Culturel
" Une vie, une Oeuvre, pour le plaisir
des passionnés d'Art Alsacien "
francois.walgenwitz@sfr.fr
Kazem Rezvanian
Un Artiste-peintre virtuose, un pédagogue authentique...
A la place de la célèbre question de Montesquieu: «Comment peut-on être Persan?», nous préférons, concernant Kazem Rezvanian, poser celle-ci: «Comment un Persan peut-il devenir Alsacien?» C’est une chose bien extraordinaire à première vue. Et pourtant…
Kazem Rezvanian est d’origine iranienne. L’Iran, pays d’ancienne et de brillante civilisation… Souvenons-nous de Cyrus le Grand qui rassembla tous les peuples des plateaux iraniens et les entraîna dans la conquête de l’Orient, de la Mer Egée à l’Indus. Il était l’initiateur d’une société où régnaient l’équilibre, l’humanité, la tolérance. Sous ses héritiers, dans ce paradis persan, dont témoigne Persepolis, se développa la religion mazdéenne fondée par le mythique Zarathoustra, soucieuse du perfectionnement moral. Depuis, l’Iran n’a pas cessé de rayonner sur le monde environnant. L’Iran a été, durant tout le Moyen-Age, le passage obligé des caravanes qui cheminaient sur les Routes de la Soie, à destination de l’Occident. Ispahan symbolise le raffinement de la culture persane. Elle est l’écrin de quelques-uns des plus beaux monuments de l’architecture musulmane. Dômes bleus des mosquées, palais royaux, jardins et bassins, fraîcheur des jets d’eau…font de la ville le reflet du paradis terrestre. «Nul doute que les lieux ont été étudiés pour favoriser l’élévation de l’esprit.» (1)
Bam était un important relais sur la
route du détroit d’Ormuz. Kazem Rezvanian en a
représenté, dans des fresques
magistrales, l’imposante citadelle de terre
crue. Huile sur bois © Ed. Ouest-France, 2004 – L.-M. et T. Blanchard Presque entièrement détruite en 2004 par un tremblement de terre. Kazem Rezvanian posant devant une autre version de la citadelle de Bam Huile sur bois
Kazem Rezvanian est né le 12 Septembre 1937 à Babol, jolie ville, vieille de 2 000 ans, autrefois, un important centre commercial, située à 15 Km de la côte Sud de la Mer Caspienne. Elle comptait, à cette époque, 25 000 habitants Deuxième d’une fratrie de 8 enfants, dont un frère et six sœurs, il est le fils d’Abbas Rezvanian, peintre autodidacte, qui s’est rendu célèbre par ses peintures sous verre et pour des thèmes religieux. C’est auprès de lui que Kazem fait son apprentissage commencé dès l’âge de 10 ans. Deux ans plus tard, il donne lui-même des cours de peinture… A 15 ans, il organise, dans sa ville natale, sa première exposition. Celle-ci rencontre un franc succès. Les alentours verdoyants de Babol lui permettent de peindre des paysages variés. L’été, il pose son chevalet encore plus loin, dans les montagnes de l’Alborze, tout en continuant d’écouter les avis de son père et de suivre attentivement ses conseils. Adepte des thèmes religieux, Abbas est, par là même, devenu un calligraphe talentueux. La calligraphie, agrémentée de l’entrelacs géométrique et de l’arabesque, constitue un art original, magnifiant la parole de Dieu. L’écriture qui transcrit le Verbe divin, a pris très vite une valeur symbolique qui a mis la calligraphie au centre de l’art musulman. C’est de l’art du manuscrit que va s’épanouir la peinture en terre d’Orient. Il magnifie aussi bien l’architecture et la céramique murale que les arts du métal, du textile, du verre. Aujourd’hui encore, cet art non figuratif se perpétue, et la calligraphie, traditionnelle ou moderne, inspire toujours de nombreux artistes. C’est ainsi qu’Abbas Rezvanian a transmis sa technique à son fils. Très doué, Kazem en tire un profit considérable. Alors qu’il est encore au lycée, il crée un support inédit: un Journal Mural qui consistait en un panneau de 70x120cm, sur lequel il reportait et commentait les événements en cours, textes illustrés par ses soins. Affiché à l’adresse de ses camarades de l’établissement, le Journal de Kazem était renouvelé tous les 15 jours. Cette initiative originale, jugée très réussie lui valut