Culturel



" L'analyse d'une Oeuvre "                      

                   par François Walgenwitz        francois.walgenwitz@sfr.fr


                          

Paul Weiss
Paul Weiss 54c.jpg
Ancienne gravière en hiver
Huile sur panneau

- Collection particulière -

       

        

    Chevauchant sa fidèle Mobylette, saisi au détour du chemin par la beauté du lieu, Paul Weiss est investi d’une irrésistible attirance sentimentale qui lui commande de poser son chevalet devant un des plus beaux sujets que le Ried peut lui offrir. Il y reviendra souvent…

    Il en résulte un tableau qui appartiendra à la série des paysages «frémissants». Ce qui nous séduit d’emblée, c’est l’esthétique, l’harmonie, la cohérence qui s’en dégagent. L’équilibre parfait, stable, reposant des verticales et des horizontales, l’impression de profondeur et les effets atmosphériques d’une extrême  finesse, nous incitent à une contemplation sans fin, plaisante, gratifiante…

          C’est l’hiver, la saison où, selon Paul Weiss, les paysages révèlent tout leur mystère. Et c’est notamment par ses paysages d’hiver que le «poète du Ried» s’affirme avec une rare sensibilité Il en affectionne l’ambiance vaporeuse, silencieuse…

    La palette réduite que la saison impose lui convient tout à fait. «Son support préféré, comme ici, est le panneau rigide en contre-plaqué recouvert d’un fond blanc ou gris, lisse. Utilisant des couleurs très fines et extrêmement fluides, qu’il module à la façon d’un aquarelliste, il tire subtilement parti des blancs et des gris.», précise Roland Jacob, artiste-peintre lui-même. Sa riche et délicate gamme de gris est, d’ailleurs, un des secrets de son art, elle nous rend attentifs à la moindre touche de vert, d’ocre, de jaune, signes d’espérance…

    Paul Weiss sait manier l’impressionnisme et le réalisme. Il le prouve par ce paysage véridique, poétisé par la lumière, une lumière qui n’appartient qu’à lui.

    Il trouve dans le Ried des sujets simples, mais si difficiles à rendre en peinture, ainsi que le reconnaît son ami Philippe Steinmetz. D’un chemin banal, d’un petit étang anonyme, de quelque saule désarticulé, il élabore de petits chefs-d’œuvre où chaque nuance résonne en nous et se transcrit en émotion.

    Le Ried, terres rhénanes qui ourlaient les nombreux bras anastomosés du grand fleuve sauvage, offrait, à l’époque de Paul Weiss, un panel inépuisable et varié de sites attractifs, propices à l’artiste amoureux de la nature. Ses massifs forestiers, ses boqueteaux, ses nappes d’eau, ses courants limpides s’en allant au fil des labyrinthes, composaient autant de paysages intimes que Weiss chérissait…

    Or, ce Ried qui était son sujet préféré, ainsi que de Philippe Steinmetz, à force de rectifications, de régulations, d’assèchements, se rétrécit comme peau de chagrin, «La hache du démolisseur retentit jour et nuit, constate Philippe Steinmetz, au point que je crains que toute cette région ne sera plus – un jour assez proche – qu’un beau souvenir

Qu’en est-il aujourd’hui, en 2021?

 

                                                                                        Paul Weiss 91c

 

Paul Weiss 92c.jpgCollection particulière

Paul Weiss bravant les intempéries

...sur le site du tableau analysé


Paul Weiss 93c.jpg
Collection particulière

Le chevalet de plein-air de l'artiste

Portant une autre version de l' "Ancienne gravière en hiver"





 


 



 
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