Culturel



" L'analyse d'une Oeuvre "                      

                   par François Walgenwitz        francois.walgenwitz@sfr.fr


                          

Jacques Gachot

(1885-1954)



    «La physionomie demeure l’indice le plus spectaculaire et la preuve la plus sensible de l’identité personnelle; d’où la fascination que l’art du portrait exerce sur nous» (Hector Obalk). Il est évident que le respect de la physionomie exige la plus grande précision, sauf à changer le registre pictural: naïf, grotesque, caricatural…

    Ce qui est le cas ici.

Jacques gachot
Autoportrait, 1913 - Huile sur toile (73x60cm)
- Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg -
Photo: Musées Strasbourg


    

   En effet, dans cet autoportrait, la ressemblance n’est pas l’objectif impératif de Gachot, mais plutôt la recherche de l’expression poussée jusqu’à la caricature.

 
    En l’occurrence, la texture empruntée à Van Gogh qu’il admire, convient parfaitement. Sa technique grasse et puissante, ses empâtements incisifs, les résonnances chromatiques qui vont du plus froid au plus chaud, toutes gorgées de lumière, «ces lignes tourmentées, pleines de fougue, de caprice et de violence» (R. Metz)  font merveille……. Chaque tesselle, courte arabesque, est nécessaire et suffisante pour traduire les sentiments de l’homme, l’affirmation de soi.

    Le peintre nous est représenté dans l’exercice de ses fonctions, campé devant son chevalet, prêt à poser sur la toile une touche de couleur, à tracer un trait, le pinceau dans la main gauche, un faisceau de brosses et une impressionnante palette serrés dans la main droite. Pas de doute, il est en train de faire notre portrait…Force est de constater que nous sommes observés, scrutés, détaillés, jugés…Car le regard du portraitiste est sévère, et nous savons que celui-ci est redoutable dans son art. Rien n’échappe à son regard pénétrant. L’œil est dans le tableau et nous regarde!...On ne peut s’empêcher d’imaginer quels traits de notre caractère il va déceler et…révéler…Il suffit de contempler les caricatures de ses compagnons des Stammtisch de Drusenheim pour se rendre compte combien ses croquis peuvent être pleins de vérité, combien son sens psychologique aigu sait aller à l’essentiel. Mais, sans méchanceté. Rassurons-nous. Car sa verve gouailleuse est celle d’un homme qui a vécu et qui est, par conséquent, porté à l’indulgence. Gachot est avant tout un observateur qui s’amuse et qui, d’ailleurs pratique l’autodérision. Notamment ici. Voyez comme l’élégance du geste, sa préciosité, son affectation: le petit doigt en l’air, jure avec la négligence, le laisser-aller qu’induit le mégot serti dans la commissure des lèvres. A moins qu’il s’agisse d’un défi –prémonitoire- adressé à ses futurs détracteurs: «Attention! Je suis comme je suis. C’est à prendre ou à laisser.»

                                    Jacques gachot




Bibliographie:

 

- Hector Obalk: Aimer voir – Hazan, paris, 2011

 
- R. Metz, cité par Me François Lotz -

 
- Pierre Perny - Le peintre Jacques Gachot -



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