Culturel



" L'analyse d'une Oeuvre "                      

                   par François Walgenwitz        francois.walgenwitz@sfr.fr


                          

Michèle Bruel-Rupp





Michele Bruel-Rupp 18c.jpg

L'Eglantine sauvage

Peinture sous verre

 

   

   

    Michèle Bruel aime les fleurs. Elle les aime en botaniste parce qu’elle connaît leurs secrets, elle les aime en tant que peintre parce qu’elles sont sa source d’inspiration privilégiée, elle les aime en poète parce qu’elle comprend leur langage… Comme une fleuriste également car chacun de ses bouquets, chacun de ses arrangements est, avant tout, un chef d’œuvre d’art floral.

    Michèle ne s’est pas contentée de s’asseoir  comme les autres, devant le motif et de le copier. Ce tableau est une œuvre composée, construite de façon aussi équilibrée que possible. Il y a entre l’infinité des détails, sorte de puzzle, et leur assemblage, un équilibre quasi mathématique; les maths sont partout.; y compris dans les arts. L’harmonie qui en résulte fait penser à celle des carrés magiques, la poésie en plus!...Un carré magique extensible, en fait, car l’églantine, sans doute parce qu’elle est sauvage, s’épanouit, en l’absence de cadre, dans un espace ouvert.

    Cette églantine serait digne d’illustrer une flore. Elle a la finesse et l’exactitude que réclame le portrait d’une fleur. La nécessité d’aller vite, toute ébauche étant impossible, génère une fraîcheur d’expression qui n’empêche pas la virtuosité de préserver le mystère du savoir-faire, du «métier»; le plus beau «métier» étant celui qui se fait oublier; la matière la plus rare et la plus précieuse est celle dont on ne sait plus comment elle est faite.

    La palette est à la fois sobre et complexe. A partir d’une seule et même valeur, Michèle obtient cinquante nuances de verts. La couleur est d’autant plus mesurée  qu’elle est appliquée directement, hors contours, ceux-ci n’existant pas dans la nature. Cependant, parfois, apparaît un fin liseré blanc. Les formes ainsi créées, par les seuls dégradés  de couleurs légères, sont rehaussées des lignes colorées des tiges et des nervures. La douce lumière marie subtilement les tons plus ou moins saturés qu’elle effleure.

    Les ombres transparentes portées sur l’environnement légèrement grisé permettent à la lumière d’y pénétrer et de vibrer. Elles empruntent au vase ses délicates nuances de mauve. Le galbe mauve de celui-ci et les pupilles dorées des églantines réchauffent l’atmosphère.

    La grande liberté de mouvement des tiges, des feuilles et des fleurs, leur surgissement à partir de la profondeur insondable du fond noir, confèrent à l’orchestration complexe de ce bouquet un dynamisme irrésistible. Il est vivant!...

    Michèle Bruel a, comme dans l’ensemble de son œuvre, choisi la sincérité qui lui va si bien, c’est-à-dire la fidélité à ce qui lui est donné de voir, d’observer. Or, elle a une extraordinaire faculté d’observation. «La nature, pour être commandée, doit être obéie» affirme le philosophe anglais Francis Bacon. Ce qui n’empêche pas une certaine liberté d’allure que Michèle se donne et qui n’est autre que la tendresse, la poésie. L’églantine, au merveilleux parfum,  n’est-elle pas la fleur des poètes?

Dans ce chef-d’œuvre, petit par la taille, 30 cm sur 30, mais considérable par la difficulté vaincue, Michèle Bruel exprime ses émotions de la manière la plus pure.


                                                                                           
Michele Bruel-Rupp 35c.jpg





Mention Légale: Tous droits réservés. Aucune reproduction même partielle ne peut être
faite de cette monographie sans l'autorisation de son auteur.