Culturel
" Une vie, une Oeuvre, pour le plaisir
des passionnés d'Art Alsacien "
francois.walgenwitz@sfr.fr
Louis Wagner (1918-1981)
" Une sensibilité d'un raffinement extrême "
Louis Wagner
Les débuts de Louis Wagner
n’étaient pas simples, nous confie son fils Luc:
son père, officier de l’armée
allemande,
forcément, est mort en mai 1918 et Louis est né
en juin, à Haguenau où il passe
son enfance. Pupille de la nation, une mère
couturière à son compte, quatre
enfants à élever, les conditions
étaient dures. Dès
sa plus tendre enfance, Louis Wagner a manifesté des
dons d’une sensibilité sans égale et
d’un sens aigu de l’observation. Il
était
attiré autant par la peinture que par la musique. Il a suivi
des cours de
peinture et de violon. Cependant, il se dirigea
définitivement vers la peinture
qui représentait pour lui le plaisir de la
créativité et l’évasion vers
le
Beau. La musique restera, tout de même, hautement
appréciée sa vie durant. Ses
musiciens préférés furent Palestrina,
Josquin des Prés, Mozart, ainsi que
Mahler, Richard Strauss et Schönberg En
1933, il entre à l’Ecole des Arts
Décoratifs de
Strasbourg. «Je me le rappelle tout
jeune homme à l’EADS,
c’est Camille
Hirtz, son collègue de l’époque qui
parle.
D’un coup de tête, de son initiative propre, il
s’est fait inscrire comme élève
sans l’assentiment de ses parents.
C’était un jeune homme fier, portant
déjà en
lui un monde intérieur
qu’à son âge on
ne connaît ni si dense, ni si totalement absolu.» Il
sort de l’Ecole en
1938, diplômé avec la mention TB. A cette occasion
lui sont attribués le
Premier Prix de la Ville de Strasbourg, ainsi que le Prix des Arts et
Industries de Paris. Incorporé
de force comme 130 000 autres Alsaciens et
Mosellans, les récits de Louis, très discrets,
sans doute pour oublier,
évoquaient principalement les menaces qui pesaient sur sa
mère et ses sœurs et
les dures conditions qui furent les siennes sur le front de
l’Est, en Pologne
et en Saxe où il fut pris sous le terrible bombardement de
Dresde du 13 au 15
février 1945. Encre
sur papier Sommés
d’illustrer, durant quatre longues années, les
grands slogans du Troisième Reich, contraints de se tenir
à distance de ce qui
devint «l’art
dégénéré» et de
renoncer aux thèmes religieux, la jeune
génération d’artistes en herbe se
trouva, à la Libération,
désorientée,
désemparée devant l’art occidental
synonyme de liberté et de
révolutions. En
octobre 1945, Roger Marx, un idéaliste qui avait
à peu
près leur âge, se présenta à
eux en homme providentiel, leur proposant de leur
indiquer la voie à suivre en se regroupant sous la
bannière frappante et
prometteuse du «Groupe de l’Issue». Or,
un idéaliste obéit à un
idéal, croyant à
des valeurs absolues, se forgeant des
«impératifs». Ce fut le cas de Roger
Marx
et de son acolyte M. Ruch. Celui-ci, tenant compte de
l’objectif de «l’Issue»
de lutter contre la tendance vers un art purement subjectif,
incompréhensible
pour la masse des amateurs, prône «l’approfondissement
de notre connaissance du
réel» et la
«nécessité de
l’intelligible» et, par
conséquent, condamne sans recours le surréalisme.
«L’univers entier du
surréalisme, c’est l’incohérence
et le chaos érigés en principe, la
négation de l’art».
Roger Marx va plus loin, qui impose à la peinture et
à la sculpture la
convention fondamentale de «l’imitation
créatrice», un oxymore… En
fait, Louis Wagner, André Bricka, Jean Henninger et bien
d’autres échappèrent à ce
carcan. Le critique Marc Lenossos
distingue Louis Wagner comme étant le
plus
sensible, le plus émotif, le plus attachant. «Il
rend les effets d’atmosphère avec distinction et
justesse. C’est un
sentimental, un rêveur, même dans ses compositions
[…] Ses tableaux sont une fête de la
lumière qui révèle un
tempérament mélancolique».
