Culturel
" Une vie, une Oeuvre, pour le plaisir
des passionnés d'Art Alsacien "
francois.walgenwitz@sfr.fr
Joseph et Jean Brenner
De nombreux artistes
ont affiné leur talent en baignant dans un univers
adéquat dès leur enfance.
Plusieurs facteurs socio-environnementaux entrent en jeu dans cette
occurrence,
c’est l’influence du milieu. Mais il y a aussi ce
qu’on appelait «les forces de
la vie», ce mystérieux mécanisme qui
transmet le talent des ascendants aux
descendants, c’est l’héritage
génétique. Or de nombreuses études
suggèrent que
la génétique joue un rôle important
dans le façonnement de nos capacités
créatives. Elle serait donc à l’origine
des dynasties artistiques telles les
Bruegel, les Bach, pour citer les plus célèbres.
Découvrons, tout près de nous,
dans
notre paisible Sundgau, la dynastie des Brenner, certes plus modeste;
trois
générations d’artistes aux talents et
aux moyens d’expression variés.
L’initiateur, prénommé Joseph, tailleur
de pierre et «un peu sculpteur, était
formidable» selon le témoignage que son
fils, également prénommé Joseph,
donna à Patrice Howald venu l’interviewer en 1974.
Il est passé à la postérité
par les éléments architecturaux dont il orna la
chapelle du Collège épiscopal
de Zillisheim: des frises, des corniches, des chapiteaux, ainsi que le
bas-relief de la façade et le philosophe en bois de
l’escalier d’honneur Le philosophe de l’escalier
d’honneur Joseph
Brenner (1911 - 2001)
Joseph Brenner, Fils de Joseph…, est
né à Mulhouse, le 18 octobre 1911. Enfant, il
habite Zillisheim dont il
fréquente l’école primaire. La maison
qu’il occupe avec ses parents est
détruite pendant la 1ère
Guerre Mondiale. «Tout
était à refaire! C’était une
enfance pas très
heureuse. […] Qu’on ne me parle pas du bon vieux
temps…»,
déclarera-t-il plus tard. A l’âge de 14
ans, flânant le long de l’Ill, Joseph
croque ses premiers paysages. C’était en 1925.
Cette année-là, il entre en
apprentissage comme dessinateur textile «10
heures par jour! Je finis par travailler à
l’atelier Hublard. Je suis heureux…»,
reconnaît-il. Parallèlement,
il peut fréquenter, pendant 4 ans, de 1924 à
1928, l’Ecole de Dessin de la
Société industrielle, la SIM. Il travaille,
ensuite, comme créateur de dessins
textiles, tant à Mulhouse qu’à Paris
où il reste de 1930 à 1932. Puis, il est
employé chez Léon Kittler «connu
partout
et qui l’est toujours»
affirme-t-il…
De 1933 à 1934, c’est
l’appel sous les
drapeaux à Chaumont, dans la fraîcheur et sous les
ondées lacrymales du plateau
de Langres…Son engagement dans la «musique du
régiment», le met heureusement à
l’abri de ce climat sévère. Il joue de
la flûte et du picolo. Bien plus tard,
ayant retrouvé une flûte lors d’un
déménagement, son épouse l’a
nettoyée, «un admirable
instrument. Il s’y est remis»
se rappelle-t-elle amusée. «Oui,
il est
vrai, reprit Joseph,
j’aime la musique!»
1935, marque le début de son destin
d’artiste-peintre. Il présente ses
premières œuvres dans une galerie de
Mulhouse, une papeterie à l’époque. Ses
bouquets, un des thèmes qui le rendront
célèbre, rencontrent un grand succès
auprès du public. Dès lors, grâce
à cette
réussite et, du fait de la crise du textile qui
sévit en 1939, il abandonne son
métier de créateur textile pour se consacrer
à son art. L’Atelier
La paix revenue, la vie d’artiste
reprend tous ses droits. Il acquiert un atelier rue Josué
Heilmann. En 1946, il
est nommé professeur à l’Ecole des
Beaux-Arts de Mulhouse placée sous la
direction d’Albert Morhain, puis, après 1952,
celle d’Auguste Boehringer. Il
restera en fonction jusqu’en 1971, quand sonnera
l’heure de la retraite. En
1947, il habite rue Furstenberger, puis avenue Salengro, dans la maison
d’Ernest Meininger, architecte, historien. Joseph
métamorphose le grenier en un
clair atelier d’artiste qui ouvre de larges baies sur le parc
Salvator «Ainsi le vieux toit
abrite une âme sensible
et l’art a toujours droit de
cité dans la maison des Meininger»,
écrit L.-P. Lutten Enfin,
en 1972, il s’installe à Hochstatt au 40, rue de
la Carrière «C’est
une maison neuve et chaleureuse
pourtant», constate avec ravissement Patrice
Howald. Il ne la quittera
plus. Son atelier, dédié aux
«Mésanges», est ouvert «à
qui veut le voir». Il sera
l’écrin de ses nombreuses
expositions.
