Culturel




" Une vie, une Oeuvre, pour le plaisir

   des passionnés d'Art Alsacien "                      

                               

  Monographies de Peintres Alsaciens par François Walgenwitz
francois.walgenwitz@sfr.fr


                          

Jean-Paul Ehrismann


Héritier de l'âme profonde de l'Alsace du Nord

Jean-Paul Ehrismann 7
Novembre 2000, Jean-Paul Ehrismann expose à la mairie de la Wantzenau
© JP-E

    

    

    «Scènes et images de «ma vie quotidienne» je vous porte en moi. Laissez-moi le temps de vous faire renaître sur le blanc d’une feuille de papier. Je vous dois bien cela.

    Si votre image, par le biais de mes aquarelles, suscite la même émotion chez ceux qui la regardent, c’est que vous êtes le reflet de préoccupations d’un caractère plus universel. Puissiez-vous renforcer l’intime conviction que rien ne disparaîtra jamais complètement et qu’au fond de nous-mêmes quelque chose nous permettra toujours de rester ce que nous sommes.»

    Cette prière que Jean-Paul Ehrismann adresse à son œuvre par laquelle il affirme solennellement la mission du peintre, est particulièrement émouvante. A travers elle, Jean-Paul Ehrismann nous interpelle. Il nous met en garde contre l’amnésie ambiante et la défaillance identitaire. Ses aquarelles ne donnent pas seulement à voir, mais aussi et surtout à ressentir, à réfléchir, à se souvenir…

 
    Jean-Paul Ehrismann est né le 13 mai 1944 à Seebach; Oberseebach, plus exactement, Ober et Niederseebach ayant fusionné en 1974.

Or si l’âme de l’Alsace est plus ou moins présente dans toute la petite province, c’est là, à Oberseebach, dans l’Outre-Forêt, que le «Heimatsgefühl» est le plus fort, le plus profond, le plus touchant. Il traduit l’amour que les Alsaciens d’Oberseebach portent à leur terroir; cet attachement étant l’essence même de l’âme de l’Alsace. Etre né à Oberseebach c’est en quelque sorte un cadeau du hasard dont l’identité gardera la marque indélébile toute la vie durant.

    «Alsacien, je le suis depuis ma naissance. Je suis tombé dedans en venant au monde en 1944 et dans cette région de l’Outre-Forêt qui est restée un peu à l’écart un demi-siècle durant. Je porte le prénom d’un oncle disparu sur le front russe en 1943. Ma langue maternelle est l’alsacien. Avec de tels marqueurs, il est difficile de ne pas y être sensible. Je continue à pratiquer l’alsacien sous les deux parlers, le francique du Nord et l’alémanique de Strasbourg. J’aime parler allemand.»



Jean-Paul Ehrismann 8Dépliant touristique présentant Seebach
© JP-E



Le plaisir de dessiner faisait partie de ma dotation de naissance

 

    
    «C’est Hohannes Jacob Ehrismann venu de Suisse après la guerre de Trente Ans, vers 1650, qui débute la lignée Ehrismann à laquelle se rattache le vitrier d’art Joseh Ehrismann, de même que moi sans être un descendant direct de ce dernier». Ses grands-parents habitaient en face de l’église catholique dans le «Underdorf» Ce n’est cependant pas là qu’il a vu le jour mais dans l’actuelle rue des Romains qui, comme son nom le suggère, était une ancienne voie romaine, dans une petite maison un peu à l’écart du village, adossée au talus boisé d’un chemin creux Très tôt, bien avant qu’il sache lire, écrire et compter, il aime s’adonner au dessin et au coloriage. Ces dispositions n’ont donc pas attendu l’école pour s’exprimer. «Quand j’étais petit, j’étais l’enfant le plus sage du monde quand on me donnait un crayon et un bout de papier. Le plaisir de dessiner faisait partie de ma dotation de naissance… Le plus difficile était de trouver du papier blanc, vierge. Dans le monde de mon enfance, après la guerre, c’était une matière rare».

