Culturel




" Une vie, une Oeuvre, pour le plaisir

   des passionnés d'Art Alsacien "                      

                               

  Monographies de Peintres Alsaciens par François Walgenwitz
francois.walgenwitz@sfr.fr
                      

 

Louis Wagner (1918-1981) 

" Une sensibilité d'un raffinement extrême " 

  

Louis Wagner 61c.jpg 
Louis Wagner



    Les débuts de Louis Wagner n’étaient pas simples, nous confie son fils Luc: son père, officier de l’armée allemande, forcément, est mort en mai 1918 et Louis est né en juin, à Haguenau où il passe son enfance. Pupille de la nation, une mère couturière à son compte, quatre enfants à élever, les conditions étaient dures.

    Dès sa plus tendre enfance, Louis Wagner a manifesté des dons d’une sensibilité sans égale et d’un sens aigu de l’observation. Il était attiré autant par la peinture que par la musique. Il a suivi des cours de peinture et de violon. Cependant, il se dirigea définitivement vers la peinture qui représentait pour lui le plaisir de la créativité et l’évasion vers le Beau. La musique restera, tout de même, hautement appréciée sa vie durant. Ses musiciens préférés furent Palestrina, Josquin des Prés, Mozart, ainsi que Mahler, Richard Strauss et Schönberg

 

Louis Wagner 62c.jpgLouis et Jean, son beau-frère

 

 

    En 1933, il entre à l’Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg. «Je me le rappelle tout jeune homme à l’EADS, c’est Camille Hirtz, son collègue de l’époque qui parle. D’un coup de tête, de son initiative propre, il s’est fait inscrire comme élève sans l’assentiment de ses parents. C’était un jeune homme fier, portant déjà en lui un monde intérieur  qu’à son âge on ne connaît ni si dense, ni si totalement absolu.» Il sort de l’Ecole en 1938, diplômé avec la mention TB. A cette occasion lui sont attribués le Premier Prix de la Ville de Strasbourg, ainsi que le Prix des Arts et Industries de Paris.

 

Louis Wagner 63c.jpgDiplôme délivré avec la mention Très-Bien

 

 

    Incorporé de force comme 130 000 autres Alsaciens et Mosellans, les récits de Louis, très discrets, sans doute pour oublier, évoquaient principalement les menaces qui pesaient sur sa mère et ses sœurs et les dures conditions qui furent les siennes sur le front de l’Est, en Pologne et en Saxe où il fut pris sous le terrible bombardement de Dresde du 13 au 15 février 1945.

 

Louis Wagner 64c.jpgIncorporé de force…

Encre sur papier

 

Louis Wagner 65c.jpg…Sur le front de l’Est

 

 

    Sommés d’illustrer, durant quatre longues années, les grands slogans du Troisième Reich, contraints de se tenir à distance de ce qui devint «l’art dégénéré» et de renoncer aux thèmes religieux, la jeune génération d’artistes en herbe se trouva, à la Libération, désorientée, désemparée devant l’art occidental  synonyme de liberté et de révolutions.

    En octobre 1945, Roger Marx, un idéaliste qui avait à peu près leur âge, se présenta à eux en homme providentiel, leur proposant de leur indiquer la voie à suivre en se regroupant sous la bannière frappante et prometteuse du «Groupe de l’Issue». Or, un idéaliste obéit à un idéal, croyant à des valeurs absolues, se forgeant des «impératifs». Ce fut le cas de Roger Marx et de son acolyte M. Ruch. Celui-ci, tenant compte de l’objectif de «l’Issue» de lutter contre la tendance vers un art purement subjectif, incompréhensible pour la masse des amateurs, prône «l’approfondissement de notre connaissance du réel» et la «nécessité de l’intelligible» et, par conséquent, condamne sans recours le surréalisme. «L’univers entier du surréalisme, c’est l’incohérence et le chaos érigés en principe, la négation de l’art». Roger Marx va plus loin, qui impose à la peinture et à la sculpture la convention fondamentale de «l’imitation créatrice», un oxymore…

    En fait, Louis Wagner, André Bricka, Jean Henninger et bien d’autres échappèrent à ce carcan. Le critique Marc Lenossos  distingue Louis Wagner comme étant le plus sensible, le plus émotif, le plus attachant. «Il rend les effets d’atmosphère avec distinction et justesse. C’est un sentimental, un rêveur, même dans ses compositions […] Ses tableaux sont une fête de la lumière qui révèle un tempérament mélancolique». L.-M. Kauffmann a cette appréciation qui ne supporte aucune traduction: «Zart veranlagt, seine Gemälde sind wie hingehaucht und von armutvoller Tiefe».

