Culturel
" L'analyse
d'une Oeuvre "
par
François Walgenwitz
francois.walgenwitz@sfr.fr" Tel père, tel fils "
![]() Photo:
F. Walgenwitz Joseph
Brenner Mulhouse d’hier et d’aujourd’hui |
Cette aquarelle est un document, un raccourci
de l’Histoire de Mulhouse, sautant du Moyen-Age au Vingtième Siècle.
La tour du Bollwerck, ouvrage défensif
qui date du XIVème siècle, s’impose par son élégance et l’harmonie de ses
proportions. Toujours fidèle au sujet, Joseph se veut là encore un témoin en
reproduisant de façon lisible la fresque peinte en 1893, lors d’une
restauration. Il n’oublie pas de faire figurer, à l’angle inférieur, l’aigle
impériale qui signifiait au voyageur qu’il entrait dans une ville bénéficiant
de l’immédiateté d’’Empire, une ville libre. Lucarne, meurtrière, niche
abritant une statuette, aucun détail ne manque…
La Tour de l’Europe avec ses 36
étages, ses 112 mètres de haut, gratte-ciel en béton armé, dont la forme
triangulaire symbolise la jonction des trois pays dont elle est en quelque sorte le pivot, représente la
modernité. Elle vient de fêter ses 50 ans!...
Cette
contraction de l’histoire de la
cité en ses deux temps forts essentiels, permet à
l’artiste d’opposer,
allégoriquement, l’instabilité et
l’insécurité médiévales à la
prospérité des
Trente Glorieuses. Double élan vertical, commun accord des
éléments
constitutifs de la ville. Couleurs chaudes, proximité de la
nature, lyrisme
d’une œuvre d’art d’une part, rigueur
géométrique d’un dessin industriel,
monocolore, comme en filigrane, d’autre part…

§ § §
![]() Photo: F. Walgenwitz Jean Brenner Marine Huile
sur toile |
Rien de tel chez
Jean. Son Credo est à l’opposé de celui de son père: «Je me situe au seuil de l’abstraction, le motif (le sujet) n’est qu’un
prétexte à l’explosion des couleurs».
L’important, c’est l’acte de peindre!...
En l’occurrence, le tableau que nous
avons sous les yeux, est certes une marine. Le ciel, la ligne d’horizon, la
mer, sont identifiables. La barque aux deux mâts le confirme. Mais, plus le
regard se rapproche, plus il se perd dans l’irréel. Le geste de l’artiste se
fait plus dynamique, plus violent. La vision des choses se personnalise. La
matière épaisse, plaquée à grands coups de brosse, impose son énergie, se
gonfle de volumes incohérents, où le noir est synonyme de mystère. Que s’est-il
passé sur la plage ou, plutôt, dans le cerveau de Jean, pour déclencher un tel
chaos?
Au calme descriptif, à la paix de
l’esprit, à l’absence d’agitation de l’aquarelle de Joseph s’oppose
l’expression exaltée d’une passion, de sentiments, restés secrets…de l’œuvre de
Jean. Cette dualité nous rappelle la controverse du sujet qui avait surgi à
l’époque où s’exprimait Daniel Schoen, dans la première moitié du siècle
précédent. Il opposa à la «peinture-peinture» qui était la doctrine officielle
du moment et qui se contentait d’être un prétexte à couleurs agréables, le
respect du sujet. Il considérait que la
peinture n’est pas seulement un plaisir des yeux, mais un riche et beau moyen
d’exalter la magnificence de la vie qui nous entoure et qui touche, aussi bien
que l’œil, l’esprit et le cœur de l’homme.
«La
vie d’une œuvre d’art, affirmait Daniel Schoen, n’est pas seulement dans l’éclat des couleurs juxtaposées, dans le
balancement, l’équilibre des formes, le rythme des lignes, mais aussi dans son thème, dans ce qu’il raconte…»
Mais, il disait aussi: «le fait visible, en lui, n’est rien, c’est
sa représentation dans l’esprit qui
le rend valable et lui donne sa forme», sa poésie, sa vie, pourrait-on
ajouter

faite de cette monographie sans l'autorisation de son auteur.