoires au vent, nous rencontrons Paul Weiss.» (Camille Schneider)

 

 

Paul Weiss 78c.jpgCollection particulière

Vieux saule dans la forêt rhénane

Huile sur carton

 

 

«Dort unde

Bi Dahlhunde

Do steht a Widebaam

Do het min Hertz sich gfunde

Wie üss’eme düschdre Draam»

Poème de Claude Vigée




 

Paul Weiss 79c.jpgCollection particulière

La barque abandonnée

Huile sur panneau

«Weiss cherchait avant tout, derrière les apparences, le côté poétique de son sujet et non la représentation objective du motif.» (Philippe Steinmetz)



 

Paul Weiss 80c.jpgCollection particulière

La Forêt

Huile sur panneau

«Par l’intermédiaire de ces puissantes architectures colorées, faites d’ombres et de feuillages engagés dans un multiple corps à corps, de ces maîtresses branches qui s’arc-boutent à des nuages écumant très haut dans le ciel, s’accomplit soudain le mariage des présences naturelles et humaines.»

  

 

Paul Weiss 81c.jpgCollection particulière

Givre sur le Ried

Huile sur papier?

« De plus en plus souple et délicat dans sa manière de capter les aspects les plus fugitifs de la nature, il obtenait des effets atmosphériques d’une extrême finesse» (Philippe Steinmetz)



Paul Weiss 83c.jpgCollection particulière

Pochade du Ried

«Dans certaines recherches toutes récentes, Paul Weiss essaie de s’approcher de l’abstraction en partant de compositions antérieures dont il ne garde que les rythmes, l’architecture et les masses.» (Camille Hirtz, 1953)

 

 

Paul Weiss 84c.jpgPhoto: Musée de la Laub, Bischwiller

Etude

Huile sur papier

La spontanéité du peintre est à son comble. Une écriture nerveuse, des coloris fluides. Une ambiance expressive, très moderne.

 

 

    La peinture de Paul Weiss nous enseigne que c’est à travers l’homme, par le truchement du monde de l’homme que l’artiste doit s’accomplir, afin que, par un juste retour, l’homme se découvre ou se retrouve entier dans l’image que l’art lui présente de son univers. C’est dans cette mise en équation de l’homme et du monde que la vie créatrice de Paul Weiss trouve en même temps ses limites et son impératif. Cet effort d’investissement réciproque met sur son œuvre récente sa marque caractéristique et comme l’empreinte de son destin.

 

Paul Weiss 85c.jpgCollection particulière

Les grands glaïeuls

Huile sur panneau

Les couleurs éclatantes, qu’il prodigue aux glaïeuls «confirment les riches possibilités picturales de maître Paul Weiss» (Camille Schneider)

 


 

Biographie

 

 

Paul Weiss 86c.jpgCollection particulière

Œuvre de jeunesse

Maison, rue de la Pomme d’Or,  dessinée en 1909

 

 

    Paul Weiss est né le 11 mars 1896 à Strasbourg. En 1902 ses parents s’établissent à Bischwiller. Son père était serrurier à la «JUTE»

    A 14 ans, sorti de l’école primaire, il devient apprenti dessinateur et retoucheur de photos à l’imprimerie Manias de Strasbourg. Il s’occupe des reproductions photographiques des tableaux des musées de Strasbourg

    Au lendemain de la  guerre, alors qu’il est ouvrier serrurier dans l’entreprise où travaille son père, il bénéficie d’une bourse d’étude grâce à l’intervention de Gustave Stoskopf, président de la commission nationale des bourses.

    Pendant deux ans, il est inscrit à l’Académie Julian où il est l’élève des professeurs Henri Royer et P. Vechenand. Parallèlement, il suit des cours de dessin à l’Ecole des Beaux-Arts.

    En 1921, le 29 septembre, à Bischwiller où ses parents tiennent la brasserie «A la Couronne», il épouse Marguerite Fischer née à Hanhoffen, dont il eut deux fils, Paul en 1922 et Robert en 1925.

    ll est alors surtout connu comme illustrateur et graveur de «L’Alsace, mon beau pays» de René d'Alsace et de «En passant par l’Alsace» de Claude Odilé.

