Culturel
" L'analyse
d'une Oeuvre "
par
François Walgenwitz
francois.walgenwitz@sfr.fr
Frémissement
des arbres
Huile sur toile (100x81cm) |
«J’ai peint cette toile cet
été. Il faisait
particulièrement chaud, ce jour-là. Alors, je me
suis réfugiée dans mon atelier
après m’être promenée dans
cette forêt douce et fraîche.»
D’une récréation, Brigitte
a fait de
cette promenade une recréation…Le secret de la
promenade étant la disponibilité
de l’esprit, Brigitte s’est approprié ce
qu’elle a vu et elle a capitalisé, en
marchant, bien des émotions colorées , des
souvenirs solaires. «La promenade,
ce moment esthétique qui fait
redécouvrir la légèreté de
vivre, la douceur
d’une âme librement accordée
à elle-même et au monde.»(*)
C’est, assurément à cet
accord que
«Frémissement des arbres» doit son
admirable harmonie. Les couleurs chantent en
chœur, à l’unisson. Dans ce tableau
éminemment impressionniste, les fleurs et
les herbes renoncent à leur individualité. Elles
mettent leurs discrètes
arabesques au profit d’un accord parfait ponctué
de graminées d’où surgissent,
sans se prévaloir, les ombelles des carottes sauvages, en
une écriture penchée
que Brigitte a adoptée dans la plupart de ses paysages.
Les frondaisons qui
accompagnent le promeneur au cœur de la forêt sont
savamment estompées. Il est
vrai que la nature aime à se cacher…La profondeur
des fonds sombres
en est un excellent complice…Le
noir n’existant pas dans la nature, il est
irrémédiablement banni de la palette
de Brigitte. Ses fonds sombres sont de savants mélanges de
vert, rose garance,
ocre transparent, bleu outremer…Les délicates
touches de verts qui en assurent
le relief sont animées du frémissement
annoncé. Ce frémissement est
particulièrement sensible quand il se détache sur
le ciel. Ce ciel virginal,
qu’aucun trait de pinceau ne semble avoir caressé,
est pourtant de Brigitte
comme certains silences sont de Mozart…
Dans ce tableau superbement construit, chaque chose est à sa place en fonction d’une esthétique naturelle, qui va de soi, qui est celle de la Création! Comme pour toute construction aboutie, on est tenté d’en repérer la clef de voûte. Ne serait-ce pas cette carotte sauvage, anoblie par Brigitte qui en a fait son blason et dont l’éclat immaculé est, dans cette composition, dignement serti de velours aux nuances de vert impérial?
La clé de
voûte
|
Cette forêt, Brigitte la connaît
depuis longtemps. «J’y
suis allée souvent
lorsque j’étais enfant, et j’y cherchais
les fées et les lutins. En forêt,
j’écoute les arbres, les oiseaux et les fleurs.
J’ai pris l’habitude de serrer
les arbres dans mes bras et ils m’offrent
leur énergie.» Sensible à
leur aura, à leur vibration, à
l’écoute de ses
sens, de ses perceptions, elle se laisse gagner par leur fort pouvoir
relaxant,
apaisant…
«En fait,
cette toile est un beau souvenir d’enfance et je
n’ai pas encore fait le tour
du sujet en peinture.»
(*) Frédéric GROS – Marcher, une philosophie – Carnets nord
faite de cette monographie sans l'autorisation de son auteur.