L.-M. Kauffmann a cette appréciation
qui ne supporte
aucune traduction: «Zart veranlagt,
seine
Gemälde sind wie hingehaucht und von armutvoller
Tiefe». Du
Dimanche 19 mai 1946 De
gauche à droite Arrière:
Wagner, Gisselbrecht, Faivre,
Watteel, Bauer, Geiss Milieu: Schmitt, Hirtz, Pauli, Klein, Lehmamm,
Freyburger, Fritsch, Meyer Assis: Hirth, Solveen, Allenbach, Kamm, Madame Fuchs, Valentin, Andrès Il
devient, en 1948, le plus jeune professeur de l’Ecole des
Arts Décoratifs de
Strasbourg. Rapidement promu chef de la section peinture, il enseigne
la
peinture décorative, la peinture de chevalet, la
mosaïque, la fresque et les
autres disciplines de la peinture murale. «Un
artiste de talent et de passion»,
reconnaîtra plus tard François Cacheux.
Louis-Philippe
Kamm, chargé provisoirement de la direction de
l’Ecole, titularisé quand Louis
Wagner y entre, s’est avéré, sous un
aspect débonnaire et bon enfant, l’homme
de la situation en réorganisant l’EADS de
façon énergique. René
Allenbach lui succéda en 1954, «dernier
directeur traditionnellement nommé
d’une Ecole tranquille, complaisante, conventionnelle»
(1).
Après sa mort, en 1958, le vent du changement s’y
engouffra avec François
Cacheux. Dans cette école où l’aspect
«métiers d’art» dominait
(notamment
parce-que subventionnée traditionnellement par la Chambre
des Métiers), deux
exigences allaient structurer son travail: maintenir et garantir le
niveau
d’excellence du savoir-faire et «faire
revivre l’aventure
créatrice qui fait
battre le cœur.» La technique devait
cesser d’être une fin en soi; car
c’est dans la liberté seule que peut se construire
une œuvre qui bouleverse
l’âme par sa transcendance. Telle était
sa conviction fondamentale. Il fut
accueilli avec joie par les jeunes professeurs du
«Groupe de l’Oeuf», dont Louis Wagner,
«.Lui
aussi aimait le vin d’Alsace, se rappelle Cacheux
avec plaisir, c'est lui qui me fit
connaître, avec Alfred
Tinsel, les Winstube et, en particulier le Kammerzell où
nous avions notre
Stammtisch […] J’ai exposé avec Louis
à Stuttgart et le musée de cette ville
nous acheta des toiles.» François
Cacheux a réussi à faire admettre
l’EADS en 1ère
catégorie. «Nous
étions enfin placés en 1ère
classe, après nos brillants succès au Cafas et
aux diplômes nationaux. Ce qui
entraîna un réajustement conséquent des
salaires des professeurs titulaires qui
voyaient aussi réduire leurs heures de présence
[…] qu’ils devaient à la Ville.
J’expliquais au maire, Pierre Pflimlin, que
l’enseignement en deviendrait
meilleur car les professeurs feraient des progrès chez eux.
Wagner augmenta ses
expositions, Hirtz également, la cote
d’André Bricka monta à Strasbourg et
à
Paris…» Selon
François Cacheux, après 1968, dont les
«événements»
ont considérablement perturbé le fonctionnement
de l’Ecole, «dégouté par la
démagogie dont il fut victime», lui aussi, Louis
Wagner abandonna son poste à
Camille Hirtz Louis
Wagner fut parmi les professeurs et les élèves
qui
firent briller le nom de Strasbourg en Europe et dans le monde. Des
années 1950, nous disposons essentiellement de dessins
au crayon gras, aux crayons de couleurs et de sanguines qui
témoignent de la
rigueur du talent de Louis Wagner mais aussi de
l’efficacité de l’effet
recherché. «Il se peut
que le Dessin soit
la plus obsédante
tentation de
l’esprit.» (Paul Valery) Crayon Crayon Crayons
de couleurs Sanguine
Dans les années 1960-62,
quatre étudiants hongrois utilisèrent
l’atelier de tissage de l’EADS pour y
entreprendre de la tapisserie, transformant les vieux
métiers en basses lisses.