        Paul Weiss a également édité des cartes postales.

 

 

Paul Weiss 87c.jpgPhoto: S. E. P. F.

Laveuses à Obernai

Dessin à l’encre de Chine

«En passant par l’Alsace»  C. Odilé

 

 

Paul Weiss 88c.jpgPhoto: www.delcampe.net

Carte postale

 

 

 

    Ses premiers essais de gravure datent de 1930. Ses recherches dans ce domaine aboutissent, en 1935,  à trois procédés connus sous le nom de «Weissographie» (*)

    En 1940 et 1941, il est professeur d’art et directeur de la «Zeichnen und Mal Kunstschule» de Mulhouse, sous la direction de Lutz Binaepfel. (Une expérience qui tournera court…)

    En 1957, la Société «Arts – Sciences – Lettres» de Paris, lui décerne la médaille d’or.

    Sa renommée lui vaut de devenir membre de l’A.I.D.A. et de l’Académie d’Alsace qui organise, à Bischwiller,  le 16 décembre 1962, une «journée Paul Weiss».

    Terrassé par une crise cardiaque, Paul Weiss décède à Bischwiller, le 5 décembre 1961.

    En mai 1981, l’Association des Amis du Musée de la Laub de Bischwiller, consacre à Paul Weiss une exposition rétrospective et édite une brochure intitulée: «Hommage à Paul Weiss – Peintre du Ried (1896-1961).

 

(*) La «Weissographie» consistait à mélanger la litho-zincographie et la gravure, ce qui permettait d’imprimer des peintures aussi bien en noir et blanc qu’en couleur  Avec une matière grasse à laquelle on peut donner la consistance de la peinture à l’huile et de l’aquarelle selon le degré de dilution, on exécute une peinture sur une plaque de gélatine. De cette plaque on peut soit tirer une épreuve unique (monotype), soit reporter la peinture sur une plaque de zinc ou sur pierre où elle sera mordue par l’acide. Le cliché ainsi obtenu, donnera fidèlement un nombre indéfini d’épreuves. Matière grasse, diluant, plaque de gélatine ont fait l’objet de brevets pris par l’inventeur.

 

Paul Weiss 89c.jpgCollection particulière

La presse utilisée par Paul Weiss

Visible au Musée de la Laub à Bischwiller



Paul Weiss 90c.jpgCollection particulière

Hanhoffen

Weissogravure





Remerciements

Un Grand MERCI à Madame Sylvie KUHM, secrétaire du Service Culturel de la ville de Bischwiller,
et à Messieurs Alfred DOTT, Roland JACOB, Charles GUNTHER pour leur aimable et précieuse contribution photographique.

         



Bibliographie
   

-       Claude Vigée – Le panier de houblon – Ed. JC Lattès, 1994

        Tome 1 – La verte enfance du monde et Tome 2 – L’arrachement

-       Claude Vigée – Du bec à l’oreille – Editions de La Nuée Bleue, 1977

-       Claude Vigée – Alfred Dott – Le grenier magique - © Propriété des auteurs 1998

-       Association des Amis du Musée de la Laub – Bischwiller – Hommage à Paul Weiss.- Peintre du Ried (1896-1961) – 1981

-       Roland Jacob – Paul Weiss (1896-1961), le Corot du Ried – Annuaire «Est agricole et viticole, 1996»

-       Camille Hirtz – Paul Weiss: troubadour pictural du Ried – DNA – 12.10.1953

-       Claude Odilé – Paul Weiss, un poète du Ried – Ed. Sutter, 1955

-       Claude Odilé – En passant par l’Alsace - composé de 26 dessins de Paul

-       Weiss – 1949

-       Me F. Lotz – Artistes peintres alsaciens de jadis et naguère (1880-1882) – Ed. Printek, Kaysersberg

-       Robert Heitz – Etapes de l’Art alsacien XIXème et XXème siècles – Saisons d’Alsace, 1973

-       René Wetzig – Dictionnaire des signatures des peintres, dessinateurs, lithographes et graveurs alsaciens – Ed. Do Bentzinger



 

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