Culturel




" Une vie, une Oeuvre, pour le plaisir

   des passionnés d'Art Alsacien "                      

                               

  Monographies de Peintres Alsaciens par François Walgenwitz
francois.walgenwitz@sfr.fr


                          

Albert Thomas 

(1892-1960)

Le droit à l'imagination, le goût de l'expérience

Albert Thomas 7
Albert Thomas par Marius Thomas - vers 1946
© Valblor

    

    «Il est étonnant qu’aucune monographie ne soit venue présenter cet artiste-peintre alsacien modeste et puissant. Il est certainement l’un des rares peintres possédant non seulement une forte personnalité, mais encore une grande richesse intérieure» (Camille Schneider)

    Ce fut fait en 2009,.grâce à un groupe d’amis dont le Dr. Paul-André Befort, Henri Heitz et Marius Thomas dans un ouvrage richement documenté et illustré qui rendit un hommage, hautement mérité à un artiste qui possédait toutes les techniques et dont l’œuvre, à la fois didactique et lyrique, révèle un homme libre.

    Une vocation efficacement soutenue

    

    Albert Thomas est né à Strasbourg le 3 septembre 1892 Il est le petit dernier d’une famille de trois filles et de trois garçons. Le père est employé des chemins de fer. Jusqu’en 1903, Albert fréquente l’école Saint-Jean, vieille école strasbourgeoise du quartier de la gare. De 1903 à 1910, il suit des études classiques au collège Saint-Etienne. De cette époque date le cercle littéraire qu’il a créé avec quelques amis de son âge – ils ont alors entre 15 et 16 ans -, d’où sortiront, selon A. Andrès,  des lettrés comme les poètes Niedhammer, R. Buchert, R. Schneider, des scientifiques comme le Dr R. Schneider. Son professeur de dessin, Weiss, et son frère aîné qui avaient remarqué son penchant et ses bonnes dispositions pour les arts plastiques,  le soutiennent dans sa vocation naissante et l’orientent vers la carrière de professorat de dessin. C’est ainsi que, muni de son «Einjährig», il quitte en 1910 le collège pour  l’Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg où il se classe rapidement parmi les meilleurs élèves. Il quitte l’Ecole en 1913, muni du diplôme souhaité.

    « Signalons parmi les amis de cette époque, l’artiste peintre Daniel Krebs ainsi que le Luxembourgeois Jacobi connu comme illustrateur de gazettes sportives. L’obtention du diplôme était liée à une année de stage non rémunéré que Thomas effectua à la «Oberrealschule St Johann» à Strasbourg. Il n’avait, par ailleurs, pas abandonné l’idée de se vouer à la vie plus indépendante, mais plus incertaine, d’artiste peintre libre.»(**)

 

Confronté aux modes et influences du Paris

des années 1920

 
        Le service militaire et la guerre de 14-18 le retiennent loin de sa province jusqu’en 1918. Il sert comme artilleur, d’abord sur le front français puis, sans doute à partir de 1915, dans les Carpates et la Lituanie, le haut commandement ayant décidé d’envoyer désormais sur le front russe les recrues du Reichsland soupçonnées de vouloir déserter. Il profite d’une permission, à la St-Sylvestre 1917 pour se marier avec Melle Marthe Luttmann, une amie d’enfance strasbourgeoise. Un fils leur est né en 1919. Dès son retour, au lendemain de l’armistice, il projette de se lancer dans une carrière d’artiste indépendant. Mais il doit tout d’abord se contenter d’une fonction de conseiller artistique des grands magasins «Magmod»

