Culturel




" Une vie, une Oeuvre, pour le plaisir

   des passionnés d'Art Alsacien "                      

                               

  Monographies de Peintres Alsaciens par François Walgenwitz
francois.walgenwitz@sfr.fr


                          

Robert Breitwieser 

(1899 Mulhouse -1975 Mulhouse)



L'amour dans l'Art

Robert BreitwieserAutoportrait, vers 1931 - 80 x 54.5 cm - Huile sur toile
© Association «Art de Haute-Alsace»


   

    L’œuvre de Robert Breitwieser, considérée comme une des plus brillantes de la peinture alsacienne du XXème siècle, s’inscrit dans la richesse d’un héritage culturel particulier: celui d’une région interface, historique et géographique, sorte de variable d’ajustement entre la France et l’Allemagne dont les rivalités ont considérablement perturbé la vie artistique. Mais, paradoxalement, rien de ce tumulte ne transparaît dans les tableaux de Robert Breitwieser qui nous laisse une peinture sereine, paisible, apaisante…

 

    Né à Mulhouse en 1899, successivement citoyen allemand, français, puis de nouveau allemand et français, Robert Breitwieser appartient à cette génération d’Alsaciens qui, selon Tomi Ungerer, «avaient plus de cartes d’identité que d’identité.» Mais en Art, «il n’y a pas de frontières, il n’y a que des émulations qui enrichissent la création.», comme dit justement Jean-Pierre Zingg, le biographe du peintre.

    De fait, Robert Breitwieser a su tirer profit de cette double culture qui caractérise l’élite de son époque. A l’académie des Beaux Arts de Stuttgart, en 1919, puis, à l’Ecole d’art Hoffmann de Munich, de 1920 – 1922, il est sensibilisé à l’expressionnisme des mouvements d’avant garde «Die Brücke» et «Der blaue Reiter». A Paris, où il se rend dès 1919, avec Schachenmann, le copain de ses vingt ans, il entreprend des études libres dans les ateliers de la Grande Chaumière. En 1928, il s’installe définitivement dans la capitale.  Alors, que d’échanges, que de découvertes ! Cézanne, le père du cubisme, Gauguin, l’inspirateur des «nabis»… Les toiles des «fauves» aussi retiennent son attention. Il a lu «Du spirituel dans l’Art» de Wassily Kandisnki…

    Robert Breitwieser est donc un homme très cultivé  Or, la culture est ce qui reste quand on a tout oublié! L’oxymore s’applique parfaitement à lui, qui émerge intact de cette effervescence artistique. Le résultat qui s’inscrit sur la toile vierge n’est imputable ni à Munich, ni à Paris, ni à tel ou tel maître adulé mais à R. Breitwieser exactement, avec une évidente sincérité, en toute liberté, «loin des conceptions intellectuelles et esthétiques, des écoles d’art» comme il le disait lui-même…

 

    Au Klettenberg, à Brunstatt, l’été, ou Rue d’Alésia à Paris 14ème, le reste de l’année, toute sa vie est consacrée à la peinture. La thématique qu’il trouve à profusion dans la maison familiale, dans la rue, dans la nature est des plus variées.

    Sa préférence va aux paysages. Ce sont souvent des endroits sans importance, presque sans signification: un chemin creux, la bordure d’un bosquet, le cerisier du jardin, un champ de blé, un sentier…En somme, ce qui se présente naturellement aux regards du promeneur. Il peint des fleurs, mais davantage de natures mortes, «dont les harmonies sourdes…paraissent héritées à la fois de Chardin et de Morandi.» (*) Tout en n’étant pas précisément reconnu comme un portraitiste, Robert Breitwieser laisse de nombreuses scènes intimistes, de nombreux portraits d’enfants. Suzanne sera tout au long de sa carrière le modèle favori, omniprésent. Et J.-P. Zingg peut affirmer qu’ «il n’y a pas de famille plus simplement baignée dans la joie et les toiles, aquarelles, dessins en témoignent sur les murs de l’atelier et de la petite habitation» (le Klettenberg de Brunstatt.)

    En fait, «son tempérament humaniste demeure fidèle aux thématiques qui expriment le rapport de l’homme à la nature ou à son univers intime.» (*)

    Il traduit sa sensibilité, ses impressions grâce à sa maîtrise de toutes les techniques, l’huile, le dessin, les arts graphiques. «C’est en plein air qu’il concilie le mieux les exigences de la technique avec les apports de sa propre personnalité. C’est en plein air qu’il nous enchante.» (**)

    Il va à l’essentiel; le dépouillement du dessin est tel qu’il frôle l’abstraction. Dans ses tableaux, c’est la couleur qui prime. C’est d’elle qu’émane la lumière, le mouvement, le rythme, la dynamique. Voyez «Suzanne à la machine à coudre»


 Robert BreitwieserSuzanne à la machine à Coudre, 1934 - 44 x 54 cm - Huile sur toile
© Editions Avant et Après


    

    

    Richesse des tons, couleurs assourdies, vibrantes, transposent le pictural en musicalité. C’est «une peinture qu’il faudra bien écouter pour mieux la voir» (J. – P. Zingg). Notons que Robert Breitwieser est issu d’une famille mélomane, de surcroît instrumentiste.