Louis Wagner, avec l’aide d’un technicien des
Gobelins, créa des métiers de
haute lisse; la tapisserie devint son violon
d’Ingres… «Par
amour du travail manuel, il s’est fait lissier,
exécutant sans
cartons de magnifiques tapisseries. Il se fiait entièrement
à son inspiration
et ce travail artisanal lui a procuré beaucoup de
joie.» Louis
Wagner devant sa haute lisse Installée
dans sa maison à Rosheim Les
cours de l’EADS se terminant le vendredi soir, quelques
professeurs, amis de longue date, avaient pris l’habitude de
se retrouver au
Pfifferbrieder, autour d’un kannales,
avant de se séparer pour le week-end. On parlait peinture,
plutôt qu’école!...
C’est dans cette ambiance que Jean-Jacques Hueber eut
l’idée de former un
groupe au sein de l’A.I.D.A dont il était le
trésorier. Bien qu’étant de
tempéraments différents,
l’unanimité fut immédiate. Sur
l’invitation à la
première exposition, le fondateur proposa l’image
de l’œuf pour représenter le
groupe: l’œuf étant un symbole de
perfection, de pureté, de fécondité.
De plus
le vernissage eut lieu le 21 mars1959, à
proximité de Pâques. Invitation Les
exposants étaient au nombre de dix. Parmi eux, Louis Wagner.
«Il sortait à peine
de son impressionnisme
juvénile et voguait en pleine période
précieuse: paysages
éthérés, nus
maniérisés, visages et personnages
d’une fragilité bucolique»,
relate Louis
Fritsch. Il est reconnu comme étant le plus figuratif du
groupe. Il
compose avec
beaucoup de personnalité
des paysages plongés dans des teintes gris-bleu
très originales. Son art est
d’une prodigieuse richesse, reconnaît Camille
Schneider. Pour Roger Kiehl, «ses
compositions reviennent comme des
visages aimés qui auraient partie liée avec une
nostalgie où charme et vigueur
ne sont point inconciliables.» Le critique, qui
rend compte des prestations
de Louis Wagner à l’exposition de 1965, constate
une soudaine et inexplicable
tristesse dans les grâces longilignes des
«Filles» avec, en plus, un air de
sauvage et de désespéré
défi qui les rend plus émouvantes. «Son surréalisme est celui des
rêves, ses
personnages sont des êtres curieux
qui semblent s’ignorer, comme
s’ils
avaient bu au Léthé». Peinture
laquée Huile
sur toile Pastel Les
expositions du Groupe de l’œuf sont, avant tout,
des
rencontres libres d’amis, en toute indépendance
d’expression. Il y a des abstraits,
des mystiques, des surréalistes, des
«modernes»…L’attrait essentiel
de leur
œuvre réside dans le côté
mystérieux de leurs visions. Ils font œuvre
d’imagination, plus que de réalisme…Et
leur salon montre une excellente
synthèse de ce qu’on enseigne aux jeunes
élèves de l’Ecole des Arts
Décoratifs
de Strasbourg. A la
suite de l’exposition de Stuttgart, en janvier 1967,
la critique d’outre-Rhin déplora
l’absence d’expériences
extrêmes «Ohne extreme
Tendenzen». Certains d’entre eux se sentaient
concernés! L’expo de 1967 n’eut
pas lieu. Louis Wagner fut absent en 1968, et le 10ème
anniversaire
ne fut pas fêté. Le Groupe de l’Oeuf
avait vécu!... Cet
éclatement est dans la nature d’un groupe de cette
sorte, organisme vivant, soumis, selon Louis Fritsch, à la
loi
«formation-apogée-décadence»
Appartenir à un groupe est une contrainte or, rien
ne vaut la liberté pour émerger. Il y
avait, en 1948, plusieurs Wagner à Strasbourg: E.-H.