    A l’école primaire, lors des cours de dessin, le maître laissait à ses élèves une grande liberté dans le choix des sujets et dans leur interprétation. «Je me souviens du sujet de l’épreuve du certificat d’études primaires. On nous demandait d’illustrer une étiquette de vin. Le traitement humoristique du sujet m’a valu les bonnes grâces du correcteur. Je ne dis pas que la note m’a permis de passer avec succès l’examen, en tout cas les bons résultats m’ont permis d’intégrer le secondaire».

    Au collège et lycée Stanislas de Wissembourg, c’est Charles Herbert qui fut son professeur de «dessin», comme on disait à l’époque. Artiste peintre et sculpteur, il était membre de l’AIDA. Apprécié pour les fins coloris et la luminosité juste et sensible de ses œuvres, Marc Lenossos reconnaît en lui un «paysagiste attachant». Des commandes publiques lui ont permis d’édifier plusieurs monuments dans la région. Jean-Paul Ehrismann avait beaucoup d’estime pour lui; cependant il regrette de ne pas avoir pu profiter de son enseignement comme il l’aurait souhaité car, dit-il: « les cours de dessin, dans le secondaire, délivrés à des élèves souvent dissipés voire chahuteurs, n’étaient pas l’espace idéal pour allumer la flamme et ouvrir la conscience à la beauté et à l’harmonie».



Des études d'ingénieur sous le signe du développement durable


    Son plaisir de dessiner a dû être mis à l’écart pendant la durée de ses études commencées à Strasbourg et poursuivies à Lyon. Il était bon élève au lycée, notamment en maths. Il a plusieurs années de suite obtenu le Prix d’Excellence. Comme il n’y avait pas de terminale «Math-Elem» à Wissembourg, le proviseur a obtenu de son homologue du lycée Kléber qu’il soit admis dans son établissement, en internat. «Muni du bac en fin d’année, la voie pour une école d’ingénieur s’ouvrait à moi. Ce fut pour des raisons de limite d’âge, l’INSA de Lyon-Villeurbanne. Cette école en était à sa 8ème année d’existence. Créé en 1957 par le philosophe Gaston Berger et le recteur Jean Capelle, l’INSA se caractérise par des méthodes pédagogiques innovantes, un engagement humaniste et un modèle ouvert à toutes les différences d’origine, de culture et de milieu social. Le métier d’ingénieur s’est démocratisé et, inscrit avant l’heure, sous le signe du développement durable. Mon choix de spécialité s’est porté sur les techniques relatives au développement de l’urbain: génie urbain.

    «C’est à Mulhouse, aux Services Techniques de la Ville que j’ai exercé mon métier pendant les quelques mois qui me séparaient des obligations militaires. J’ai demandé et obtenu d’effectuer un service civil dans le cadre de mon métier en tant que coopérant. C’est au Ministère de l’Agriculture de la République Islamique de Mauritanie que j’ai été affecté en vue de l’aménagement d’une rizière. De retour d’Afrique, je suis entré à la Communauté Urbaine de Strasbourg, au Service de l’Assainissement. Toute ma vie active a été dédiée à la gestion des eaux usées et eaux pluviales du territoire communautaire».

Une rencontre providentielle


    Si Jean-Paul Ehrismann participe, en 1977, à une première exposition à la mairie de Seebach en compagnie d’autres artistes du village, c’est, dit-il, avec ses «premiers balbutiements»: des dessins au crayon, à l’encre de Chine, des essais d’estampes… Sans avoir jamais suivi de cours ni pris de leçons particulières, il devient membre des associations «Les Arts Plastiques de Strasbourg» et «Estampes du Rhin» Il participe à leurs activités notamment les expositions collectives. «Ces associations m’ont aidé à grandir et prendre confiance en mes moyens. C’est sans doute pour cette raison qu’est arrivé le moment pour moi de «voler» de mes propres ailes».