comme récompense un appareil photo, ce qui l’intéressa beaucoup et lui ouvrit de nouvelles perspectives dans le domaine de l’art. On parlait de son journal dans toute la région où d’autres reproduiront son idée. C’est à cette période qu’il commence à vendre ses dessins et à faire de l’illustration pour le compte de journaux de Téhéran. L’argent gagné par son travail, lui permet de s’offrir des livres et les matériaux nécessaires pour la pratique de la peinture. Ses auteurs préférés sont Jack London, Alexandre Dumas et Victor Hugo, notamment Les Misérables. Il lisait Dumas et Hugo en persan et en anglais Kazem ne se souvient pas avoir une seule fois demandé de l’argent à son père. A 20 ans, Kazem Rezvanian s’installe Téhéran. Grâce à sa maîtrise du dessin et de la calligraphie, il trouve rapidement un emploi dans une entreprise publicitaire où il exerce durant trois ans. En même temps, il passe le concours d’entrée à L’Ecole des Arts Décoratifs de la capitale iranienne. Il y est admis en tant que major de sa promotion. Plus tard, il ouvre, avec un associé, une société de décoration d’intérieur et d’extérieur, tout en poursuivant la pratique de son art. Il est fortement influencé par le peintre iranien Kamal ol Molk (1846-1940), devenu dès l’âge de 18 ans le peintre officiel du Shah qui l’envoie en Europe pour se perfectionner. Il étudie au Louvre, à Versailles, à Florence, à Vienne. Il copie Rembrandt, Le Titien, W.-A. Bouguereau…. Il fonde et dirige sa propre école. Kazem
Rezvanian s’inspire également de peintres russes
du 19ème siècle
tels Ilia Répine, figure clé du
réalisme et de l’impressionnisme russes,
témoin
engagé de l’actualité, Isaac Levitan,
paysagiste, amateur de la peinture en plein
air, admirateur de Corot, qui prône une approche
spontanée, réaliste de la
nature, Ivan Aïvazovski, qui a marqué les
périodes romantique et réaliste de
l’art russe; son œuvre se distingue par une
maîtrise admirable de la lumière et
une charge émotionnelle remarquable, enfin Ivan Chichkine,
célèbre pour ses
paysages frappants de réalisme et pour sa technique
irréprochable. Celle-ci était
fondée sur une étude analytique de la Nature.
Ivan Aïvazovski (1817-1900): La Bataille de Chesm Ivan Chichkine (1832-1898): Paysage
En surimpression, s’ajoute l’influence des maîtres flamands du XVIIème siècle, le siècle d’or de la peinture hollandaise…Kazem Rezvanian a eu l’occasion de s’en imprégner lorsqu’il fréquentait les ateliers de restauration des musées européens d’Italie et d’Angleterre. Il s’y rendit plusieurs fois entre 1960 et 1970 pour des études/recherches et non en tant que salarié. Le style de Kazem Rezvanian évolue au fil des années et prend un nouveau tournant à la suite du retour de France de Jalil Ziapour (1920-1999), qui est considéré comme étant le père de la peinture iranienne moderne. Malgré son refus des théories occidentales, on remarque que sa stylistique le conduit de l’impressionnisme vers le surréalisme en passant par le cubisme. Il est, en quelque sorte, le Picasso de la peinture persane, selon l’appréciation de Kazem Rezvanian lui-même… Ses recherches patrimoniales orientent sa thématique vers le mode de vie nomade. Kazem Rezvanian est devenu son élève. «Pourtant, se souvient-il, malgré mes sollicitations, maître Ziapour refusa de me prendre jusqu’à ce qu’il voie mon travail.» Il suit son enseignement durant trois ans à raison de 2 à 3 heures par jour, tout en poursuivant ses études, ce qui a eu une près grande répercussion sur son travail et lui donna beaucoup d’idées, notamment, dans ses projets de sculpture sur bronze. C’est Jalil Ziapour qui a orienté son élève vers cette forme d’art, nouvelle pour lui.
Les sculptures et bas-reliefs en bronze de Kazem Rezvanian s’ornent de motifs iraniens, perses, la calligraphie faisant le lien entre abstraction et figuration. Ce sont des œuvres parfaitement cohérentes: chacune ayant son unité de style. L’élégance des arabesques, leur géométrie rigoureuse sont les marques d’un designer virtuose.