Wagner, Camille Wagner et Louis Wagner qui faisaient de la peinture! Tous trois
étaient relativement jeunes et le
public devait bien faire attention pour ne point les confondre. Louis
Wagner, selon le critique Marc Lenossos, qui le
suivra dès lors, ne redouta pas longtemps la confusion,
grâce à son originalité
propre: ses tableaux sont de véritables fêtes de
la couleur, «gaillardement» harmonieuses.
Si Lenossos déplore un certain manque
d’unité dans une facture
déchiquetée,
analytique, il reconnaît qu’un tableau de Louis
Wagner demeure «séduisant,
attachant, pimpant, un régal
pour les yeux et l’esprit.».
Il
apprécie chez ce jeune peintre qu’il sache
être à la fois paysagiste, peintre
de nus et de compositions Huile
sur toile Dans
les années 1960, c’est un art intimiste que Roger
Kiehl
distingue, un art qui fait la part du spirituel et du tangible. «Il va à la fois
au-delà des décors et des
personnages qui l’habitent qu’au-delà
d’une poésie enveloppante à laquelle
nous
nous sommes habitués.»
nous
dit-il en écho à l‘exposition de la
galerie Aktuarius du 8 janvier 1961 Les
paysages ont l’apparence de tableaux travaillés,
ils
semblent être le résultat d’un travail
essentiellement d’atelier comme
l’ensemble de l’œuvre. La
mémoire joue plus souvent que
l’à-propos direct du
motif. En 1963, Louis Wagner inspire à Marc Lenossos des
appréciations
élogieuses notamment pour l’originalité
et la qualité picturale de ses toiles
d’un coloris fulgurant aux touches laquées,
vernies. «Il y a chez ce jeune
professeur de l’Ecole des arts décoratifs, un
lyrisme poétique contagieux dont inconsciemment, il faut
subir le charme. Ses
effigies féminines, étirées
à la façon de Modigliani en arabesques
décoratives,
surprennent à première vue, puis on s’y
habitue. On finit par aimer leur grâce
naïve. On songe à Peynet
en contemplant
ses couples d’amoureux et ses jeunes
mariés.» Le
style de Louis Wagner semble commandé totalement par la
couleur. Si ses paysages, ses villages se ressemblent par leur forme,
c’est
l’éclairage, le choix des couleurs qui en font
l’inspiration différente et
suggèrent des méditations diverses. Les gris, les
blancs, les bleus invitent à
la paix intérieure, dit un critique, et ils sont
d’autant plus témoins d’une
telle espérance, qu’ils sont mis en contraste avec
des rouges, des ors, des
bruns, des auburn. De fait, «Louis
Wagner
nous propose une très heureuse et
très
vivifiante symphonie de couleurs.» (Exposition
Aktuarius du 7 octobre 1964) Peinture
laquée Il ne
se contente pas de peindre, il
s’évade. Ses œuvres ne sont pas de
simples études sur nature, mais le fruit
d’une longue méditation et de minutieuses
recherches, ce qui atteste d’une
grande sincérité. Par cette
sincérité, cette façon de se donner
sans
arrière-pensée, il confère
à nos songes une réalité terrestre. « Le plus grand poète pour
nous, dit
Sainte-Beuve, est celui qui donne le plus à imaginer et
à rêver à son lecteur,
qui l’a le plus excité à
poétiser lui-même. C’est celui qui
suggère le plus.» L’univers
poétique qu’il porte en lui à travers
les paysages et les hameaux du Midi et
spécialement de la Provence et des Corbières,
sites méridionaux dans la