A la suite de la maladie de son
épouse, il ferme la galerie qu’il
possédait à Mulhouse, rue de l’Arsenal,
de
1965 à 1971. C’est donc à Hochstatt que
les expositions personnelles se
succèdent, chaque année, au mois de novembre
quand il devient difficile à
l’artiste de planter son chevalet dans la nature. Chacune est
un événement,
présentant jusqu’à cent tableaux.
Certaines comptent plus que d’autres, ainsi
celle de 1995, sa 65ème, celle de son
85ème anniversaire
et de ses noces de diamant. Un record, sans doute!... Par ailleurs, on
compte
plus d’une vingtaine d’expositions dans toute la
région, à Mulhouse, Colmar,
Strasbourg, Saint-Louis, Altkirch… Affiche de l’exposition de 1994
«Il
participe aussi à des expositions collectives, notamment
celles de la Société
des Artistes de Mulhouse à la SIM de 1939 à 1965,
au Salon des Artistes
français à Paris de 1937 à 1940,
à l’exposition «Les Vosges vues par les
artistes» à Colmar en août 1955, au
Premier Salon international de Cernay en
1979 et 1980.» (1) «Je
pars, je suis sur un sentier, je connais mon bonheur!...»,
déclare Joseph
Brenner, peintre paysagiste. Après la Provence, «sa nostalgie secrète»
(1) et
le Tessin, après les Vosges et le vignoble, il se consacre
à l’extrême douceur,
à la pacifique beauté du Sundgau, qui a fait du
calme son emblème, réputé vert paradis
dont l’artiste essaie de percer les secrets et de capter ce
qui survit au
modernisme invasif, générateur de
banalité et d’uniformité. En 1992 dans
une
interview accordée à André
Thévenot, Joseph Brenner s’interroge: «Je ne retrouve plus le temps des
moissons
que je comparais à une belle neige tant elle avait de charme
et de contraste
dans la symphonie de ses couleurs jaunes et, en
arrière-plan, un clocher qui
pointait. C’est rare,
aujourd’hui de
cueillir des coquelicots dans un champ de blé»
Même jugement attristé
devant l’infini des espaces
«vert-maïs» et les maisons aux
façades agressives. «Je
ne comprends pas que l’on accepte ces
tons violents, tel le rose vif.» Refuge du Rainkopf Huile
sur toile Goldbach Huile
sur toile
Les vues d’ensemble, panoramiques
à
l’occasion, alternent avec les trésors discrets,
voire cachés: une cour de
ferme, une fenêtre fleurie, un ancien four à pain,
une mansarde rustique, une
fontaine, un calvaire… «Parfois,
je
cherche pendant des jours entiers,
un
cadre pittoresque.» Fislis, Zillisheim, Froeningen,
Wittersdorf, Mertzen,
Eglingen,…comptent parmi les pépites de son
Sundgau éternel. Tagsdorf, Wittersdorf, 1985 Huile
sur toile Printemps à Zillisheim Huile
sur toile Froeningen Huile
sur toile Calvaire à Hochstatt Aquarelle Saint-Ulrich Aquarelle
Joseph Brenner est, par ailleurs,
connu comme un exceptionnel peintre de fleurs. Il capte
l’évanescence de ce
moment où les fleurs coupées sont
vouées à faner, à mourir. En les
peignant, il
les préserve pour toujours. C’est ainsi que
l’art devient réalité,
égalant la
nature. En outre, Joseph Brenner excelle dans ses dessins et ses
natures
mortes. Bouquet tricolore Huile
sur toile Les Lilas Huile
sur toile Les Glaïeuls Huile
sur toile Les Jonquilles Huile
sur toile Eglingen Encre
Paysagiste et, avant tout, excellent
aquarelliste, Joseph Brenner peint en plein air, assis sur son
siège pliant,
devant son chevalet astucieusement organisé.