    Les conditions profondes de cet essor vivent en lui depuis longtemps. Tout d’abord «un réservoir d’images indélébiles» qui lui vient du cadre de vie de son enfance heureuse: Seebach et l’Outre-Forêt. Ensuite, un stock de milliers de photos prises avec un appareil acquis quand il avait vingt ans et qui lui a servi d’outil pour exercer son regard et collecter les «moments de grâce fugitifs». «C’est fort logiquement que l’envie de transformer ces photos en images peintes a pris de l’importance au point de s’imposer comme un besoin vital et épanouissant.» Enfin, c’est l’admiration qu’il porte à René Kuder (1882-1962) du Val de Villé, le maître de l’aquarelle alsacienne de la première moitié du XXème siècle qui, dans son art, avait atteint le carrefour où se rencontrent l’enfant, le sage et l’adorateur. «Ses dessins et peintures m’ont clairement fait comprendre que l’aquarelle serait ma technique de prédilection» et, c’est aussi, sa sympathie pour Louis-Philippe Kamm (1882-1959) dont l’œuvre est la respiration même de la terre où il est né: l’Outre-Forêt et qui fut le témoin providentiel d’une culture rurale authentique, celle de Schleithal et d’Oberseebach où il a habité à la fin de sa vie. «Il a beaucoup œuvré au maintien des traditions et du costume, il a fait mûrir mon regard quant au cadre de vie de ma prime enfance et quant à la population locale».

    Mais, comme souvent dans la vie, il a fallu un déclic, une rencontre providentielle. Elle s’est produite pour Jean-Paul Ehrismann, au Lesconil dans le Sud Finistère, au bord du Ster, en la personne de Jean-François Arrigoni-Neri.

 Jean-PaulnEhrismann 9

Aquarelle de J.-F. Arrigoni-Neri dédiée à son ami J.-P- Ehrismann

© JP-E


 

    Elle s’est produite à une époque où la vie normée dans laquelle il s’était installé – fin des études, vie professionnelle, mariage, cinq enfants, appartement – était d’une grande conformité. «La route des certitudes avait nivelé les friches de l’enfance où croissaient en toute liberté les herbes folles telles le dessin, la peinture».

    Mais, laissons à Jean-Paul Ehrismann, lui-même, le plaisir d’évoquer cet éblouissement: «Ce jour-là, la peinture et son servant, Jean-François Arrigoni-Neri, sont entrés dans ma vie. Sous mes yeux médusés, j’ai assisté à la transmutation d’un paysage de Bretagne, fait d’eau, de roches, de sable, de pins, de maisons aussi, de ciel, de vent, de senteurs marines, de lumière bretonne – celle qui hésite entre deux nuages -, de cris de mouettes en un tableau par le biais d’une subtile alchimie. Le geste précis, l’œil affûté, la main sûre, l’artiste semblait animé d’une force qui le dépasse, qui lui fait retrouver le geste du créateur». Les deux hommes sont restés en contact. Le temps qui passe a ajouté la maturité à la qualité et à la chaleur de leurs échanges. L’admiration de Jean-Paul pour Jean-François est restée intacte: «Il est resté fidèle à la beauté qu’il sait révéler. Son art est une médiation par laquelle la grâce, le plaisir d’être en vie, en relation et de faire partie du monde deviennent visibles. C’est la fidélité à ces principes qui en fait un homme debout. C’est en cela qu’il est rare et cher à nos cœurs».

 

Jean-Paul Ehrismann 10
La chapelle de Tronoën, 1984 - Aquarelle
© JP-E


Jean-Paul Ehrismann 11
Eglise catholique de Seebach
, 1982

Une de ses premières aquarelles
© JP-E



L'aquarelle pour partager ses émotions

           

    Désormais, c’est par l’aquarelle que Jean-Paul Ehrismann partagera ses émotions, témoignera du monde qui l’a vu naître, chantera les louanges des haut-lieux de sa chère province, les reflets fidèles de l’âme profonde de l’Alsace.