splendeur de l’aube ou dans la mélancolie des
ciels crépusculaires, s’offrent
dans une tendresse infinie, par des éclairages savamment
dosés. Ainsi, Louis
Wagner «nous conduit
jusqu’au cœur même
des choses et, comme il peint ce qu’il aime, tout est
d’une grande et émouvante
beauté.»,
s’émerveille Jean Christian, critique et ami. Peinture
laquée Peinture
laquée Huile Huile Le 1er
novembre 1973, Roger Kiehl retrouve Louis
Wagner à Rosheim dans une vieille demeure tout à
fait charmante, la «Laube»,
située en face de l’Hôtel de Ville,
à deux pas de l’église Saint-Pierre et
Paul, joyau de l’art roman. Roger Kiehl aime à
rappeler dans son article que
Louis Wagner, a été «adopté
par cette
petite ville qui ne manque pas de caractère et dont il
m’a si souvent dit la
cordialité amène de ses gens. Louis Wagner
s’est vu mettre à sa disposition par
la municipalité le premier étage de la
«Laube». Il y a aménagé son
atelier, un
bel éclairage l’y autorisant. C’est
là qu’il présente donc son
exposition.» Dans
ses expositions biennales de Rosheim, Louis Wagner
retrouve sa richesse graphique, sa joie de vivre, son effusion
poétique, une
finesse un peu maniériste, le tout baignant dans une
allusive tendresse; celle
des portraits qui échappent à toute
familiarité, celle des femmes et des filles
«qu’isolerait leur silence
si leurs yeux
ne le reniaient.», figées dans une
sorte d’éternité Crayon
de couleur aquarellé Crayon Aquarelle Gouache Le
portrait Crayon Aquarelle L’effusion poétique «Figée dans une sorte d’éternité» Peinture
laquée «Une finesse un peu maniérée» Peinture
laquée Au fil
des années, la thématique de Louis Wagner
s’étoffe.
Aux fleurs de ses débuts, s’ajoutent les paysages,
les compositions, les nus,
les portraits, quelques natures mortes… Les techniques se
diversifient. Aux
aquarelles qui tiennent une place de choix dans son œuvre,
s’associent la
peinture à l’huile, la peinture laquée,
la peinture sur paravent ou murale,
comme, par exemple la fresque du chœur de
l’église catholique d’Oberbronn dont
la belle lumière et le merveilleux équilibre ont
été salués par Jean Christian.
L’art sacré occupe une place assurément
importante dans l’œuvre de Louis
Wagner. Crayon Huile Crayon
aquarellé Aquarelle Aquarelle Aquarelle Il y a
beaucoup de bonheur dans ce monde merveilleux dans
lequel Louis Wagner nous convie, tant d’art et de bonne
grâce qui lui viennent
de sa liberté d’inspiration et de
l’ambiance musicale dans laquelle il s’isole.
«Quand il ne peint pas, il
joue du
violon, touche son orgue, et quand il peint, il écoute
encore ce que lui
inspire la musique, celle du Moyen-Age, de la Renaissance, et celle des
Romantiques…ce que lui dicte avec douceur, les sons qui
laissent sur sa palette
comme le reflet ou l’appel
de nos
rêves.» (Yves Hucher, 1981) En
1975, Louis Wagner ajoute une autre pièce de la
«Laube»
à son exposition pour la consacrer à sa
très belle collection d’icônes, par
lesquelles il retrouve le sens sacré du métier. «Dans ces icônes aux couleurs
flamboyantes, aux rouges incandescents,
aux bleus moelleux, l’artiste a tout
réalisé, le métal, le cadre de
métal
repoussé qui entoure les peintures, l’insertion
des pierres, en un mot, tout.
