Culturel
" L'analyse
d'une Oeuvre "
par
François Walgenwitz
francois.walgenwitz@sfr.frCavaliers dans la mer
Technique
mixte (acrylique + huile) 1980 |
Deux cavaliers
sortent de la mer. Leur galop les fait jaillir d’un ciel
ténébreux dont le bleu
sombre, intense, laisse deviner, par une subtile gradation, un horizon
qui renvoie
à l’infini.
Leur silhouette, hiératique,
imposante, élégante cependant, nous domine.
Centaures altiers, ils avancent
masqués. L’artiste les a sculptés
à coups d’aplats d’ombre et de
lumière
violemment contrastés: en cela, il se détache
délibérément du souci
d’imitation…
Leur brusque irruption dans la
lumière, rompt le silence qui régnait sur la
plage, le déferlement des modestes
vagues n’étant qu’un murmure. Les
coursiers soulèvent des gerbes d’eau que le
couteau du peintre agite savamment.
Dans un court instant, ils vont fouler
la lumière d’or de la plage dont la couleur jaune,
en s’éclaircissant
insensiblement, va à la rencontre des tonalités
bleues de l’écume de mer au
faible clapotis. La transition se fait en douceur, l’harmonie
est parfaite!
Thématique inédite. Nous sommes,
dans
ce tableau, à l’écart des paysages
typiques, des cités cubiques et du peuple
laborieux des villages grecs. Par lui, André Bricka rend
hommage à la Mer Egée,
la mer bleue, source de vie qui baigne les Cyclades, berceau des grands
mythes.
Aussi, les deux cavaliers nous
apparaissent-ils comme des personnages de légende. Plus
divins que mortels, ils
appartiennent à la Mythologie. On peut reconnaître
en eux les Dioscures, frères
d’Hélène. Ils émergent des
profondeurs marines après avoir quitté le
Hadès pour
rejoindre l’Olympe où Zeus leur permet de partager
leur immortalité. Toujours
ensemble, à sauver les navires en détresse,
à participer à l’aventure exaltante
de la conquête de la Toison d’Or, ils sont toujours
représentés, montant de
splendides chevaux.
A relire
l’Invocation
de Rolla, on a la sensation qu’Alfred de Musset
s’adresse à André Bricka dont
il aurait deviné l’intense nostalgie, pour lui
demander:
Regrettez-vous
le temps où le ciel sur la terre
Marchait
et respirait dans un peuple de dieux
-
-
-
Où
tout était divin, jusqu’aux douleurs humaines;
-
-
- -
Où
quatre mille dieux n’avaient pas un athée
-
-
- -
faite de cette monographie sans l'autorisation de son auteur.