    Grâce à une bourse d’études obtenue avec l’appui de MM. Danis, chef-architecte du Bas-Rhin, de Lechten et Baumann, ses amis, il peut effectuer en 1921 un séjour à Paris, où il est confronté aux modes et influences du moment. Car l’enseignement traditionnel, lui-même commence à s’ouvrir à Cézanne, au fauvisme. Il s’interroge sur le cubisme et l’art abstrait…Là, il côtoie des artistes alsaciens comme Adrian et Iské. «La galerie du Louvre devient son atelier préféré, il y copie avec amour les maîtres anciens et se fait leur élève.»(**) Quelles influences manifestes, repérables, ont marqué son œuvre? Certainement celle de Van Gogh, de l’époque de Saint-Rémy (1889) dans le «Champ de Galicie» de 1915. Sa force, son expressionnisme qui d’une main sûre cloisonne les motifs de cernes bleu-noir auxquels répondent, dans le même registre, les traits de pinceau de couleurs pures qui rythment les structures, l’attestent. Il y atteint l’harmonie, là où Van Gogh se consume…L’autoportrait de 1922 renvoie également à Vincent… «Mon séjour à Paris, précise-t-il, m’a mis en contact avec les maîtres anciens et contemporains; le résultat de cette double influence a été une peinture moins expressionniste, un peu plus naturaliste, mais encore assez turbulente; la couleur pure de l’expressionnisme a fait place à un coloris plus terne.…»



Albert Thomas 8Champ de Galicie - 9 août 1915 (24 x 16 cm)
- collection Bollinger -
© Valblor



Albert Thomas 9
Autoportrait - 1922 (50 x 39 cm)
- collection M.Th. -
© Valblor



Les expèriences priment les influences


    

    En 1925 et, plus tard, en 1955, il semble adopter la dévotion de Cézanne pour la couleur en s’inspirant du cycle de Bibemus du maître d’Aix. Ses gammes chromatiques de bleu et de vert où la couleur est source de lumière, donnent des tableaux qui ne semblent là que pour la couleur justement.

    Mais, peut-on objectivement parler d’influences? Ne s’agit-il pas plutôt d’expérimentations comme incite à le penser Robert Heitz qui considère Albert Thomas comme «un esprit toujours en quête d’expériences nouvelles», cette propension étant alimentée par les principes pédagogiques induits par sa fonction de «professeur de dessin», selon l’expression du moment. Il occupera ce poste de 1923 à 1959 aux collèges de Bouxwiller et de Saverne. Saverne devient pour Thomas une seconde patrie. Il lui restera fidèle jusqu’à la mort. Saverne, où il fait construire, sur la côte du col, une maison qu’il considère comme son «Tusculum» en référence à Cicéron. Dans le jardin de sa petite propriété, il crée un des tout premiers jardins alpestres, une des premières rocailles de la région. C’est ainsi qu’il est amené à siéger dans le comité du «Jardin botanique de Saverne», présidé à l’époque par le célèbre botaniste Emile Walter. Tout à sa passion, c’est avec plaisir qu’il accepte d’illustrer la thèse de doctorat de Mr Jaeger. «La chronique de la petite ville l’occupa comme si elle avait été la sienne propre: période romaine, époque glorieuse des Rohan, romantisme des E. About et Erkmann-Chatrian, toutes ces époques n’eurent bientôt plus de secrets pour lui. Il publia une plaquette «Saverne et ses environs» (12 gravures bicolores) pour laquelle son concitoyen et ami, Mr A. Fuchs, […] professeur à la faculté des Lettres de l’Université de Strasbourg, composa une préface.»(**)


 Albert Thomas 10Jardin du peintre - 1952 - Aquarelle (32 x 51.5 cm)
- Collection Bollinger -
© Valblor


Une âme sensible, méditative, tournée vers la nature.
 

    

    Ami de la nature et savant connaisseur de la flore alsacienne, il transpose sa passion sur le plan artistique sous forme de tableaux de fleurs, de champignons, de bouquets. Ce connaisseur, dit Aloyse Andrès, se doublait d’un observateur perspicace de menus phénomènes entomologistes et de discrets témoins patrimoniaux. Ainsi, il montra un jour à son biographe «sur la «Steige» et l’ancien col les sillons creusés par les roues des voitures, mais aussi les encoches taillées à même le roc par les charretiers, encoches dans lesquelles ils posaient des embûches pour caler les voitures, permettant ainsi aux bêtes épuisées de reprendre haleine et de se reposer.

La nature, la flore et la faune, la topographie, l’histoire locale fournissaient, à tout instant, riche matière à conversations, mais Thomas ne vivait pas pour autant dans un cercle fermé; il jetait son regard curieux, du haut de son «Tusculum», vers le monde et une des dernières lectures de sa vie a été cette œuvre de Daniel Rops «Jésus en son temps». (**) Ce qui dénote une profonde et intense vie intérieure. Par ailleurs, son amour pour l’Alsace qu’il cherche à exprimer à travers des monographies comme «Le pays du Kochersberg», richement illustré, n’est pas exclusif. Il ouvre son cœur à d’autres régions de France: la Bourgogne, la Touraine et leur prestigieux patrimoine artistique, la Provence romaine et, bien sûr, Paris aux multiples trésors d’art.