Cette petite chambre aux icônes est, dans le meilleur sens du
terme, sa
chapelle, le petit sanctuaire où Louis Wagner retrouve tout
ce qui a donné à sa
vie un sens si profond.» (Article
des
presse, signé G) Icône Laque Chapelle de Spechbach-le-Haut Retable Vers
la fin de sa vie, il se consacre presque exclusivement
à ses merveilleuses laques sur bois, pour lesquelles il a
toujours eu un grand
penchant. Elles sont le fruit d’une recherche personnelle
concernant les
secrets de préparations à base de
résine et d’autres ingrédients dans la peinture sur bois du Moyen-Age. Elles lui permettent
d’allier
la grâce empruntée à la Renaissance
italienne, le poli hérité de la peinture
flamande du Moyen-Age finissant et de
l’Extrême-Orient à la
luminosité des
Corbières, notamment, où on l’avait vu
souvent au petit matin, attendant, dans le silence, le lever du soleil
pour,
ensuite, s’adonner au patient travail de transmutation dans
son atelier. «Jamais de pleine
pâte dans ses paysages: sa
sensibilité est d’un raffinement
extrême, la mise en page est d’une grande
rigueur, la composition presque géométrique,
plan, murs et toits traités dans
des tons généralement très voisins,
d’une très fine modulation. «C’est
à propos de la technique de ses
laques que le mot finesse s’impose. La matière,
déjà d’une subtilité superbe
quand il s’agit des couleurs – l’ocre, le
bleu, le vert, mais toujours très
fondus et assourdis – devient sublime par le traitement
qu’elle subit. Quinze
couches parfois avec un ponçage pour chacune!
L’effet en est que ces paysages
deviennent pour ainsi dire leur propre reflet, que leur
«eau», pour parler en
termes de pierres précieuses, opère une
distanciation littéralement
enchanteresse, et que n’est retenu que l’essentiel,
l’essence, dans une lumière
d’une extraordinaire noblesse, elle aussi haussée,
mais sans éclat intempestif,
au degré supérieur.»
(Claude-Gérard Benni) Laque Vierge à l’Enfant Laque Descente de Croix Peinture
laquée Peinture
laquée
Après sa retraite anticipée,
prise en 1976, Louis Wagner retrouve sa liberté de
mouvement, éperdu de travail
et rayonnant à partir de son Rosheim d’adoption
où il se savait chez lui. Caché
derrière une barbe grisonnante, un visage serein
où brillent deux yeux bleus
d’une exquise douceur; c’est ainsi que le
connaissaient les Rosheimois qui
l’ont élu au Conseil Municipal. C’est
au cours d’un bref séjour à Cannes
où il exposait,
qu’un malaise le surprit, nécessitant son
rapatriement d’urgence. Tout espoir
de survie devait très vite être
abandonné. Il décède la 1er
octobre
1981 au CHU de Haute-Pierre. Il n’avait que 63 ans!...Son
épouse Inès et ses
amis l’ont enterré à Rosheim.
«Avec
lui,
disparaissait un peu plus un genre de vie, un humanisme, une forme
de courtoisie qui était comme
la fleur de
l’esprit.» (Pierre Schneider) Artiste
de notoriété internationale, de nombreuses
œuvres
de Louis Wagner ont été acquises par les
Musées de Strasbourg, le Conseil de
l’Europe, le Musée de Stuttgart,
l’Ambassade des Pays-Bas...Il a participé
à
plusieurs expositions de groupes en Allemagne, en Suisse, aux
Etats-Unis… Il
fut
membre de l’Académie d’Alsace et de
l’AIDA Derrière
une barbe grisonnante, un visage serein où brillent deux
yeux bleus d’une
extrême douceur
Bibliographie -
Artistes
d’Alsace
- Saisons d’Alsace N° 47 - 1973 - Histoire
de l’Ecole Supérieure des Arts
Décoratifs de Strasbourg
–
Gabriel Andrès – Ed. Jérôme
Do Bentzinger, 2014 -
1,
rue
de l’Académie
– Camille Claus – Saisons d’Alsace (1) -
30
années aux Arts Déco
– François Cacheux – Saisons
d’Alsace -
Générations
d’Artistes
– Camille Claus – Saisons d’Alsace
N°116 -
Louis
Wagner
– Me François Lotz in Artistes alsaciens de jadis
et
naguère – Ed. Printek, Kaysersberg -
Les
peintres et l’Alsace- autour de l’impressionnisme
–
Hélène Braeuner – La Renaissance di
Livre, 2003 Articles
de presse
signés: Jean Christian,
Roger Kiehl, Marc Lenossos, Camille Schneider, Camille Hirtz, Yves
Hucher, Pierre
Scheuer, Claude-Gérard Benni, Daniel Grandidier, Louis
Fritsch…
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