Son attachement au patrimoine culturel, ethnique, de son pays a éveillé en Kazem Rezvanian le besoin impérieux de témoigner de cette prodigieuse forme de civilisation qu’est le nomadisme. Voici deux œuvres qui rendent à celle-ci un double hommage. D’abord, un hommage au peuple nomade qui traverse l’immense steppe aride, «le sanctuaire des survivances pendant des millénaires» (2). La caravane émerge des profondeurs de la poussière. C’est comme si elle sortait d’un rêve. Cette fresque grandiose, aux couleurs retenues, harmonieusement réparties laisse une impression de force, de détermination. Les visages des hommes, des femmes, des enfants, extraordinairement présents, parce que tous tournés vers le spectateur, expriment la sérénité, la confiance en leur destin. Kazem Rezvanian a traduit de façon limpide, dans un style à la fois réaliste pour le fond et impressionniste dans la forme, la fierté qui anime ce peuple libre qui a gagné, au contact des grandes solitudes, une indiscutable allure physique et morale. Une noblesse.
Koutsh 1 (Nomades), Huile sur toile
Un bel hommage est rendu au chameau issu de l’ancienne Bactriane dont la race n’avait point de rivale par la taille, l’endurance, la force au combat. Toison haute, drue, broussailleuse que Kazem Rezvanian a parfaitement rendue. Il l’a habillée de franges, de rubans, de pompons, de résilles, de plumes en touffes et en cascades, comme Jo Kessel dans «Les Cavaliers» d’Afghanistan. Mais, avant toute chose, ce tableau est un hommage à la femme iranienne nomade qui joue un rôle considérable dans la vie économique, sociale, artistique, religieuse. La liberté, voire le pouvoir dont elle jouit au sein de la société nomade, font d’elle la reine du foyer qui porte sur ses épaules le destin d’un monde en voie de disparition. C’est en vertu de sa suprématie que Kazem Rezvanian l’a juchée au plus haut de cet improbable chargement. Chapeau bas, nous sommes devant un chef-d’œuvre!...
L’engouement de Kazem Rezvanian, pour l’Alsace prouve, s’il en est besoin, l’irrésistible attraction de notre petite province, sensible jusque dans la lointaine Perse. Dès l’âge de douze ans, il rêvait d’aller vivre en France. Il s’y est rendu à plusieurs reprises par la suite. S’il a choisi l’Alsace, c’est pour sa double culture, son particularisme moral, spirituel, son humanisme en un mot; l’immuabilité de son écrin géographique et de son patrimoine historique. Il s’y est installé en 1980. Dès lors Kazem Rezvanian se consacre exclusivement à l’accueillante l’Alsace. «Ayant quitté les bords de la Caspienne pour ceux du Rhin, il y bâtira sa maison et sa réputation qui était déjà grande dans son Iran natal.» (3) Cependant, il s’attarde à Venise qui fut si longtemps la porte de l’Orient, le trait d’union richissime entre la Chine mythique et l’Occident gourmand d’épices, de soieries, de papier…La Sérénissime lui inspire plusieurs compositions dont une belle vue sur le «Grand Canal» et celle-ci, aux touches délibérément impressionnistes à l’atmosphère vaporeuse.
Venise, Huile sur toile
Kazem Rezvanian sillonne l’Alsace de Thann à Wissembourg, en quête de son âme que lui révèleront nos villes et nos villages soucieux de leur passé médiéval: Eguisheim, Riquewihr, Obernai…Parmi eux de petits villages tirés de l’oubli: Mothern, rhénan par excellence, Kauffenheim, à l’orée de l’Outre-Forêt, Dauendorf, au bord de la Moder…Il affectionne particulièrement les maisons à colombages restées dans la tradition du Moyen-Age et de la Renaissance, qui donnent aux rues un air de fête qu’elles ne quittent jamais. Bref, il peint l’Alsace heureuse. A l’image de Goethe, le père des «affinités électives», Kazem Rezvanian se reconnaît en elle.