    Albert Thomas est, apparemment peu enclin à chercher le contact. Ame sensible, délicate, il se montre réservé, méditatif, ne s’engageant jamais à la légère dans une discussion… Cet aspect «mélancolique», le mot est d’Aloyse Andrès, de sa personnalité, il l’abandonne quand il se sent en confiance. Car il ne se complait pas dans la solitude, il aime la vie commune, les discussions animées à condition qu’elles soient substantielles. Dès son retour de Paris, il noue des contacts avec René Allenbach, Louis-Philippe Kamm, Luc Hueber. Par la suite, les communications ferroviaires étant particulièrement favorables entre Saverne et Strasbourg, favorisent grandement les relations d’Albert Thomas avec ses amis artistes: Ledoux, Schenkbecher, Steinmetz… «L’atelier de Louis-Philippe Kamm étant le lieu de rendez-vous de ses amis intimes: Hueber, Allenbach, dès 1920.» (**). C’est dans cet environnement dynamique et richement talentueux qu’il est devenu un des membres fondateurs de «L’Association des Artistes Indépendants d’Alsace», abrégée «A.I.D.A.» Les vacances sont l’occasion de rencontres qui réunissent à Neuwiller, aux portes de Saverne, ses nombreux amis peintres, Madame Arabu, Weiss, Steinmetz. A Dettwiller, il rend visite à Allenbach, à La petite Pierre, il rencontre Luc Hueber. «C’est dire que l’émulation la plus riche vivifiait ces natures ardentes.»(**)



    Albert Thomas armateur de "La Barque"

    

En 1930, alors que le Groupe de Mai donne quelques signes d’essoufflement, tout en occupant encore «le devant de la scène», Albert Thomas crée un nouveau mouvement qu’il nomme «La Barque». Robert Heitz, qui l’appelait de ses vœux, précise: «cette création ne manifestait nullement notre volonté de combattre et de prendre la place du Groupe de Mai où nous ne comptions que des amis. Ceux qu’il nous arrivait d’attaquer, avec la fougue souvent injuste de la jeunesse, appartenaient à une génération plus ancienne, inféodée à la tendance «Salon des Artistes français», et en tête Gustave Stoskopf en personne».

    Au réalisme teinté de régionalisme du Groupe de Mai, la Barque prétend opposer le droit à l’imagination. Cette préoccupation est profondément ressentie par Daniel Schoen qui oppose à la «peinture-peinture», doctrine officielle du moment, la peinture à sujet, «celle qui ne se contente pas d’être un prétexte à couleurs agréables, mais prétend aller au fond des choses.» (***).

    «La Barque, moins stable que le Groupe de Mai, a changé à plusieurs reprises de nautoniers. Albert Thomas et le sculpteur Alfred Pauli quittaient l’équipage après deux ou trois voyages.» Il se composa finalement de Daniel Schoen (1873-1955), de Paul Iské (1877-1961) dont l’art aboutit à un certain symbolisme de la couleur et du rythme, de Georges-Daniel Krebs (1894- 1982) qui, après avoir couru après Delacroix et les grands peintres vénitiens, se met à peindre d’après nature des portraits d’animaux et devient «D’r Gaïsamoler» (à prendre comme un éloge!), d’Armand Ingenblesk (1896-1971) qui relève largement de l’impressionnisme par ses touches juxtaposées «qu’il appartient au spectateur de rassembler» (***), de Richard Brunck de Freundeck (1899-1949), «un bloc erratique venu du fond des âges» (***), le plus grand graveur que notre province ait connu depuis 400 ans, et de Robert Heitz lui-même (1895-1984)