    De classique au début, la touche devient progressivement impressionniste. Il passe d’un art descriptif qui représente les villages et les paysages avec un certain réalisme à un art plus expressif, plus poétique. «J’ai d’abord dessiné pour voir, ensuite  pour ressentir. Mon souci principal est la recherche de l’esthétique. A titre d’exemple, je peux peindre un ciel en jaune si l’harmonie des couleurs le demande…. Je ressens des émotions pour des choses que les autres ne remarquent même pas. Un ciel de pluie peut être d’une beauté magnifique. Je me laisse aussi séduire par le vent même s’il inspire la peur parfois».

    Cette nouvelle approche est l’écho du choc émotionnel que l’artiste a éprouvé lors d’un voyage à Berlin, au contact des œuvres de Caspar David Friedrich (1774-1840) qui a déclaré: «Ce qui a une importance véritable, ce n’est pas la chose en elle-même mais ses relations avec l’âme». On pourrait voir dans cette phrase la profession de foi de tous les romantiques allemands.

    Sa méthode consiste à photographier ce qui touche sa sensibilité et à transcrire sur papier Canson les paysages, les bouquets, les natures mortes auxquelles l’aquarelle confère fraîcheur et luminosité. «J’aime la spontanéité de l’aquarelle. Elle ne supporte pas la retouche. Ce qui ne me convient pas disparaît. J’aime sa légèreté, sa transparence, sa fluidité qui conviennent à ma nature. Il faut qu’on sente que c’est fait avec de l’eau. Cela ne doit pas être besogneux».

    Le vrai bonheur, c’est quand on sait capturer les éclairages, les moments fugitifs. Mais, c’est là le fruit de longues années de recherches, d’expérimentations. On n’arrive à rien sans travail, affirme-t-il haut et fort. «Trop d’artistes font croire qu’on peut bien peindre sans travail. Ce n’est pas mon avis». Comme quoi, il y a beaucoup d’opiniâtreté et d’efforts pour aboutir derrière le calme charmeur des compositions apaisées de Jean-Paul Ehrismann.

    Travailleur infatigable, parce qu’il est un homme de passion et de défi, Jean-Paul Ehrismann a bâti une notoriété unanimement reconnue notamment en Alsace du Nord où il s’est fait connaître et apprécier par ses innombrables aquarelles, œuvres représentant des villages, des paysages, des costumes régionaux, des scènes de la vie quotidienne du temps de son enfance, dans les années 1950, ses cartes postales très prisées par les collectionneurs à cause de leur tirage limité, ses cartes de vœux personnalisées, ses étiquettes de vin, son calendrier mural «En passant par l’Alsace» représentant pour chaque mois une localité emblématique de l’Alsace où Wissembourg et Seebach tiennent la vedette; il en est à la 29ème édition , en deux versions pour 2015, année exceptionnelle en raison du millénaire des fondations de la cathédrale.


Jean-Paul Ehrismann 12La Streisselhochzeit
© JP-E




Des images indélébiles, source d'attachement et d'amour


   

    Il est très présent depuis plus de trente ans dans bien des villes et villages de sa région à travers de nombreuses expositions collectives et individuelles. A Seebach, bien sûr, rue du Château d’Eau, dans l’intimité de son atelier mais aussi à Pfaffenhoffen, à Hoenheim, à la Wantzenau, à la Maison rurale de l’Outre-Forêt, à Wissembourg, à la bibliothèque d’Obernai…

    Les œuvres exposées témoignent de «son» monde disparu. «Ce sont des images resurgies du fond de ma mémoire et de mon cœur au contact des réalités quotidiennes faites de concessions à la modernité, au progrès, qui ont ébranlé mes certitudes».