Kauffenheim, Huile sur toile Dauendorf, Huile sur toile
«Je voyage entre réalisme et impressionnisme», affirme Kazem Rezvanian quand on lui parle de stylistique. Certes, il part en quête du réel mais, sans jamais s’égarer dans les imitations froides et stériles. Il représente la vie quotidienne et les richesses patrimoniales de l’Alsace dans ce qu’elles ont de plus esthétique. Son réalisme est paré de romantisme: la manière de sentir prime. La personnalité de l’artiste garantit le contenu d’âme de ses œuvres qui expriment la réalité spirituelle des choses et des êtres
Eguisheim, Huile sur toile Nature morte au violon et au bouquet de roses, Huile sur toile
Qu’il peigne à partir d’une base photographique ou directement sur le motif, il cherche à transcrire le plus fidèlement possible ses propres impressions. Sans s’épancher sur les sentiments, il nous offre la vérité de l’instant. En cela, il est effectivement impressionniste. Il l’est aussi par sa technique. Les traits de pinceau sont visibles. Les ombres ne sont pas forcément grises mais bleues… («Un jour, l’un de nous manquant de noir, se servit de bleu: l’impressionnisme était né!». Dixit: Auguste Renoir.). Le choix des couleurs, elles sont parfois somptueuses, donne de la richesse au tableau. Les petites touches très divisées produisent un effet d’illusion, elles mettent le paysage en mouvement. Il n’est plus figé. Enfin, à l’instar des impressionnistes, Kazem Rezvanain fait de la lumière et de ses jeux l’élément essentiel de son style. Ses tableaux vibrent de lumière…
Haut-Koenigsbourg, Huile sur toile La Cathédrale de Strasbourg, Huile sur toile Nature morte aux fraises, Huile sur toile
Evocation de Paris, Huile sur toile Wissembourg, Pastel
L’affirmation de la personnalité et la
recherche de l’originalité qui sont les stimuli de
tout artiste ne peuvent se
départir de l’art du passé. Chaque
artiste possède ses références. Ainsi,
Kazem
Rezvanian a toujours été attiré par
Claude Monet pour sa spontanéité et
fasciné
par les clairs obscurs de Rembrandt qui avait
déjà résolu le problème, si
moderne, qui consiste à mettre des couleurs pures
côte à côte sur la toile afin
qu’elles exercent leur influence l’une sur
l’autre, solution que Rezvanian a
utilisée avec bonheur dans
«Châtenois» et
«Château de la Petite Pierre», notamment.
Château de la Petite-Pierre, Huile sur toile
Par ailleurs, dans ses aquarelles, art
difficile qui ne supporte aucune retouche, il donne libre cours
à sa
spontanéité toute en fraîcheur et
luminosité, légèreté et
transparence.
La Wantzenau, Aquarelle Sessenheim, Aquarelle
Depuis près de trente ans, Kazem Rezvanian transmet son art à des élèves qui sont, aujourd’hui, fort nombreux… «Il y a une trentaine d’années, un jour d’octobre, j’ai rencontré pour la première fois Kazem Rezvanian. Son atelier embaumait la peinture à l’huile, les murs de la galerie accueillaient des toiles sublimes. A l’arrière, dans une pièce minuscule, faiblement éclairée, le peintre peignait. Je découvris cet homme avec ses cheveux en bataille et sa barbe, en pleine action. Ce fut très émouvant….C’est ainsi que je devins sa toute première élève», se souvient Brigitte di Scala, devenue elle-même artiste-peintre de renommée internationale. Kazem Rezvanian leur dévoile avec une prodigalité sans bornes les secrets de la peinture à l’huile, mais aussi de l’aquarelle et du pastel. Carole Leprevost, élève assidue, elle le fut pendant dix ans, devenue elle aussi une artiste reconnue, vénère en lui un grand artiste. «Il a une grande connaissance de l’Art et des techniques. Il sait restaurer une toile, il peint aussi bien de l’orientalisme où il excelle, que des natures mortes, des marines bretonnes, des portraits d’humains ou d’animaux. On reconnaît tout de suite sa touche.» Christine Klebert, son élève depuis huit ans, salue son grand talent et la générosité avec laquelle il transmet son savoir avec beaucoup de passion et d’humilité. Pour Fabienne Schlosser, Kazem Rezvanian est un professeur attentionné: «Il repère les forces et les faiblesses de chacun d’entre nous et cherche constamment à nous transporter dans la beauté de son art. Il sait apprécier les styles et les choix esthétiques de ses élèves.» Pédagogue authentique, il dévoile ses «petites recettes» qui font ce plus, une fois le travail fini. Il guide ses élèves sans trop s’imposer. Car si chacun veut acquérir le savoir et les techniques, il tient surtout à développer son propre style. A Carole il suggérait des thèmes, mais elle avait toujours le libre choix du sujet. Brigitte souligne qu’il avait l’intelligence de ne rien lui imposer, aucune règle, juste favoriser la liberté de créer. Il lui dit un jour: «Tout de suite, j’ai su comment tu allais peindre, dès que tu as démarré». Le maître lui-même est épris de liberté et sait, à l’occasion, briser le carcan de la routine. Un jour où, assis au chevalet en train d’achever une toile représentant la maison des tanneurs, il dit soudain: «Brigitte, je suis fatigué des géraniums, j’ai envie de neige..». En un clin d’œil, «sous mes yeux médusés, raconte l’élève, les géraniums disparurent de la toile, la neige recouvrit les rebords des fenêtres, le toit, le sol. Un grand moment de grâce.»