    Deux constantes caractérisent son œuvre: l’attachement à l’Alsace en général et à Saverne en particulier ainsi qu’une irrésistible prédilection pour le paysage, « deux constantes convergentes qui lui font aimer et représenter la plaine et la montagne présentes sous ses yeux, la forêt qu’il arpente au gré des saisons, les arbres auprès desquels il s’attarde, les rochers de grès en souvenir des carrières cézaniennes de Bibemus, la rocaille fleurie de son jardin et celle toute proche dans la montée du Col au jardin botanique. Albert Thomas restera avant tout un puissant paysagiste des lieux qui l’entourent et qu’il affectionne». (*) On constate qu’au fil des années, sa peinture se stabilise. «Une stabilité qu’il trouve dans la manière classique convenant à sa hantise de la construction.» (*****)

    Quant au style, point d’uniformité. Non seulement il reste indifférent à toute obédience malgré d’évidentes réminiscences cézaniennes, mais il fait preuve d’une grande ouverture d’esprit et d’une totale disponibilité par rapport au sujet. En effet, c’est en fonction de la saison, de la lumière du moment, qu’il décide de la technique à employer: huile chargée de pigment, gouache ou aquarelle aux touches légères.

 

Albert Thomas 11
Sous-bois - 1955 - Aquarelle (détail) - 71 x 62 cm
- Collection M. Th -
© Valblor
           

    

    Sa texture, la touche du peintre ou la main de l’artiste, est inféodée à l’ambiance qu’il veut susciter. «Toujours puissante, car il refuse le mouchetage impressionniste pour construire sa peinture. Il la maçonne même.» (*). Elle peut afficher un dessin solide aux contours précis, accentués par une palette variée, massive. C’est la «Vue sur le Climont» (1950). Elle peut se révéler plus lisse, établissant un parfait équilibre entre dessin et couleurs subtilement nuancées; il en obtient des paysages reposants dont la lumière parachève l’harmonie. C’est la «Vue sur le Haut-Barr» (1954). Ailleurs, Albert Thomas privilégie la couleur par la densité des bleus et surtout des verts, aux nuances judicieusement placées, un plaisir pour l’oeil. Ces tableaux-là, comme «Vue sur Saverne» (1940), «reflètent une vérité visuelle, certes crue, mais si reposante pour les yeux, si apaisante pour l’âme. Albert Thomas maniait les verts et les affirmait comme pour témoigner d’une espérance».(*)



Albert Thomas 12Vue sur le Climont - 1950 - Huile (44 x 54 cm)
- Collection M. Th -
© Valblor



Albert Thomas 13
Vue sur le Haut-Barr - 1954 - Huile (55 x 79 cm)
- Collection M. Th -
© Valblor

 

   

    S’il emprunte la gouache et plus souvent l’aquarelle, c’est par amour pour la couleur, pour célébrer la féerie de l’automne. Sa texture, alors, est faite de touches légères, à peine tactiles. Aux jaunes éclatants et aux bruns dorés des feuillages, il oppose la touche d’un faible reflet bleu sur un tronc. Passionné par la nature, fin connaisseur de la flore régionale, il oriente son style vers le naturalisme.

    Les jours où la nature se dérobe, où les intempéries lui interdisent le plein air qu’il affectionne tant, il s’adonne aux natures mortes et aux compositions. «Cette étude de la vie silencieuse – Stilleben- des choses et des objets» (*) donne des bouquets aux tons rares dressés avec beaucoup de retenue: vieil or, roses, mauves et verts estompés. Abandonnant les tons purs de l’expressionnisme, il atténue ses couleurs. Il en obtient aussi des compositions qui rapprochent les pommes de Cézanne des faïences de Soufflenheim.




Albert Thomas 14
Nature morte à la théière - 1935 - Huile (44.5 x 54 cm)
- Collection M. Th -
© Valblor

    

   

    Dans ses gravures sur bois, Albert Thomas a su traduire l’expressivité du noir et blanc avec une force inouïe, une violence que le mot «contraste» peine à affirmer, portée au paroxysme par une extrême simplification des formes qui va jusqu’à l’abstraction.

