Culturel
" Une vie, une Oeuvre, pour le plaisir
des passionnés d'Art Alsacien "
francois.walgenwitz@sfr.fr
Inès Wagner (1925-2020)
Un art délicieusement féminin
Inès Wagner
Inès est née le 26 août 1925,
à Baden-Baden dans la famille Schnurr. Baden-Baden, la
façade classique de son Kurhaus,
la nature, tout autour, agencée dans le meilleur style
anglais… Etant née dans
un tel cadre, Inès Wagner était, bien
évidemment sensible à la beauté des
choses et, en l’occurrence, à
l’élégance
des princes et artistes qui s’y promenaient pour leur plus
grand plaisir. Dès
son enfance, elle a été attirée par
les arts graphiques. Après des études
secondaires suivies dans sa
ville natale, elle entre à l’EADS de Strasbourg
où elle suit, jusqu’en 1944,
des cours de dessin académique (nu, aquarelle), des cours de
dessin de mode et
de costumes, sous la conduite de Madame Ruland,et de Messieurs Kamm,
Allenbach
et Solveen. En 1944, retournée à Baden-Baden,
elle travaille pour un journal de
mode, «Die Frau» et des maisons de couture
allemands. Aquarelle
Aquarelle
Inès
Wagner a accompagné le Barabli dès ses premiers
pas,
lorsqu’il se produisait à l’Aubette dans
une petite salle où conduisait le
fameux escalier de Hans Arp. A cette époque, le rationnement
était encore une
triste réalité et les rideaux de
l’appartement des Muller servaient de tissu
pour les costumes. Etant devenue, dès lors, la
costumière exclusive du Barabli,
Inès a su exprimer dans ses maquettes les moindres nuances
des traits de
caractère des personnages qu’elle habillait: leur
élégance, leur harmonie de
formes et de couleurs, leur authenticité par rapport
à une mode ou une origine
ethnique…et ce, à travers des aquarelles et des
gouaches d’une spontanéité
séduisante, amusante et tellement efficace. Aquarelle
Crayon
aquarellé
Pastel,
rehauts de blanc
Gouache
Aquarelle
Gouache
Encre
aquarellée
Encre
aquarellée Différentes
manifestations ont marqué, durant
l’été 1996 le
50ème anniversaire du Barabli. «Leur
diversité témoigne à la fois du
souvenir très fort que Germain Muller a laissé
en Alsace et des aspects multiples de la vie d’un
théâtre qui
ne se voulait pourtant que simple
cabaret.» (2)
Le
costume, constituant un de ces domaines à part
entière, Inès Wagner a organisé
dans la galerie d’Art du Musée de la Chartreuse
à Molsheim, une exposition,
jugée «très sympathique»,
inaugurée le 1er Août. Elle
lui permit
d’ajouter une trentaine d’aquarelles folkloriques
aux maquettes de la troupe de
Germain Muller qui mettent pleinement en lumière les
différents aspects du
talent d’Inès On
sortait de ce panorama enrichi et convaincu, d’une part,
de la richesse d’un terroir prospère, intelligent,
bien doté par la nature et
le climat où vit un peuple «né
coiffé», d’autre part,
impressionné et séduit de
la diversité des coiffes et des costumes; car il y en avait
beaucoup au
Barabli. Epousant les scénarios les plus
échevelés du chantre de
l’identité
alsacienne, faisant apparaître nos contemporains en
américains ou en chinois,
Inès Wagner n’a pas cessé
d’aquareller les costumes, les décors dont les
maquettes nous ont restitué la vie
éphémère et nostalgique, le temps
d’une
revue. Après
1960, Inès Wagner produit des maquettes de costumes
pour le théâtre Municipal de Strasbourg et pour
l’Opéra du Rhin Aquarelle
Aquarelle
Journal:
«Bonjour» Journal:
«Bonjour» Concernant
le Dernières
Nouvelles de Strasbourg, en plus de l’illustration
des épisodes de romans
populaires, elle réalisait des affiches qui
annonçaient les fêtes marquantes du
calendrier Aquarelle Aquarelle Les
villes de Strasbourg et Rosheim, le Musée de la
culture, «La Folie Marco» de Barr, ainsi que
d’autres instances ont fait appel
à Inès Wagner. Des affiches remarquables de
poésie, de dynamisme,
d’élégance,
en résultèrent. Aquarelle
Aquarelle
Aquarelle C’est
dans ses créations personnelles qu’Inès
s’exprime
vraiment pleinement et avec autant d’aisance dans les
aquarelles de petit
format: des fleurs, des paysages, que dans des œuvres plus
importantes comme ce
triptyque Aquarelle
Pastel Laque C’est
l’aquarelle qui constitue sa technique de
prédilection. Depuis 1982, elle pratique
fréquemment la gouache, les pastels,
particulièrement lumineux et, de connivence avec Louis, son
mari, brillant
expert dans cet art si délicat, les laques dont un paravent
de cinq volets. A
l’exemple de Louis, également, l’art
sacré occupe une place importante dans
l’œuvre d’Inès. Il est vrai
qu’il n’y a pas d’art sans rapport avec
la
transcendance. Aquarelle Aquarelle
Aquarelle
Aquarelle
Laque Art
sacré Crayon
aquarellé Vierge
à l’Enfant Laque Spécialiste
du dessin de mode et de costume de théâtre,
Inès Wagner en vint tout naturellement au costume alsacien.