 

Louis Wagner 66c.jpgInvitation au vernissage de l’exposition du Groupe de l’Issue

Du Dimanche 19 mai 1946

 

Louis Wagner 67c.jpgLes professeurs de l’EADS en 1949

De gauche à droite

Arrière: Wagner, Gisselbrecht, Faivre, Watteel, Bauer, Geiss

Milieu: Schmitt, Hirtz, Pauli, Klein, Lehmamm, Freyburger, Fritsch, Meyer

Assis: Hirth, Solveen, Allenbach, Kamm, Madame Fuchs, Valentin, Andrès

 

Il devient, en 1948, le plus jeune professeur de l’Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg. Rapidement promu chef de la section peinture, il enseigne la peinture décorative, la peinture de chevalet, la mosaïque, la fresque et les autres disciplines de la peinture murale. «Un artiste de talent et de passion», reconnaîtra plus tard François Cacheux. Louis-Philippe Kamm, chargé provisoirement de la direction de l’Ecole, titularisé quand Louis Wagner y entre, s’est avéré, sous un aspect débonnaire et bon enfant, l’homme de la situation en réorganisant l’EADS de façon énergique.

    René Allenbach lui succéda en 1954, «dernier directeur traditionnellement nommé d’une Ecole tranquille, complaisante, conventionnelle» (1). Après sa mort, en 1958, le vent du changement s’y engouffra avec François Cacheux. Dans cette école où l’aspect «métiers d’art» dominait (notamment parce-que subventionnée traditionnellement par la Chambre des Métiers), deux exigences allaient structurer son travail: maintenir et garantir le niveau d’excellence du savoir-faire et «faire revivre l’aventure créatrice qui fait battre le cœur.» La technique devait cesser d’être une fin en soi; car c’est dans la liberté seule que peut se construire une œuvre qui bouleverse l’âme par sa transcendance. Telle était sa conviction fondamentale.

    Il fut accueilli avec joie par les jeunes professeurs du «Groupe de l’Oeuf», dont Louis Wagner, «.Lui aussi aimait le vin d’Alsace, se rappelle Cacheux avec plaisir, c'est lui qui me fit connaître, avec Alfred Tinsel, les Winstube et, en particulier le Kammerzell où nous avions notre Stammtisch […] J’ai exposé avec Louis à Stuttgart et le musée de cette ville nous acheta des toiles.»

    François Cacheux a réussi à faire admettre l’EADS en 1ère catégorie. «Nous étions enfin placés en 1ère classe, après nos brillants succès au Cafas et aux diplômes nationaux. Ce qui entraîna un réajustement conséquent des salaires des professeurs titulaires qui voyaient aussi réduire leurs heures de présence […] qu’ils devaient à la Ville. J’expliquais au maire, Pierre Pflimlin, que l’enseignement en deviendrait meilleur car les professeurs feraient des progrès chez eux. Wagner augmenta ses expositions, Hirtz également, la cote d’André Bricka monta à Strasbourg et à Paris…»

    Selon François Cacheux, après 1968, dont les «événements» ont considérablement perturbé le fonctionnement de l’Ecole, «dégouté par la démagogie dont il fut victime», lui aussi, Louis Wagner abandonna son poste à Camille Hirtz

    Louis Wagner fut parmi les professeurs et les élèves qui firent briller le nom de Strasbourg en Europe et dans le monde.

    Des années 1950, nous disposons essentiellement de dessins au crayon gras, aux crayons de couleurs et de sanguines qui témoignent de la rigueur du talent de Louis Wagner mais aussi de l’efficacité de l’effet recherché. «Il se peut que le Dessin soit la plus obsédante tentation de l’esprit.» (Paul Valery)

 

 

 

 

Louis Wagner 68c.jpgWaldersbach, 1958

Crayon

Louis Wagner 69c.jpgDelft 1958

Crayon

Louis Wagner 70c.jpgSans titre, 1959

Crayons de couleurs

 

Louis Wagner 71c.jpgSans titre, 1959

Sanguine

 

    Dans les années 1960-62, quatre étudiants hongrois utilisèrent l’atelier de tissage de l’EADS pour y entreprendre de la tapisserie, transformant les vieux métiers en basses lisses. Louis Wagner, avec l’aide d’un technicien des Gobelins, créa des métiers de haute lisse; la tapisserie devint son violon d’Ingres… «Par amour du travail manuel, il s’est fait lissier, exécutant sans cartons de magnifiques tapisseries. Il se fiait entièrement à son inspiration et ce travail artisanal lui a procuré beaucoup de joie.»