«On se sentait bien dans son atelier, se souvient Carole avec un accent de nostalgie. Une multitude d’objets s’y trouvait: un stock important de toiles vierges, des livres d’art en grand nombre, son chevalet toujours occupé par une toile en cours, sa palette lourdement chargée de peinture de toutes les couleurs, un grand assortiment de pinceaux et couteaux, de produits divers dégageant des effluves parfois un peu entêtants…L’endroit était plutôt confiné, mais il était le reflet de l’artiste; une personne discrète, calme, chaleureuse» Par sa sincérité, son authenticité, sa personnalité tellement attachante il a fait régner autour de lui une ambiance conviviale, bienveillante, chaudement appréciée par Carole qui se rappelle qu’en cours de travail, Kazem avait toujours la délicatesse de lui apporter une tasse de thé à la menthe. « Et, parfois nous partagions aussi un petit gâteau oriental d’une excellente pâtisserie voisine.» Un jour, il dit à Brigitte: «Ne prends pas ce méchant pinceau, mais le gentil pinceau.» Et, ajoute-t-elle, «rien que cette phrase me fit avancer d’un pas. Je suivis donc ses conseils comme l’enfant écoute son père. Je n’aurais pu avoir meilleur maître…» Entre Kazem et ses élèves, Brigitte en particulier, une réciprocité d’intérêt s’est établie; l’un avait besoin de l’autre. Un jour il lui dit: «Brigitte, grâce à toi, je ne suis pas mort» Bouleversée, elle lui répondit: «Grâce à vous, je suis vivante…» Ses élèves l’ont fait sortir de sa «grande solitude» lui qui, au fil du temps a pris racine dans son atelier, s’y rendant tous les jours, à travailler sans relâche…Mais, c’est là son choix. Il vit pour son art. Ecoutons, à présent, le récit des souvenirs de Raphael Tolédano, un autre bel hommage offert à Kazem Rezvanian, ce «grand artiste de cœur». «Dans son petit atelier strasbourgeois de la Rue du Travail, ce bel homme aux chevaux d’argent et aux yeux malicieux m’accueillit, m’initia au dessin, puis à la peinture à l’huile. Plutôt que des cours théoriques sur les mélanges des couleurs…, Kazem laisse ses élèves découvrit l’art de peindre par petites touches. Sa méthode: «faites comme il est», répète-t-il à ses élèves. Ici une ombre, là une lumière, pas trop précis. Dans l’atelier de Kazem Rezvanian, j’en ai vu défiler des élèves: des enfants de 11 ans côtoyant des séniors de 80 ans. Que l’on soit vendeur de thermomix, coiffeur, banquier, psychiatre, chirurgien, médecin, retraité…tous ceux qui fréquentent l’atelier sont unis par la passion du pinceau. L’ambiance y est studieuse. Les effluves de térébenthine et d’huile de lin embaument la pièce, les pinceaux sans poils, les petits gris, les brosses, les tubes de peinture de toutes les marques, sont nos accessoires. Lorsque l’on bute, on l’appelle à la rescousse. Kazem Rezvanian regarde la toile et voit en un battement d’œil ce qui nous déplaît et nous aiguille, nous donne un coup de main pour rattraper l’affaire. C’est un virtuose du pinceau, le Mozart strasbourgeois de la peinture….Exposé aux quatre coins du monde, il laisse en héritage une grande somme de peinture à l’huile dédiée à l’Alsace et à l’Iran, mais aussi la transmission de son art à des dizaines d’élèves peintres qui, aujourd’hui, continuent à exercer selon sa méthode: faire comme il est».
Surmontant sa grande modestie, qu’évoquent tous ses élèves, Kazem Rezvanian a participé à de nombreuses et importantes expositions et en a organisé lui-même.