L’aquarelliste, s’il veut évaluer
les valeurs, trouver les bonnes couleurs, la belle lumière,
celle qui éveillera
l’émotion du spectateur, se doit de peindre sur le
motif. «Avant de tracer un croquis
préalable à toute composition, picturale,
j’étudie la manière dont je vais
construire mon œuvre.» A l’aide
de son instrument de mesure: une petite
fenêtre rectangulaire découpée en
quatre parts égales, il cherche le meilleur
angle en plaçant le point fort dans l’un des
espaces. «Sur la toile,
c’est ainsi que la chapelle (St-Brice,
près
d’Oltingue) sera placée»,
confie-t-il
à André Thévenot qui l’a
accompagné ce jour-là. Il reviendra souvent sur
le
terrain pour parfaire son tableau. «Aujourd’hui,
les peintres prennent des photos et travaillent à la maison.
Les gens sont
surpris de me voir peindre en pleine nature. Dans ma toile, je mets
tout ce qui
est en moi, l’émotion…et le
sérieux». Eglingen Aquarelle Fislis Aquarelle Sous-Bois Aquarelle
Il crée ses œuvres au rythme
des
saisons. Dans ses jeunes années, il affrontait les sommets
des Vosges pour
saisir les paysages d’hiver «Parfois,
j’avais les pieds gelés…»
Plus
tard, moins alerte, il peignait des natures mortes, des bouquets,
à la morte
saison. Mais, «dès le
mois de juin je
prenais la route», tient-il à rappeler.
Interrogé sur son art, il affirme
à
Patrice Howald: «Je vois la chose
avant
de m’occuper du sujet. Je
suis très
classique…» Sa ligne de conduite: «Travailler
la lumière et rester pur dans la création sans
jouer faussement sur la palette
des couleurs.»
Rester fidèle aux
fondamentaux, rester fidèle à lui-même. Bord de l’Ill Huile
sur toile
«Tel est
aussi le message qu’il a voulu transmettre à ses
élèves pendant les trente
années de professorat à l’Ecole des
Beaux-arts de Mulhouse où il compte les
plus grands peintres parmi ses élèves» (4)
A la question: «Qu’est-ce
que vous attendez de la vie?» que lui avait
posée
Patrice Howald, Joseph Brenner a répondu: «Pouvoir
continuer à faire ce que j’ai à faire.
Dire «oui» à l’exigence qui
est en moi. -
C’est une manière
d’être
heureux? -
Oui, très» Laissons
le dernier mot à L.-P. Lutten qui, dans son hommage
«Un artiste-peintre
mulhousien, Joseph Brenner, sous le toit d’Ernest
Meininger» a dit: «Lorsqu’auront
cessé de
peintre ceux dont l’art est proche de celui de Joseph
Brenner, je crains fort
qu’aura disparu la race des artistes inspirés par
les Vosges, le Ried, le
Sundgau et qui savaient si bien nous les rendre dans leur pacifique
beauté» Jean
Brenner (1937 - 2009) Croquis par Christine Zeller
Jean Brenner est né à
Mulhouse, le 23
avril 1937. Il est donc le fils unique de Joseph
et de Rose Bruchlen, poétesse dialectale.
Dès 1945, il prend des cours de dessin
auprès d’Albert Morhain, professeur à
l’Ecole des Beaux-Arts de Mulhouse,
paysagiste et excellent portraitiste. En 1956, il rejoint cette
même école et
obtient, en 1959, le diplôme de dessinateur dans la section
publicité. Ses
études sont interrompues pendant 32 mois par la guerre
d’Algérie: expérience
traumatisante…. Il en rapporte plusieurs lithographies Fonds
Lang-Verly Plano © Ville de mulhouse Khamissa, frontière algéro-tunisienne Lithographie Fonds
Lang-Verly Plano ©Ville de Mulhouse Guelma, Algérie Lithographie Dédicace:
«A Mr Lang avec mes meilleures pensées» A son retour, il
prépare le C.A.F.A.S. (Certificat d’Aptitude à une
Formation
Artistique Supérieure) avec Léon Lang, professeur
d’histoire
de l’art et de dessin, qui lui donne sans doute le
goût de la gravure et de la
lithographie et Auguste Boeringer, alors directeur de
l’école, paysagiste à la
palette chaude et vivante. Il est également
l’élève de Charles Fuetsch,
excellent paysagiste qui rompt avec l’académisme
pour s’adonner à d’audacieuses
recherches dans une optique impressionniste. En plus de celles de son
père et
de Robert Breitwieser, leur influence sur sa carrière
d’artiste sera
particulièrement sensible.
Ses premières expositions
régionales,
à Mulhouse, Colmar et Strasbourg, remontent
à1965. Depuis 1969, il a organisé
de nombreuses expositions personnelles, notamment à
Strasbourg, Cannes, Nice,
Bruxelles, Bâle, New-York…A l’occasion
de ses 50 ans de carrière, la Ville de
Mulhouse lui a consacré, à l’automne de
2008, au Musée des Beaux-Arts, une
exposition rétrospective retentissante. Elle a
été vue par plus de 2500
visiteurs. Elle se composait de 105 œuvres,
réparties de manière thématique.