 

Louis Wagner 72c.jpgPhoto: DN Waydelich

Louis Wagner devant sa haute lisse

Installée dans sa maison à Rosheim

 

Louis Wagner 74c.jpgTapisserie de haute lisse

 

 

     Les cours de l’EADS se terminant le vendredi soir, quelques professeurs, amis de longue date, avaient pris l’habitude de se retrouver au Pfifferbrieder, autour d’un kannales, avant de se séparer pour le week-end. On parlait peinture, plutôt qu’école!... C’est dans cette ambiance que Jean-Jacques Hueber eut l’idée de former un groupe au sein de l’A.I.D.A dont il était le trésorier. Bien qu’étant de tempéraments différents, l’unanimité fut immédiate. Sur l’invitation à la première exposition, le fondateur proposa l’image de l’œuf pour représenter le groupe: l’œuf étant un symbole de perfection, de pureté, de fécondité. De plus le vernissage eut lieu le 21 mars1959, à proximité de Pâques.

 

Louis Wagner 75c.jpgSalon de l’Oeuf

Invitation

 

 

Les exposants étaient au nombre de dix. Parmi eux, Louis Wagner. «Il sortait à peine de son impressionnisme juvénile et voguait en pleine période précieuse: paysages éthérés, nus maniérisés, visages et personnages d’une fragilité bucolique», relate Louis Fritsch. Il est reconnu comme étant le plus figuratif du groupe. Il compose  avec beaucoup de personnalité des paysages plongés dans des teintes gris-bleu très originales. Son art est d’une prodigieuse richesse, reconnaît Camille Schneider. Pour Roger Kiehl, «ses compositions reviennent comme des visages aimés qui auraient partie liée avec une nostalgie où charme et vigueur ne sont point inconciliables.» Le critique, qui rend compte des prestations de Louis Wagner à l’exposition de 1965, constate une soudaine et inexplicable tristesse dans les grâces longilignes des «Filles» avec, en plus, un air de sauvage et de désespéré défi qui les rend plus émouvantes. «Son surréalisme est celui des rêves, ses personnages sont des êtres curieux qui semblent s’ignorer, comme s’ils avaient bu au Léthé».

 

Louis Wagner 76c.jpgLune

Peinture laquée

 

Louis Wagner 77c.jpgNu au miroir

Huile sur toile

 

Louis Wagner 78c.jpgVisage
Pastel

 

    Les expositions du Groupe de l’œuf sont, avant tout, des rencontres libres d’amis, en toute indépendance d’expression. Il y a des abstraits, des mystiques, des surréalistes, des «modernes»…L’attrait essentiel de leur œuvre réside dans le côté mystérieux de leurs visions. Ils font œuvre d’imagination, plus que de réalisme…Et leur salon montre une excellente synthèse de ce qu’on enseigne aux jeunes élèves de l’Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg.

    A la suite de l’exposition de Stuttgart, en janvier 1967, la critique d’outre-Rhin déplora l’absence d’expériences extrêmes «Ohne extreme Tendenzen». Certains d’entre eux se sentaient concernés! L’expo de 1967 n’eut pas lieu. Louis Wagner fut absent en 1968, et le 10ème anniversaire ne fut pas fêté. Le Groupe de l’Oeuf avait vécu!...

    Cet éclatement est dans la nature d’un groupe de cette sorte, organisme vivant, soumis, selon Louis Fritsch, à la loi «formation-apogée-décadence» Appartenir à un groupe est une contrainte or, rien ne vaut la liberté pour émerger.

    Il y avait, en 1948, plusieurs Wagner à Strasbourg: E.-H. Wagner, Camille Wagner et Louis Wagner qui faisaient de la peinture!  Tous trois étaient relativement jeunes et le public devait bien faire attention pour ne point les confondre.