    Ce sont d’abord et avant tout des images de son village natal: Oberseebach, un des villages les plus typiques de l’Outre-Forêt avec «ses hautes bâtisses à pans de bois aux angles sculptés peints en noir ou en bleu-ciel qu’on entretenait soigneusement depuis plusieurs siècles pour les transmettre aux plus lointaines générations». (Claude Vigée), Oberseebach qui avait cette particularité d’être pour moitié catholique et pour moitié protestant. Oberseebach se distinguait aussi par l’esprit conservateur de ses habitants qui sont restés, plus longtemps que partout ailleurs, fidèles au cérémonial des mariages, baptêmes, enterrements, selon les mêmes rites solennels. C’est à Oberseebach que le costume traditionnel fut effectivement porté jusque dans les années 1950. Contrairement à tant d’autres, ce n’était pas un déguisement folklorique, costume qui différait selon le sexe, l’âge, le statut social mais aussi la confession, costume le plus seyant, le plus plaisant, voire le plus grandiose…

    Oberseebach, village discret, mais où palpite une vie intérieure riche et profonde à laquelle Jean-Paul Ehrismann est particulièrement sensible. Il la fixe, il la ressuscite telle qu’elle se manifestait dans son décor enchanteur, dans les manifestations de son antique civilisation et dans les gestes les plus simples et pourtant indispensables du monde rural.

«Images indélébiles, source d’attachement et d’amour. La sensualité du paysage fait de rondeurs et de vallonnements. Les champs formant des rectangles aux teintes variées entrecoupés de bouquets d’arbres aux verts profonds.

    Le clocher d’une église couvant sa nichée de maisons fardées de fleurs. Les pans de bois des maisons, les silhouettes dénudées des arbres sur fond de neige, réduisant le paysage à une gravure noir et blanc, à la force magique et pénétrante.

    Scènes traditionnelles, empreintes de force tranquille, partie intégrante d’une identité indissoluble.

    Scènes de Noël et son Christkindel, lapin de Pâques, courses hippiques, mariage ou conscription.

    Scènes de la vie rurale, concours de bovins ou de chevaux, moissons, battage des céréales, récoltes, distillation.

    Scènes de labour, l’odeur de la terre retournée, le vol des oiseaux à l’affût. La perspective remarquable des sillons ouverts par le soc de la charrue.

    Scènes religieuses, rogations, à travers champs, processions.

    Scènes de restaurant où les habitués ont su établir autour des tables tout un rituel, signe d’une convivialité qui réchauffe le cœur.

    Scènes d’hier et d’aujourd’hui, réglées par le rythme des saisons.»

    Ce sont aussi, liés étroitement à son village natal, des souvenirs d’enfance, retour chargé d’émotion et de tendresse sur des instants de bonheur: «Je passais mes journées à jouer dans les talus, à grimper aux arbres et à faire des cachettes dans les buissons. C’était un univers magique peuplé d’animaux, d’oiseaux, de fleurs, de couleurs. Les saisons n’arrêtaient pas de transformer l’environnement. Les émotions nées dans mon enfance sont restées à jamais gravées dans ma mémoire».  Heureux celui qui a su garder son âme d’enfant!...



Jean-Paul Ehrismann 13




Jean-Paul Ehrismann 14Dessins et textes de Jean-Paul Ehrismann


   

    

Parmi ses nombreuses expositions, il convient de distinguer «L’Art dans les cours de Seebach» Cette manifestation, initiée par Jean-Paul Ehrismann, président de l’association «Château d’Eau», occupa depuis 1995 jusqu’en 2002, le week-end du 14 juillet.