    Tout autre est le climat de ses lavis. «Le lavis, voilà l’excellence d’Albert Thomas», s’exclame Henri Heitz. Cette technique, pratiquée surtout dans les dix dernières années de sa vie aura sur lui une influence définitive. «Sans écarter les autres manifestations de son art, c’est dans ce genre délicat et subtil qu’il réussit à susciter un enthousiasme sans retenue. On n’aurait pas cru l’artiste des puissantes verdures capable de tant de légèreté pour définir une infinité de vues familières.» Concernant cette discipline, Thomas affirme que «le lavis me permet, me force même de me concentrer sur l’essentiel du sujet en n’observant que les valeurs et le clair-obscur en jetant l’accent sur une ombre ou une lumière, ou même sur les deux, le tout exécuté avec légèreté et fougue.»


Albert Thomas 15

Chapelle de Wohlfartshoffen - 1956 - Lavis
- Collection privée -
© Valblor



    

    Après avoir tempéré son expressionnisme au contact des maîtres anciens et parisiens, sa peinture devient plus naturaliste quoique turbulente encore, de son propre avis. Le lavis a fait perdre à sa peinture à l’huile une certaine raideur et l’excès de sa massivité. Elle gagne en souplesse. Reconnaissons simplement, dit Henri Heitz, dans le lavis, la perfection d’un art magnifié par Albert Thomas et le plaisir qu’il procure au spectateur.

    Membre fondateur de l’AIDA en 1923 et du Groupe de la Barque en 1930, conservateur du musée de Saverne de 1957 à 1960, Albert Thomas a réalisé les panneaux décoratifs que les élèves du lycée «Général Leclerc» peuvent admirer dans le hall d’entrée de leur établissement. Il a, par ailleurs, été sollicité pour la décoration de la grande salle du lycée de Bouxwiller et de la décoration intérieure de la maison de retraite de l’hôpital de Saverne. Il a illustré des livres sur le Kochersberg (Pays du Kochersberg, aux éditions Alsatia en 1950, sur les tapisseries de Neuwiller, sur Ebersmünster et Sainte-Attale. Il réalise quelques ex-libris, des affiches ainsi que des cartes postales.

    Il a à son actif bon nombre d’expositions personnelles et collectives. Entre 1921 et 1951, il réalise sept expositions personnelles à la Maison d’Art Alsacienne de Strasbourg. En 1932, il participe à une exposition de divers artistes à la galerie Bûcheron, à Paris et, en 1935, au 1er Salon d’Automne des artistes alsaciens professionnels au hall du Broglie. Il est présent aux premières expositions du Groupe de la Barque, en 1930 chez Bernheim-Jeune à Paris et à l’Aubette à Strasbourg. Il convient de faire une mention spéciale à l’exposition de 1946 dans laquelle, écrit A. Andrès «Thomas nous montra le grand cycle dit: «Zodiaque», une suite de 32 (petites ou grandes) compositions figuratives mythologiques sur le thème général du «Temps», de l’absolu du temps, des saisons, des mois, des heures, enfin d’une journée solaire: aube, aurore, lever du soleil, matin etc…jusqu’à la nuit noire. C’était un grand et beau travail qui l’avait occupé pendant des années.» (**)

    Pour échapper au rationalisme étroit, Albert Thomas a toujours été sensible à la spiritualité transcendante des mythes qui appartiennent au temps du sacré, au temps du rêve. Ainsi s’explique, d’une part, son engouement pour la poésie de Rainer Maria Rilke, cet Orphée allemand qui, bien au-delà de la logique prosaïque a atteint le domaine de l’idée pure sur les ailes des images: métaphores audacieuses à la symbolique cryptée, d’autre part, sa prédilection pour la prose d’Alain Fournier dans «Le Grand Meaulnes» et celle de St-Exupéry de son «Petit Prince». «Que de discussions ont été amorcées au sujet d’A Stifter, de sa «douce loi» (das sanfte Gesetz) ou sur l’œuvre immense de Balzac.» (**)

    Deux de ses tableaux ont été achetés par l’Etat. De ses gravures et aquarelles sont conservées aux musées de Strasbourg. Le Musée d’Art Moderne et Contemporain possède trois de ses toiles. Le musée de Saverne s’honore de conserver de lui plusieurs œuvres dont les peintures à l’huile, des lavis, des lithographies…