    Louis Wagner, selon le critique Marc Lenossos, qui le suivra dès lors, ne redouta pas longtemps la confusion, grâce à son originalité propre: ses tableaux sont de véritables fêtes de la couleur, «gaillardement» harmonieuses. Si Lenossos déplore un certain manque d’unité dans une facture déchiquetée, analytique, il reconnaît qu’un tableau de Louis Wagner demeure «séduisant, attachant, pimpant, un régal pour les yeux et l’esprit.». Il apprécie chez ce jeune peintre qu’il sache être à la fois paysagiste, peintre de nus et de compositions

 

Louis Wagner 79c.jpgArlequin

Huile sur toile

 

    Dans les années 1960, c’est un art intimiste que Roger Kiehl distingue, un art qui fait la part du spirituel et du tangible. «Il va à la fois au-delà des décors et des personnages qui l’habitent qu’au-delà d’une poésie enveloppante à laquelle nous nous sommes habitués.» nous dit-il en écho à l‘exposition de la galerie Aktuarius du 8 janvier 1961

    Les paysages ont l’apparence de tableaux travaillés, ils semblent être le résultat d’un travail essentiellement d’atelier comme l’ensemble de l’œuvre. La mémoire joue plus souvent que l’à-propos direct du motif. En 1963, Louis Wagner inspire à Marc Lenossos des appréciations élogieuses notamment pour l’originalité et la qualité picturale de ses toiles d’un coloris fulgurant aux touches laquées, vernies. «Il y a chez ce jeune professeur de l’Ecole des arts décoratifs, un lyrisme poétique contagieux dont inconsciemment, il faut subir le charme. Ses effigies féminines, étirées à la façon de Modigliani en arabesques décoratives, surprennent à première vue, puis on s’y habitue. On finit par aimer leur grâce naïve. On songe à Peynet  en contemplant ses couples d’amoureux et ses jeunes mariés.»

    Le style de Louis Wagner semble commandé totalement par la couleur. Si ses paysages, ses villages se ressemblent par leur forme, c’est l’éclairage, le choix des couleurs qui en font l’inspiration différente et suggèrent des méditations diverses. Les gris, les blancs, les bleus invitent à la paix intérieure, dit un critique, et ils sont d’autant plus témoins d’une telle espérance, qu’ils sont mis en contraste avec des rouges, des ors, des bruns, des auburn. De fait, «Louis Wagner nous propose une très heureuse et très vivifiante symphonie de couleurs.» (Exposition Aktuarius du 7 octobre 1964)

 

Louis Wagner 80c.jpgComposition

Peinture laquée

    Il ne se contente pas de peindre, il s’évade. Ses œuvres ne sont pas de simples études sur nature, mais le fruit d’une longue méditation et de minutieuses recherches, ce qui atteste d’une grande sincérité. Par cette sincérité, cette façon de se donner sans arrière-pensée, il confère à nos songes une réalité terrestre. « Le plus grand poète pour nous, dit Sainte-Beuve, est celui qui donne le plus à imaginer et à rêver à son lecteur, qui l’a le plus excité à poétiser lui-même. C’est celui qui suggère le plus.»

L’univers poétique qu’il porte en lui à travers les paysages et les hameaux du Midi et spécialement de la Provence et des Corbières, sites méridionaux dans la splendeur de l’aube ou dans la mélancolie des ciels crépusculaires, s’offrent dans une tendresse infinie, par des éclairages savamment dosés. Ainsi, Louis Wagner «nous conduit jusqu’au cœur même des choses et, comme il peint ce qu’il aime, tout est d’une grande et émouvante beauté.», s’émerveille Jean Christian, critique et ami.

 

 

 

 

Louis Wagner 81c.jpgPaysage crépusculaire, 1975

Peinture laquée

Louis Wagner 82c.jpgLumière du soir

Peinture laquée

Louis Wagner 83c.jpgNarbonne

Huile

Louis Wagner 84c.jpgCampanile provençal

Huile

 

    Le 1er novembre 1973, Roger Kiehl retrouve Louis Wagner à Rosheim dans une vieille demeure tout à fait charmante, la «Laube», située en face de l’Hôtel de Ville, à deux pas de l’église Saint-Pierre et Paul, joyau de l’art roman. Roger Kiehl aime à rappeler dans son article que Louis Wagner, a été «adopté par cette petite ville qui ne manque pas de caractère et dont il m’a si souvent dit la cordialité amène de ses gens. Louis Wagner s’est vu mettre à sa disposition par la municipalité le premier étage de la «Laube». Il y a aménagé son atelier, un bel éclairage l’y autorisant. C’est là qu’il présente donc son exposition.»