Chaque année Jean-Paul Ehrismann rassemblait autour de lui des artistes venus de près ou de loin – d’Allemagne comme Hans Amolsch et Lisa Krautheim, du Québec, comme Louise Lincourt, par exemple Il a aussi pu s’appuyer régulièrement sur des talents locaux comme le danseur de buto Dominique Starck, l’aquarelliste Martine Laforce et son mari Edouard Dabrowski, photographe d’art, Christophe Carmona, illustrateur passionné de patrimoine… Cette fête n’aurait sans doute jamais pu exister sans l’investissement bénévole de Sylvie Reff, de Marcel Ehrler, de Roland Engel, de Serge Rieger et de bien d’autres….

L’objectif était de permettre à toute personne qui exerce une activité artistique, professionnelle ou en tant qu’amateur de montrer son savoir-faire. «Rendre l’art et la culture abordables» précise le président. Et ceci dans un large panel de techniques sans restriction de styles: peinture, aquarelle, peinture sous verre, sculpture, céramique d’art, chant, poésie, conte, photo, danse, art floral… L’événement se déroulait tout au long de la Rue des Eglises, dans au moins une quinzaine de cours de fermes transformées pour l’occasion en lieux d’exposition ou de scènes de spectacle. A l’instar de la «Steisselhochzeit» - le mariage au bouquet - célébrée le week-end suivant, c’est tout le village qui participait à ce rendez-vous atypique dont le caractère original et transfrontalier, parmi les fêtes d’été au cœur de l’Europe, lui a permis d’être placé sous l’égide des «Rencontres du Rhin supérieur».

        Jean-Paul Ehrismann, très reconnaissant salue «cette marque d’ouverture et de qualité de vie qui donne au village une aura dont il soigne l’éclat tous les ans à l’occasion de la «Streisselhochzeit» depuis 33 ans».


Jean-Paul Ehrismann 15
D'r Meiselocker - Aquarelle
© JP-E


   Des ouvrages qui connaissent une large diffusion

    Jean-Paul Ehrismann a publié un grand nombre de cartes postales portant sur ses thèmes favoris de Seebach, de la «Streisselhochzeit», de Strasbourg… Il est également l’auteur d’un dépliant touristique présentant Seebach ainsi que de la flamme philatélique du village. Il a réalisé plusieurs ouvrages qui connaissent une large diffusion. La duplication, à l’instar du poème et de la composition musicale, redonne éternellement vie à l’œuvre du peintre. La reproduction la pérennise; page après page chaque tableau connaît une nouvelle vie.

    1992 – «Un maire dans l’Histoire» aux éditions Coprur. Textes et dessins. Traduction des mémoires de Georges BAYER, maire de Seebach de 1945 à 1983. Trente-huit ans de dévouement: le parcours d’un homme exceptionnel et un hommage rendu conjointement à Seebach par le biais d’aquarelles mettant en images des scènes traditionnelles.

    1997 – «Strasbourg Symphonie». Portfolio de 24 aquarelles de Strasbourg accompagnées de 16 poèmes de Sylvie REFF. (Editeur d’Art, Gérard Klopp de Thionville). Livre d’art original. Les deux artistes évoquent à leur manière l’ambiance strasbourgeoise au fil des saisons. Une réussite du talent et de l’amitié.

    2004  «l’Esprit d’une Ville». Livre d’aquarelles sur Strasbourg avec des textes de Robert WERNER – (Editions de la Nuée Bleue). Aquarelles surprenantes et fidèles à la fois, créatrices d’ambiances qui privilégient les jeux de lumière, elles sont en harmonie avec un texte captivant de Robert Werner, ancien grand reporter, très actif dans le domaine du Patrimoine. Il décrit le Strasbourg de ses rêves et de ses pas, fasciné par l’écho de ceux qui ont fait l’histoire de sa ville et qui s’animent sur son passage.

    2004 – «Rives du quotidien» Recueil de textes de nature poétique. (Editions BF)

Pour en savoir plus:
http://lesrivesduquotidien.blogspot.htm

    2008 – «Le Chant des Saisons» avec Sylvie REFF. Un ouvrage illustré de scènes et de portraits ayant trait à la vie quotidienne d’avant la mécanisation d’une communauté villageoise du Nord de l’Alsace. – (Editions Coprur) Les textes de Sylvie Reff et les aquarelles de Jean-Paul Ehrismann se répondent admirablement.