- 1961 - Quatrième Biennale des Arts Plastiques, Téhéran - 1969 - 25 ans d’Art Iranien, Téhéran - 1967/72 - Musée Iran Bastan - 1973/74 – Galerie Sullivan et Galerie tétéran - 1973 – Musée Shahyad, Foire Exposition Art d’Asie – Exposition Art d’Iran en Hongrie - 1974 – Exposition Artistes Iraniens, 7èmes Jeux d’Asie, Galerie Seyhoun – 100ème Exposition Art d’Iran à Ghandriz – 1ère Exposition Internat. de Téhéran - 1975/76 – Paris, Bâle, Chicago - 1993 – Obernai - Salle Renaissance, avec 5 autres artistes - 2005 – Zillisheim, invité d’honneur - 2013 – Duttlenheim - 2015 – Mittel’Art, Mittelbergheim - 2019 – Maison des Tanneurs à Strasbourg -
Expositions individuelles
- 1973 – Galerie Sullivan, Iran - 1974 – Galerie Téhéran et Galerie Seyhoun, Iran - 1987 – Düsseldorf, avec 30 œuvres personnelles - 1988/91 – Galerie Austerlitz, Strasbourg - 1990/91 – Château de la Petite-Pierre - 1991 – Château Lorentzen, Drülingen. Diemerigen - 1992 – Château des Rohan, Mutzig - 1992 – Salle d’exposition DNA à Colmar - 1992-1995 – Chaque année, une exposition individuelle à la Galerie Archange à Soufflenheim - 1994 et 1996 – Salle Renaissance à Obernai - 2001 – Galerie C, Sélestat - 2002 – Niederbronn - 2003 – Strasbourg, Parlement Européen, Club des Arts - 2005 – Ambassade d’Iran à Paris - 2006 – Wissembourg - 2010 – Galerie Archange - 2011 – Hôpital Pasteur, Colmar - 2012 - Hôpital Albert Schweitzer, Colmar - 2016/2020 – Galerie d’Art, Shangaï - Chine
Depuis 26 ans, et toujours actuellement, exposition permanente dans sa propre galerie/atelier – 6, Rue du Travail à Strasbourg.
Collections privées
France, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Suède, Italie, Belgique, Danemark, Allemagne, Iran, Suisse, Pays-Bas, Autriche
Distinctions
- 1983 – Médaille d’Or de l’Académie Italienne des Arts - 1984 – Lauréat de l’Académie de Bedriacense (Parme, Italie) - 1984 – Membre de l’Académie Européenne des Arts
Publications
De Michelle Meyer, «Je te raconterai l’Alsace» aux Editions Styl-Innov, 1990, Illustré
par Kazem
Rezvanian
Galerie Alsa Lisa Huile
sur toile Huile
sur toile Huile
sur toile Huile
sur toile Huile
sur toile Huile
sur toile Fusain Huile
sur toile Huile sur toile Thann Huile sur toile Vieux quartier Huile sur toile Composition Huile sur toile
Bibliographie -
L.-M. et T. Blanchard – Routes
de la Soie, sur les traces des
caravanes – Ed. Ouest-France, 2004 (1) -
-
René R. J. Rohr – Les Tours du Silence, in
Palmiers, Sites et Archipels –
Sélection des Amis du Livre Strasbourg, 1958 -
-
Annie
Vernay-Nouri – Enluminures en terre
d’Islam – BNF, 2011 -
-
Yasmina Khadra (2)
– Lassaad Metoui – Ce que
le mirage doit
à l’oasis – Flammarion 2017 -
-
Bernard Ollivier – Vers
Samarcande (Longue Marche II) –
Phébus, 2001 -
-
Jean Chardin (1643-1715) – Voyages en Perse – Libretto
– 2007 -
-
Emile Dermenghem – Mahomet
et la tradition islamique – Ed.
du Seuil, 1957 -
-
Claude Giudicelli (3)
– Le Rêve de Rezvanian-
Article de
presse du 30 12 1992 -
-
Michelle Meyer – Je
te raconterai l’Alsace – Ed.
Styl’Innov – 1990 -
-
Michelle Meyer – K.
Rezvanian, biographie – www.rezvanian.com -
-
Montesquieu – Les
Lettres persanes, 1721 – Ed. Belin Crédit
photographique Nassim Rezvanian, sauf mention spéciale
Mention Légale: Tous droits réservés. Aucune reproduction même partielle ne peut être faite de cette monographie sans l'autorisation de son auteur. |
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