    Dans ses expositions biennales de Rosheim, Louis Wagner retrouve sa richesse graphique, sa joie de vivre, son effusion poétique, une finesse un peu maniériste, le tout baignant dans une allusive tendresse; celle des portraits qui échappent à toute familiarité, celle des femmes et des filles «qu’isolerait leur silence si leurs yeux ne le reniaient.», figées dans une sorte d’éternité

 

La richesse graphique

 

Louis Wagner 85c.jpgEtude

Crayon de couleur aquarellé

 

Louis Wagner 86c.jpgTapia, Andalousie

Crayon

 

Louis Wagner 87c.jpgPabalba, 1976

Aquarelle

 

 

Louis Wagner 88c.jpgVillage sous la neige

Gouache

 

 

 

 

Le portrait

 

Louis Wagner 89c.jpgJeune-fille en buste

Crayon

 

 

Louis Wagner 90c.jpgEtude

Aquarelle

 

 

 

 

 

 

L’effusion poétique


Louis Wagner 91c.jpg«Figée dans une sorte d’éternité»

Peinture laquée



Louis Wagner 92c.jpg«Une finesse un peu maniérée»

Peinture laquée

 

    Au fil des années, la thématique de Louis Wagner s’étoffe. Aux fleurs de ses débuts, s’ajoutent les paysages, les compositions, les nus, les portraits, quelques natures mortes… Les techniques se diversifient. Aux aquarelles qui tiennent une place de choix dans son œuvre, s’associent la peinture à l’huile, la peinture laquée, la peinture sur paravent ou murale, comme, par exemple la fresque du chœur de l’église catholique d’Oberbronn dont la belle lumière et le merveilleux équilibre ont été salués par Jean Christian. L’art sacré occupe une place assurément importante dans l’œuvre de Louis Wagner.

 

Louis Wagner 93c.jpgBouquet

Crayon

Louis Wagner 94c.jpgBouquet sépia

Huile

Louis Wagner 95c.jpgCollioure

Crayon aquarellé

 

 

 

 

Louis Wagner 96c.jpgConciliabules…

Aquarelle

 

Louis Wagner 97c.jpgMarché Provençal - 1976

Aquarelle

 

Louis Wagner 98c.jpgRavaudage des filets

Aquarelle

 

Louis Wagner 99c.jpgBonne pêche

 

 

    Il y a beaucoup de bonheur dans ce monde merveilleux dans lequel Louis Wagner nous convie, tant d’art et de bonne grâce qui lui viennent de sa liberté d’inspiration et de l’ambiance musicale dans laquelle il s’isole. «Quand il ne peint pas, il joue du violon, touche son orgue, et quand il peint, il écoute encore ce que lui inspire la musique, celle du Moyen-Age, de la Renaissance, et celle des Romantiques…ce que lui dicte avec douceur, les sons qui laissent sur sa palette comme le reflet ou l’appel de nos rêves.» (Yves Hucher, 1981)

 

 

Louis Wagner 100c.jpgL’amour de la musique

 

 

    En 1975, Louis Wagner ajoute une autre pièce de la «Laube» à son exposition pour la consacrer à sa très belle collection d’icônes, par lesquelles il retrouve le sens sacré du métier. «Dans ces icônes aux couleurs flamboyantes, aux rouges incandescents, aux bleus moelleux, l’artiste a tout réalisé, le métal, le cadre de métal repoussé qui entoure les peintures, l’insertion des pierres, en un mot, tout. Cette petite chambre aux icônes est, dans le meilleur sens du terme, sa chapelle, le petit sanctuaire où Louis Wagner retrouve tout ce qui a donné à sa vie un sens si profond.» (Article des presse, signé G)

 

 

Louis Wagner 101c.jpgLa Vierge à l’Enfant

Icône

 

Louis Wagner 102c.jpgSaint-Martin

Laque



Louis Wagner 103c.jpgChapelle de Spechbach-le-Haut

Retable

 