    Le livre est préfacé par Claude Vigée qui, dans un texte ému et émouvant raconte une belle journée passée à Seebach en compagnie de son grand-père. Il évoque notamment «cette sorte de noblesse paysanne héréditaire qui existait encore avant 1939». Il rappelle aussi le paradoxe de la vie en commun des Juifs et des chrétiens – telle qu’elle se déroulait dans le village – «pendant cette période relativement clémente de l’histoire alsacienne qu’on désigne aujourd’hui sous le nom de «Belle Epoque» avant la boucherie de la guerre de 1914-18 et les horreurs de la Shoa qui la suivirent de près».



Jean-Paul Ehrismann 16Accord parfait entre la poésie de Sylvie Reff et l'aquarelle de J.-P. Ehrismann


    2009 – «A travers l’Alsace» sur des poèmes de Lucien BAUMANN. Des aquarelles chantant la beauté de notre région. – (Editions Coprur.) «Les textes magnifient aussi bien l’Alsace profonde avec ses lieux-dits, ses monuments incontournables, ses particularités, sa nature, que l’Alsace gourmande avec ses spécialités dont la «choucroute versifiée», qui est plus que royale (DNA)». C’est un alsatique en vers dit Jean-Paul Ehrismann dont les aquarelles subliment les mots du poète.

 
    2010 – «Notre Cathédrale» Aux Editions de la Nuée Bleue. Avec le chanoine Bernard ECKERT ancien archiprêtre, un familier, voire un intime de l’édifice grâce à une expérience de plus de seize ans au service de la cathédrale. Ce livre est une alchimie entre textes, photos et surtout aquarelles entraînant le lecteur vers une atmosphère lumineuse. «Leur souhait: que cet ouvrage ouvre les yeux et le cœur des visiteurs, qu’il leur fasse ressentir la continuité du travail de générations de bâtisseurs, qu’il ait, enfin, pour ambition, selon l’expression de Mgr GRALLET, archevêque de Strasbourg, dans la préface: de «rendre visible l’Invisible».

    2014 – Contribution à l’ouvrage collectif édité par «Voix d’Encre» sur le thème du «Paysage», soit le dixième de la collection «Bouche à Oreille». Extraits de textes du Chemin de Compostelle.


Jean-Paul Ehrismann 17
La Rose de la Cathédrale - Aquarelle
© JP-E




Le temps de la méditation, de la réflexion

   

    Dans son œuvre tourné vers le passé sans pour autant s’engluer dans la nostalgie, Jean-Paul Ehrismann a interrogé le rapport au temps de nos prédécesseurs: «durcis au soleil de l’été et au froid de l’hiver sans jamais rechigner, durs à la tâche, inébranlables dans les épreuves, se soumettant aux aléas de la vie sans jamais douter de la divine Providence tels furent ces paysans qui composaient les communautés villageoises qui ont fini par disparaître sous les coups de boutoir de la modernité». Il est persuadé que certaines de leurs valeurs mériteraient d’être réactualisées à nos modes de vie contemporains: retrouver le bon sens, se redécouvrir en relation avec les parents, les voisins, le prochain, vivre en bonne harmonie avec la nature, prendre son temps. «Le temps, à l’époque, était cyclique, il était calé sur le rythme des saisons, des travaux des champs, des dimanches et fêtes religieuses selon un rituel qui semblait immuable. Ainsi, l’hiver était une période de repos, de récupération, de remémoration. Décembre qui culminait avec l’avènement de Noël et l’arrivée de l’Enfant, était par excellence le temps propice à travailler le terreau de notre intériorité, promesse de fruits futurs».