Il a, en outre participé à
d’importants salons et festivals. Notons ceux de Strasbourg
à la Maison d’Art
Alsacienne, Cannes,
Marseille,
Deauville, Juan-les-Pins, Lyon, Berlin, au Centre Culturel
Français, en 1971,
Heidelberg, au Festival d’Art Fantastique franco-allemand, en
1976, Genève,
Zurich, Grande-Bretagne, au Nicholson Institut, Leek, New-York, Padoue,
Milan,
Florence…
L’homme et l’œuvre ont
été distingués
à de nombreuses occasions en France et à
l’étranger: -
Second
Prix du Grand Prix International de peinture de Cannes en 1972 -
Palme
d’Or des Beaux-Arts de Monte-Carlo en 1974 -
Prix
d’Honneur du Grand Prix des 7 Collines de Rome en 1975 -
Médaille
d’Or et 1er Prix du Grand Prix
International d’Art Contemporain du
Palais du Rhin à Strasbourg en 1976 -
Médaille
de Bronze et Grand prix de Peinture à Juan-les-Pins en 1977 -
Prix
d’Excellence du salon d’Automne de Marseille en 1978 -
Médaille
d’Or, Europa Art à Colmar en 1979 -
Grand
prix de la Quadriennale d’Art Contemporain de Lyon en 1980 -
Prix
Albrecht Durer à Monte-Carlo en 1981 -
Médaille
d’Or au
Palais des Congrès à Strasbourg
en 1983 -
Prix
1984 de l’Académie Internationale de
Lutèce -
Prix
du Conseil Général du Haut-Rhin à
Mulhouse en 1998 -
Correspondant
du département des Beaux-Arts de
l’Académie d’Alsace, en 2001 -
Diplôme
d’Honneur de l’Académie
d’Alsace en 2005 -
Palme
d’Art du Festival de Cannes en 2007 -
Trophée
de la Culture Européenne à Strasbourg en 2007 -
Trophée
d’Honneur du Jubileum 70 à Colmar en
2008
Il
est également membre de l’Académie des
Beaux-Arts d’Italie. Ayant
le goût de l’expérimentation,
lauréat de 17 diplômes en art, Jean Brenner
s’essaie à une vingtaine de
spécialités. Peintre, sculpteur, musicien,
poète,
photographe, il maîtrise l’ensemble des techniques,
mais c’est la peinture qui
le rendra célèbre. Il acquiert une parfaite
connaissance du dessin, «dans la
pure tradition mulhousienne des
dessinateurs industriels.». (3) Bouquet Huile
sur toile Fonds
Lang-Verly Plano © Ville de Mulhouse Fleurs et fruits Lithographie Dédicace
– A Jacqueline Verly, avec mon admiration Nature morte au couteau Crayon INRI Modelage Céramique
Passionné des arts graphiques
dès ses
débuts, Jean Brenner devient «un
artiste
graphique très sensible, doté d’un sens
aigu des nuances presque picturales, même
lorsqu’il s’agit de noir et blanc.»
(DNA),
dans des techniques allant du monotype à la lithographie, en
passant par le
bois et l’eau forte. Jean Brenner donne, selon Roland Fischer
(in
L’Alsace), «un
aperçu éblouissant d’un talent en plein
épanouissement». BM
Plano © Ville de Mulhouse Marais Lithographie Rosine Monotype
Son goût de la tentative se manifeste
également sur ses toiles, son support
d’expression favori. Huile, acrylique,
laque, pastel gras, sanguine,
encre, lavis, sont ses domaines d’excellence. Il est par
ailleurs décorateur et
illustrateur. Parmi ses décorations, il faut citer celle de
l’Ecole Maternelle
de Brunstatt et la grande fresque sur verre d’un
cinéma mulhousien. Il illustre
« La Mare au Diable» de George Sand et une
œuvre personnelle «Si
Mulhouse m’était conté»
A la différence de Joseph, son
père,
il ne produit ni aquarelles ni gouaches et ne peint jamais en plein
air. Ses
paysages sont des souvenirs. Point
d’imitation…Dans la conception de son art,
le sujet (le thème) est secondaire. L’essentiel,
c’est l’acte de peindre. «Je
me situe au seuil de l’abstraction et le
motif n’est qu’un prétexte à
l’explosion
des couleurs» aimait-il à dire.