    En 1936, Albert Thomas obtient les Palmes Académiques. En 1946, il est nommé Chevalier de l’Instruction Publique et plus tard, professeur honoraire. Le premier novembre 1957, il prend sa retraite. Pour autant, il ne reste pas inactif et ne se retire pas de la vie publique puisqu’il devient la même année conservateur du musée municipal de Saverne où il prend à cœur de poursuivre et de mener à bien l’œuvre entreprise par Mr H. Haug et des amis de Saverne tels Wollbrett et Wiedenhoff.Le 5 juillet 1958 fut un grand jour pour Albert Thomas: «où fut inauguré le Musée tout juste centenaire, dans les nouveaux et vastes locaux du Château» (rappelle le président de la Société d’histoire et d’archéologie de Saverne et environs dans le cahier n°32…)

    Sa santé connaît, durant ces dernières années, des hauts et des bas qui l’affectent profondément. Il meurt subitement le 17 mai 1960. La Maison d’Art Alsacienne présenta une exposition rétrospective en 1975.

    «Albert Thomas laisse un vide non seulement dans sa famille mais aussi dans la vie artistique et intellectuelle de Saverne et surtout dans le cercle de ses amis, dit Aloyse Andrès, son ami de plus de trente ans. Quiconque a joui de son amitié sait à quel point Thomas était un homme à se donner tout entier, à se communiquer, à prendre des initiatives et, pour reprendre le mot de St-Exupéry,…à se laisser apprivoiser.»






    Bibliographie:

 


-   L’Art du peintre Albert THOMAS – Initié par Mr Marius THOMAS – Textes de Mr Henri HEITZ – Impression et mise en page photographique: VALBLOR, Illkirch (*)

-  L’Art d’Albert THOMAS, une page de souvenirs – Al ANDRES – Société d’histoire et d’Archéologie de Saverne et environs – Cahier N°33, mars 1961 (**)

-   L’Art d’Albert THOMAS  - Robert HEITZ – Cahier N° 33, mars 1961 (***)

-   Albert THOMAS par Camille SCHNEIDER (****)

-  THOMAS Albert – 1892-1960 – Me François LOTZ – Artistes alsaciens de jadis et naguère (1880-1982) Editions Printek, Kaysersberg. (*****)

-   Albert THOMAS – Lexique d’histoire savernoise

-   Artistes d’Alsace, étapes de l’art alsacien – Robert Heitz – Saisons d’Alsace  - 1973

 


   

Portfolio


Albert Thomas 16Chemin des Dames - 1918 - Dessin couleurs
- Collection Mochel -
© Valblor




Albert Thomas 17Pont Saint-Thomas - vers 1920 - Gravure (18.5 x 15 cm)
- Collection M.Th. -
© Valblor





Albert Thomas 18Rue de Wasselonne
© La Vie en Alsace







Albert Thomas 19

Les Dahlias (détail) - 1925 - Huile - 106 x 69 cm
- Collection M. Th -
© Valblor





Albert Thomas 20
Rocher du Dabo - 1935 - Gravure (22.5 x 16 cm)
In "Saverne et environ"
© Valblor






Albert Thomas 21

Sous-bois en Automne - 1935 - Aquarelle (46 x 34 cm)
- Collection M. Th -
© Valblor




Albert Thomas 22 Vieux Saules - 1935 - Aquarelle (47 x 34.5 cm)
- Collection M. Th -
© Valblor




Albert Thomas 23
Eglise du Dompeter - 1937 - Gravure (31 x 25.5 cm)
- Collection M. Th -
© Valblor





Albert Thomas 24
Vue de Saverne - 1940 - Huile (19 x 28 cm)
- Collection M. Th -
© Valblor




Albert Thomas 25

Nature morte au bouquet - 1950 - Huile (32 x 21 cm)
- Collection Solier -
© Valblor




Albert Thomas 26

Vieille Ferme sous la neige (détail) - 1951 - Lavis
- Collection privée -
© Valblor




Albert Thomas 27

Maison paysanne - 1952 - Lavis
- Collection Privée -
© Valblor




Albert Thomas 28
Eglise de Hohatzenheim - 1953 - Lavis
- Collection Privée -
© Valblor



Albert Thomas 29
Eglise de Jaegerthal - 1956 - Lavis
- Collection Privée -
© Valblor



Albert Thomas 30


Albert Thomas 32

Projet d'un tryptique religieux - 1957 - Gouache (16.5 x 12.5 chacun)
- Collection M.Th -
© Valblor



 



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