    Fidèle à ces principes, Jean-Paul Ehrismann s’est donné le temps de la méditation et de la réflexion en se pliant à l’exigeante épreuve du Chemin de Compostelle. Entre 2007 et 2014, il a parcouru à travers l’Europe maints «chemins d’accomplissement» qui confluent au Campus Stellae. Il s’est dépouillé du train-train qui sert de mode d’emploi de la vie, il a fait l’expérience du manque. Mais, il s’est ouvert aux plaisirs de la découverte et aux hasards de la rencontre. Il a redécouvert l’intimité avec la Nature comme le lui suggéraient les tableaux de Caspar David Friedrich.

    «On revient autre d’un tel voyage, affirme-t-il. Le chemin est vivant, chargé, enrichi de joies, de prières et de souffrances. De l’énergie en action à laquelle le pèlerin ne peut pas répondre en touriste ou en consommateur. Aussi concrète que l’empreinte dans la poussière du chemin est l’empreinte dans le cœur du pèlerin».

    On ne mesure sa valeur que sur le Chemin, dit Jean-Christophe Rufin.

    Cette expérience a «donné plus de densité» à ses aquarelles et elle l’a sûrement conforté dans sa conviction que «nous sommes les héritiers d’une civilisation qui repose sur des valeurs démocratiques telles que la liberté… le respect de la personne humaine, la responsabilité de chacun face à sa vie».

 

    Au-delà de son œuvre picturale, il se veut passeur de messages qui nous enjoignent à «nous enrichir de nos différences. Et enfin assumer ce qui fait notre spécificité d’humain, notre capacité à la transcender, le développement de la vie spirituelle, ce qui fait de nous des êtres debout: notre aspiration vers le haut».


Jean-Paul Ehrismann 18
Jean-Paul Ehrismann sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle
© JP-E



    Distinctions

        Jean-Paul Ehrismann a été honoré en 1985 du Prix public Henri LOUX et en 2005 du Bretzel d’Or (Kunstmolerei) dans la promotion Beatus Rhenanus

 


   

Portfolio


Jean-Paul Ehrismann 19Eau forte - Estampe du Rhin - 1981
© JP-E




Jean-Paul Ehrismann 20Les oies de Bawel - Aquarelle
© JP-E





Jean-Paul Ehrismann 21Labours - Aquarelle
© JP-E







Jean-Paul Ehrismann 22

La Sauer - Aquarelle
© JP-E




Jean-Paul Ehrismann 23
Paysage - Aquarelle
© JP-E





Jean-Paul Ehrismann 24

Sous-Bois - Aquarelle
© JP-E




Jean-Paul Ehrismann 25 Le Quartier de l'église Saint-Guillaume - Aquarelle
© JP-E



Jean-Paul Ehrismann 26
La Cathédrale - Aquarelle
© JP-E




Jean-Paul Ehrismann 27
Les vertus terrassant les vices - Aquarelle
© JP-E



Jean-Paul Ehrismann 28

L'Aubette - Aquarelle
© JP-E



Jean-Paul Ehrismann 29

Eglise et pont Saint-Guillaume - Aquarelle
© JP-E




Jean-Paul Ehrismann 30

Vergissmeinnicht - Aquarelle
© JP-E




Jean-Paul Ehrismann 31

Choucroute - Aquarelle
© JP-E




Jean-Paul Ehrismann 32
Etiquette de vin
© JP-E




Jean-Paul Ehrismann 33
Le berger - Lavis
© JP-E



Jean-Paul Ehrismann 34
La flamme philatélique de Seebach





Jean-Paul Ehrismann 35
Nature morte - Aquarelle
© JP-E




Jean-Paul Ehrismann 36
Carte de menu - Aquarelle
© JP-E



Jean-Paul Ehrismann 37

Aquarelles
© JP-E



Mention Légale: Tous droits réservés. Aucune reproduction même partielle ne peut être
faite de cette monographie sans l'autorisation de son auteur.