Culturel
" L'analyse
d'une Oeuvre "
par
François Walgenwitz
francois.walgenwitz@sfr.fr
![]() Le Petit Estuaire
Huile sur toile |
Cette marine s’est
imposée à moi comme étant le summum de l’Art de Bernard Gassmann, de ses
savoir- faire au service de la sensibilité qu’il éprouve, des impressions qu’il
cherche à communiquer. Un condensé de tout le talent qui lui vient à la fois de
sa riche expérience et des flashs toujours fulgurants de sa spontanéité.
Mais, cette œuvre, tout emblématique
qu’elle soit, est également innovante, originale, singulière…
La composition répond aux critères que
Bernard Gassmann s’est lui-même fixés: «Charger
le premier plan, mais toujours laisser à la toile un espace de
respiration…Prendre le temps d’avoir le paysage dans la mémoire et dans l’âme
avant de saisir les outils.» Le timide petit fleuve côtier qui, dans un
dernier méandre rejoint le vaste océan, guide le regard vers le haut, dans une
perspective ouverte à l’infini.
Les liens chromatiques, dès la
première approche, se révèlent comme l’aboutissement d’une démarche logique:
- Logique des
couleurs chaudes qui rapprochent et des couleurs froides qui éloignent, moyen
infaillible pour créer des effets de perspective et de relief et jouer sur les
contrastes.
- Logique de la
répartition et du dosage des surfaces dédiées à la couleur dominante du premier
plan, étendue et rabattue et aux couleurs toniques, plaquées en touches vives,
ténues, aux accords complexes de bleu-cyan, de rouge orangé et de vert,
tachetées de noir. Leur absence de relief qui leur confère un haut degré d’abstraction,
est voulu afin de ne pas entraver l’élan du regard vers l’horizon.
- Logique, enfin, de
la représentation de la mer, dans un camaïeu allant du clair où le blanc,
appliqué en épaisses couches simule le
déferlement des vagues, au cyan- magenta, en passant par toutes les valeurs du
bleu jusqu’au violet, synonyme de profondeur et de mystère…Le ciel, savamment
travaillé, s’impose au-delà d’un liseré sculpté au couteau qui symbolise une
mer encombrée d’écueils.
L’innovation, quant à elle, vient de
la volonté de l’artiste d’être le plus près de la nature, en dépit de la
facture impressionniste frôlant l’abstraction. Elle a consisté à incruster dans
la matière: résine, médium siccatif, et à coller de vraies petites pierres ainsi
que des morceaux d’écorces, notamment sur les amas de roches qui barrent la
composition de part et d’autre du minuscule estuaire.
«L’effet
obtenu est surprenant de naturel. Le volume des éléments incrustés donne une ombre naturelle sous l’effet de
l’éclairage, précise Bernard Gassmann, Il
s’agit d’un essai unique que je voudrais renouveler par la suite. Le public
sera juge et non l’artiste.»
Inventions de l’artiste et sympathie
du public, tout cela est spontané, libre. Certes, mais la vie n’est-elle pas
faite de rencontres?...

faite de cette monographie sans l'autorisation de son auteur.