Culturel
" L'analyse
d'une Oeuvre "
par
François Walgenwitz
francois.walgenwitz@sfr.fr
Ancienne
gravière en hiver
Huile sur panneau - Collection particulière - |
Chevauchant sa
fidèle
Mobylette, saisi au détour du chemin par la
beauté du lieu, Paul Weiss est
investi d’une irrésistible attirance sentimentale
qui lui commande de poser son
chevalet devant un des plus beaux sujets que le Ried peut lui offrir.
Il y reviendra
souvent…
Il
en résulte un tableau qui
appartiendra à la série des paysages
«frémissants». Ce qui nous
séduit
d’emblée, c’est
l’esthétique,
l’harmonie, la cohérence qui s’en
dégagent.
L’équilibre parfait, stable, reposant des
verticales et
des horizontales,
l’impression de profondeur et les effets
atmosphériques
d’une extrême
finesse, nous incitent à une contemplation
sans fin, plaisante, gratifiante…
C’est l’hiver, la saison
où, selon
Paul Weiss, les paysages révèlent tout leur
mystère. Et c’est notamment par ses
paysages d’hiver que le «poète du
Ried» s’affirme avec une rare
sensibilité Il en
affectionne l’ambiance vaporeuse, silencieuse…
La palette réduite que la saison
impose lui convient tout à fait. «Son
support préféré, comme ici, est le
panneau rigide en contre-plaqué recouvert
d’un fond blanc ou gris, lisse. Utilisant des couleurs
très fines et
extrêmement fluides, qu’il module à la
façon
d’un aquarelliste, il tire subtilement parti des blancs et
des gris.», précise
Roland Jacob, artiste-peintre lui-même. Sa riche et
délicate gamme de gris est,
d’ailleurs, un des secrets de son art, elle nous rend
attentifs à la moindre
touche de vert, d’ocre, de jaune, signes
d’espérance…
Paul Weiss sait manier
l’impressionnisme et le réalisme. Il le prouve par
ce paysage véridique,
poétisé par la lumière, une
lumière qui n’appartient qu’à
lui.
Il trouve dans le Ried des sujets
simples, mais si difficiles à rendre en peinture, ainsi que
le reconnaît son
ami Philippe Steinmetz. D’un chemin banal, d’un
petit étang anonyme, de quelque
saule désarticulé, il élabore de
petits chefs-d’œuvre où chaque nuance
résonne
en nous et se transcrit en émotion.
Le Ried, terres rhénanes qui ourlaient
les nombreux bras anastomosés du grand fleuve sauvage,
offrait, à l’époque de
Paul Weiss, un panel inépuisable et varié de
sites attractifs, propices à
l’artiste amoureux de la nature. Ses massifs forestiers, ses
boqueteaux, ses
nappes d’eau, ses courants limpides s’en allant au
fil des labyrinthes,
composaient autant de paysages intimes que Weiss
chérissait…
Or, ce Ried qui était son sujet
préféré, ainsi que de Philippe
Steinmetz, à force de rectifications, de
régulations, d’assèchements, se
rétrécit comme peau de chagrin, «La hache du démolisseur retentit jour et
nuit, constate Philippe Steinmetz, au
point que je crains que toute cette région ne sera plus
– un jour assez proche
– qu’un beau souvenir.»
Paul Weiss bravant les intempéries Collection particulière Le chevalet de plein-air de l'artiste |
faite de cette monographie sans l'autorisation de son auteur.