    Vers la fin de sa vie, il se consacre presque exclusivement à ses merveilleuses laques sur bois, pour lesquelles il a toujours eu un grand penchant. Elles sont le fruit d’une recherche personnelle concernant les secrets de préparations à base de résine et d’autres ingrédients  dans la peinture sur bois du Moyen-Age. Elles lui permettent d’allier la grâce empruntée à la Renaissance italienne, le poli hérité de la peinture flamande du Moyen-Age finissant et de l’Extrême-Orient à la luminosité  des Corbières, notamment, où on l’avait vu souvent au petit matin, attendant, dans le silence, le lever du soleil pour, ensuite, s’adonner au patient travail de transmutation dans son atelier. «Jamais de pleine pâte dans ses paysages: sa sensibilité est d’un raffinement extrême, la mise en page est d’une grande rigueur, la composition presque géométrique, plan, murs et toits traités dans des tons généralement très voisins, d’une très fine modulation.

    «C’est à propos de la technique de ses laques que le mot finesse s’impose. La matière, déjà d’une subtilité superbe quand il s’agit des couleurs – l’ocre, le bleu, le vert, mais toujours très fondus et assourdis – devient sublime par le traitement qu’elle subit. Quinze couches parfois avec un ponçage pour chacune! L’effet en est que ces paysages deviennent pour ainsi dire leur propre reflet, que leur «eau», pour parler en termes de pierres précieuses, opère une distanciation littéralement enchanteresse, et que n’est retenu que l’essentiel, l’essence, dans une lumière d’une extraordinaire noblesse, elle aussi haussée, mais sans éclat intempestif, au degré supérieur.» (Claude-Gérard Benni)

 

Louis Wagner 104c.jpgComposition

Laque



Louis Wagner 105c.jpgVierge à l’Enfant

Laque



Louis Wagner 106c.jpgDescente de Croix

Peinture laquée

 

Louis Wagner 107c.jpgTravaux des Champs

Peinture laquée

 

    Après sa retraite anticipée, prise en 1976, Louis Wagner retrouve sa liberté de mouvement, éperdu de travail et rayonnant à partir de son Rosheim d’adoption où il se savait chez lui. Caché derrière une barbe grisonnante, un visage serein où brillent deux yeux bleus d’une exquise douceur; c’est ainsi que le connaissaient les Rosheimois qui l’ont élu au Conseil Municipal.

    C’est au cours d’un bref séjour à Cannes où il exposait, qu’un malaise le surprit, nécessitant son rapatriement d’urgence. Tout espoir de survie devait très vite être abandonné. Il décède la 1er octobre 1981 au CHU de Haute-Pierre. Il n’avait que 63 ans!...Son épouse Inès et ses amis l’ont enterré à Rosheim.

    «Avec lui, disparaissait un peu plus un genre de vie, un humanisme, une forme de courtoisie qui était comme la fleur de l’esprit.» (Pierre Schneider)

 

    Artiste de notoriété internationale, de nombreuses œuvres de Louis Wagner ont été acquises par les Musées de Strasbourg, le Conseil de l’Europe, le Musée de Stuttgart, l’Ambassade des Pays-Bas...Il a participé à plusieurs expositions de groupes en Allemagne, en Suisse, aux Etats-Unis…

Il fut membre de l’Académie d’Alsace et de l’AIDA

 

 

Louis Wagner 108c.jpgLouis Wagner

Derrière une barbe grisonnante, un visage serein où brillent deux yeux bleus d’une extrême douceur

 

 
Crédit photographique: Luc WAGNER

 

 

Bibliographie

 

 

-        Artistes d’Alsace - Saisons d’Alsace N° 47 - 1973

-      Histoire de l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg – Gabriel Andrès – Ed. Jérôme Do Bentzinger, 2014

-        1, rue de l’Académie – Camille Claus – Saisons d’Alsace (1)

-        30 années aux Arts Déco – François Cacheux – Saisons d’Alsace

-        Générations d’Artistes – Camille Claus – Saisons d’Alsace N°116

-        Louis Wagner – Me François Lotz in Artistes alsaciens de jadis et naguère – Ed. Printek, Kaysersberg

-        Les peintres et l’Alsace- autour de l’impressionnisme – Hélène Braeuner – La Renaissance di Livre, 2003

Articles de presse signés: Jean Christian, Roger Kiehl, Marc Lenossos, Camille Schneider, Camille Hirtz, Yves Hucher, Pierre Scheuer, Claude-Gérard Benni, Daniel Grandidier, Louis Fritsch…

 



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