Pourtant, son inspiration est universelle:
la femme, les compositions de nus, les portraits, les fleurs, la mer,
l’Histoire et diverses références
culturelles, sont les facettes de sa
thématique. «Jean
Brenner ne cherche pas
à retrouver la réalité mais
à sublimer
le monde.» (2) BM
plano © Ville de Mulhouse Petite Muse Lithographie Naissance de Vénus Huile
sur toile «L’amour et les femmes ont
été mes principales muses,
j’ai toujours peint avec acharnement, épuisant
toutes les possibilités d’aborder
un modèle en des dizaines de variantes» Portrait Huile
sur toile Fonds
Lang-Verly plano © Ville de Mulhouse Hommage à Pablo, 1967 Lithographie Fleurs Huile
sur toile Marine Huile
sur toile
Son style est marqué par
l’harmonie, l’équilibre
de sa palette et la sublimation de la couleur «qui
lui est venue de ses Fleurs qui sont avant tout des taches de
couleurs, sujet qui l’a
mené à flirter avec
l’abstraction.» (2) Et ce, par le moyen
d’une matière épaisse et des couleurs
énergiques qui confèrent à ses marines
et
à ses paysages un dynamisme remarquable - la force du geste
– «Jean Brenner est un
artiste puissant; on
aime sa vision des choses, le dépouillement, voulu de ses
compositions et natures mortes»
(Hebdomadaire
Côte d’Azur)
Passionné de musique, il adapte ses
croquis de concerts, vifs et colorés, au style du
compositeur: «tendre pour Chopin,
échevelé pour Paganini»…(3) Rade de Toulon Huile
sur toile Ciel d’Orage Huile
sur toile Océan Technique
hybride
Notons que, selon la revue Moderne des
Arts (Paris), les tendances de Jean Brenner à la
«Nouvelle figuration»,
s’épanouissent en un art condensé,
malgré la diversité des techniques et des
formes d’expression. De quoi s’agit-il? La
«Nouvelle Figuration» est un
mouvement artistique qui, par opposition à
l’abstraction prédominante dans les
années 1950 se dirige vers une figuration narrative. Elle
voit le jour en 1964,
en réaction à la censure qui frappait
régulièrement les infos liées aux
«Evénements
d’Algérie» Elle utilise
l’actualité à des fins critiques.
En quoi Jean Brenner serait-il concerné?
Patrice Howald, dans son texte «L’Enfant de la
guerre», affirme que Jean
Brenner prône la fraternité vraie, la
vérité, la justice. «Il
enfonce le couteau dans la pâte des couleurs. Le stylo
crève le
papier. Il exige […], il dévore la
réalité et en fait SA
vérité.» Quant au
rédacteur
de la Revue Moderne des Arts, il se réfère sans
doute à son exposition
rétrospective organisée en 1994, à
l’Hôtel de Ville de Saint-Louis,
consacrée à
la période 1968-1994. Elle est exclusivement
dédiée au thème de
l’Histoire.
Elle se déclinait en trois volets, soit 53 œuvres:
Fortitude (Energie morale devant un
danger ou une souffrance) qui comporte notamment un hommage aux
«Malgré-Nous».
Overlord (Nom de code de la Bataille
de Normandie), huiles, monotypes évoquant Sword, Gold, Utah
Beach…
Dragoon (Dragon, soldat d’infanterie
montée) qui concerne le périple de la 1ère
Armée Française depuis le
débarquement en Provence jusqu’au nid
d’aigle de Berchtesgaden, la Résistance…
N’ayant pas pu contacter la
famille de Jean Brenner, malgré nos recherches, nous sommes
dans
l’impossibilité d’illustrer cet aspect
de la carrière de l’artiste.
Ses toiles sont chargées de souffrance
lorsqu’il évoque le retour des
Malgré-Nous ou
celui des soldats d’Algérie. «Ma
palette est alors devenue violente et sanguine,
mon geste brutal.», fait-il remarquer. (3) Au
préalable, Jean Brenner était en partenariat avec
la municipalité de
Saint-Louis qui lui a confié la réalisation de
l’affiche de la Foire du Livre,
en 1991 et 1992 L’œuvre
de Jean Brenner, émouvante, passionnée, est un
hymne à la nature et à la vie.
Celle d’un humaniste, ancré dans son
époque. Bibliographie
-
Me François Lotz – (1) Artistes-peintres
alsaciens de jadis et
naguère – Ed. Printek, 1987 -
Musée des Beaux-Arts de
Mulhouse - Dossier de presse
«Rétrospective» Jean Brenner
(2) - Musée des Beaux-Arts de Mulhouse – Jean Brenner, Rétrospective 2008 – (3) -
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