Culturel



" L'analyse d'une Oeuvre "                      

                   par François Walgenwitz        francois.walgenwitz@sfr.fr


                          

Georges Ratkoff  



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Eguisheim
Aquarelle (55 x 50 cm)
© Georges Ratkoff

    

    

    Pour sa première exposition à Eguisheim, un des plus beaux villages de France en 1998, Georges Ratkoff a choisi de faire figurer la place du château Saint Léon.

    C’est le cœur historique du village qui concentre sur le château, maison natale du pape Léon IX, et sa chapelle le flux ininterrompu des touristes. Curieusement, Georges Ratkoff tourne le dos à ces imposants monuments chargés d’Histoire, parce que, dit-il: «C’est la place pavée, sa fontaine fleurie et les maisons de caractère qui me parlent le plus!...» Forcément, car c’est là qu’est la Vie: les gestes simples du quotidien et l’exubérance des fêtes populaires où s’expriment les coutumes et traditions chères à notre artiste et qu’il aime tant mettre en valeur.

    Il y réussit particulièrement dans  ce beau tableau qu’on verrait bien accroché chez soi, en bonne place, par l’impeccable harmonie qui nous séduit du premier coup d’œil, la sereine connivence entre le décor et les personnages. Accord parfait dont la clé est une composition apparemment savante, étudiée, que Georges Ratkoff qualifie pourtant d’instinctive. Quoi qu’il en soit, elle est remarquable.

    Les bords gauche et droit, avec leur feuillage ombré de noir ainsi que la frange inférieure avec son dégradé de gris qui tapisse la partie proche de la place, encadrent la scène peinte de façon à mettre en valeur la lumière qui irradie le tableau. Aux teintes opaques du bord inférieur s’oppose un ciel délicatement azuré que traversent des nuages légers, ourlés de rose. Le ciel était la  bête noire de notre aquarelliste, jusqu’à ce que son fils, François, alors âgé de dix ans, lui fasse découvrir le procédé du drawing gum!…

    L’ambiance éthérée qui en émane, permet à Georges Ratkoff d’imposer les façades des maisons, même si celles-ci portent des teintes pastel discrètes; notamment la maison blanc-crème aux fenêtres à meneaux Renaissance. Quant à la statue de Saint-Léon IX, pape de 1048 à 1054 qui surplombe la fontaine octogonale, elle dévoile à peine son manteau ocre sur un fond jaune clair. Par le biais de ces couleurs fondues, la maison à pans de bois qui, en fermant l’angle, donne au tableau sa profondeur, s’affirme par un coloris accentué, alternant couleurs chaudes des colombages et froides des volets. Mais surtout, grâce à cette discrétion, les nombreuses silhouettes des danseurs et des spectateurs  se détachent nettement. Le peintre peut ainsi donner toute leur importance aux acteurs de la scène La danse autour de la fontaine étant bien le sujet de cette aquarelle.

    Et là, à l’instar du fidèle petit chien Whisky, prenons le temps d’admirer la riche palette des costumes, le naturel des attitudes si diverses.

Fin observateur, respectueux de l’authentique, homme de cœur, Georges Ratkoff «témoin joyeux et amusé d’un enchantement simple et chaleureux du monde, met en scène, dans cette oeuvre emblématique,  un art de vivre alsacien qui réconcilie l’être et la vie.» (G. Leser)



                                                                                           
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