Certes, soucieuse
d’authenticité, elle ne s’est pas
contentée d’un inventaire classique, simplement
documentaire. Chacune des œuvres qu’elle
réalise et qu’elle expose, est avant
tout une pure merveille. En l’occurrence, ce fut en 1989
à Molsheim dans les
salles du Prieuré des Chartreux. «Du
Nord au Sud, et à travers les
siècles,
écrit Jean Christian, elle nous
révèle
une Alsace pleine de finesse et de charme et des personnages aussi
attachants
que séduisants. Les couples sont gracieux et les femmes ont
cette beauté un peu
rêveuse et mélancolique de celles auxquelles Louis
Wagner nous avait jadis
habitués et dont nous sommes nombreux à
rêver encore bien des années après sa
disparition […] Il ne faut pas oublier que chaque
détail des costumes de jadis
avait une signification particulière, contribuant souvent
à faciliter les
relations humaines. L’art de se vêtir faisait
beaucoup plus partie de
l’art de vivre.» Ce que Charles Spindler
et Henri
Loux ont clairement et admirablement démontré de
leur côté. Artiste
sensible, Inès sait jouer avec des coloris si fins,
évanescents, dans des aquarelles bleues-mauves ou beaucoup
plus présentes dans
de petites toiles «jolies comme des
laques». La somptuosité et la
variété du costume alsacien sont très
bien
rendues par Inès, une artiste qui a toujours
montré, dans ses œuvres, son
intérêt pour l’Alsace. Aquarelle
et crayon
Aquarelle
Encre Aquarelle
Aquarelle
Aquarelle
Gouache
(Hoffen
et Geispolsheim?) Aquarelle Sans
quitter le mode figuratif, Inès Wagner s’est
évadée
par des chemins qu’elle a tracés
elle-même pour son plaisir, adoptant ainsi le
précepte de Baudelaire: «Aucun
poème ne
sera si grand, si noble, si véritablement digne du nom de
poème que celui qui aura
été écrit pour le plaisir
d’écrire
un poème.» Ce qui vaut pour la
poésie vaut assurément pour
l’œuvre peinte.
Inès donne libre cours à son imagination, tout en
restant fidèle à son sens
exquis du Beau Technique
mixte sur papier Technique
mixte
Technique
mixte
Aquarelle Inès
expose à la Maison d’Art alsacienne en 1847, en
1950,
en 1953 (avec Louis Wagner), en 1956… En
1977, elle expose à la Palette d’Or à
Paris. Exposition
qui concerne ses aquarelles et ses dessins de costumes folkloriques Elle
expose ses tableaux et panneaux décoratifs à la
galerie La Licorne à Cannes et à Juan-les-Pins de
façon permanente A
Baden-Baden, elle expose à la galerie
«K» et participe à
plusieurs expositions de groupe en Allemagne En
septembre 1988, le musée de Pfaffenhoffen où Me
Lotz
organise chaque année plusieurs expositions
consacrées à l’art populaire,
accueille les costumes alsaciens d’Inès Wagner En
mars 1990, l’Institut des Arts et Traditions populaires
d’Alsace décerne à Inès
Wagner le Bretzel d’Or, honorant ainsi ses mérites
dans
le précieux domaine du patrimoine régional, au
profit du rayonnement de
l’Alsace «Le couple d’artistes, Inès et Louis Wagner, avait tous les charmes. Leur apparition faisait penser aux amoureux de Peynet qui étaient très en vogue à cette époque. Toujours élégants et pleins d’humour.» (Une
amie de longue date.)
Crédit photographique: Monsieur Luc WAGNER Bibliographie
-
Bernard Vogler –
Histoire culturelle de l’Alsace
– La Nuée Bleue, 1994 (1) -
Jean Christian –
Inès Wagner et le 50ème
anniversaire du «Barabli» - Les
Affiches-moniteur (2) - Articles de presse: DNA, Les Affiches-Moniteur |