    A la spontanéité du début va s’ajouter la sérénité. Il passe «du symphonique à la musique de chambre, du déclamé au confidentiel» (***) Le thème de l’intimité familiale va se développer notamment dans le havre de paix du Klettenberg. Il peint Suzanne, son épouse toujours aimante. "Suzanne qui participe d'une adhésion totale aux jours fastes et plus encore aux jours difficiles bien plus nombreux et qui accepte avec joie de renoncer avec lui à beaucoup de choses que la plupart d'entre nous considèrent comme essentielles." (**) Il aime peindre Noémi, sa fille. Regardez son portrait, ce ne sont pas des coups de pinceau, ce sont des gestes de tendresse…

Robert breitwieserNoémi bébé, 1928 - 63 x 48 cm - Huile sur toile
© Editions Avant et Après

     

    

    «C’est l’âme de l’artiste qui nous parle ici, directement, de l’artiste qui a quelque chose à nous dire, quelque chose d’ému, de grave qui ne vise pas à frapper du dehors, mais à pénétrer profondément.»» dit un critique. Robert Breitwieser est un homme généreux…Son art est l’expression de l'amour. Rien ne heurte le regard.

Il est difficile de plaquer des mots sur tant de beauté.

 

Laissons-nous aller à la délectation…
Robert Breitwieser

Parmi ses nombreuses expositions (28 personnelles et 33 collectives), retenons particulièrement:

            - Sa participation, en 1926, à celle du Groupe de l’Arc fondé par Solveen, en 1923, qui fut l’occasion, d’après Me François Lotz, de sa première apparition en public.

            - Les deux expositions de 1928 – 30 à la Galerie Carmine, rue de Seine, à Paris qui lui valut la critique élogieuse du marchant de tableaux, Zborowski qui s’empressa d’acheter bon nombre de ses œuvres.

            - Les expositions organisées à Mulhouse en 1943 et 1947 à la Maison d’Art Gangloff, en 1959, à la Société Industrielle et, en 1972, à la Galerie Marbach, exposition individuelle, puis permanente.

            - Sa participation aux expositions collectives de 1931 et 1936 au Salon d’Automne et au Salon des Indépendants

            - Les expositions qu’il organisa à Carcassonne entre 1963 et 1974.

            - Enfin, les expositions rétrospectives, organisées à Mulhouse après sa mort (survenue le 11 mai 1975, dans sa ville natale), au musée de l’Impression sur Etoffe en 1976, à la Galerie Marbach, en 1991 et 1994, à la S.I.M., en 1999 et au musée des Beaux Arts  en 2002 – 2003.



Sources:

- Robert Breitwieser – J.-P. Zingg (***) – Editions «Avant et Après» - 1991

- Robert Breitwieser – Art de Haute Alsace - 1999

- Robert Breitwieser – Art de Haute Alsace, l’après guerre - 2011

- Robert Breitwieser, catalogue raisonné – Préface de J.-F. Keller, texte de Philippe Bata, conservateur en chef du Patrimoine – I.D. l’Edition, Rosheim. – 2007 (*)

- Robert Breitwieser – François Lotz – Artistes Alsaciens (1880-1982) Editions Printek (**) Citation de Marc Lenossos)

- Vingt ans de tableaux choisis – Edouard Boeglin - L’Alsace - 2001

- Les Peintres et l’Alsace, autour de l’Impressionnisme – Hélène Braeuner – La Renaissance du Livre  - 2003

- Robert Breitwieser, peintre du Sundgau. – Jean-Victor Litschgi – Saisons d’Alsace N° 48




Portfolio

Robert breitwieser
Paysage, vers 1920 - 50 x 65 cm - Huile sur toile - Coll. particulière
© ID - l'Edition, Rosheim


Robert Breitwieser
La tasse de thé, 1924 - 22 x 27 cm - Huile sur toile
© Editions Avant et Après



Robert Breitwieser
Massif de fleurs, 1927 - 50.5 x 80 cm - Huile sur toile
© Editions Avant et Après


Robert Breitwieser
Bouquet1930 - 55 x 46 cm - Huile sur toile - Coll. particulière
© ID - l'Edition, Rosheim


Robert Breitwieser
Nature morte à la mandoline, 1930 - 58 x 84.5 cm - Huile sur toile
© Editions Avant et Après


Robert Breitwieser
L'Ecolier, 1934 - 58 x 46 cm - Huile sur toile - Coll. Art de Haute Alsace
© Art de Haute Alsace


Robert Breitwieser
La récolte en Alsace, 1953 - 46 x 65 cm - Huile sur toile
© Editions Avant et Après


Robert Breitwieser
Le matin du 14 juillet, la fête des enfants, 1954 - 46 x 55 cm - Huile sur toile
© Editions Avant et Après


Robert Breitwieser
La parthénon1957 - 73 x 100 cm - Huile sur toile - Coll. particulière
© ID - l'Edition, Rosheim


Robert Breitwieser
Copie d'après Rembrandt, vers 1960 - 24 x 19 cm - Huile sur carton - Coll. particulière
© ID - l'Edition, Rosheim


Robert Breitwieser
Au Moenschsberg, ciel nuageux vers 1970 - 38 x 55 cm - Huile sur toile - Coll. Art de Haute-Alsace
© Art de Haute-alsace "L'après guerre" 2011


Robert Breitwieser
Neige sur les toits1975 - 33 x 41 cm - Huile sur toile - Coll. particulière
© ID - l'Edition, Rosheim



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