Culturel




" Une vie, une Oeuvre, pour le plaisir

   des passionnés d'Art Alsacien "                      

                               

  Monographies de Peintres Alsaciens par François Walgenwitz
francois.walgenwitz@sfr.fr


                          

Henri Zuber 

(1844 - 1909)



Au premier rang des peintres paysagistes du 19ème siècle

    En parcourant l’excellent ouvrage que Mr Denis BLECH a consacré à Henri Zuber, nous découvrons un homme d’une droiture, d’une noblesse de cœur exemplaires, un esprit cultivé qui savait que «O combien les Muses sont sœurs!», un artiste accompli, discret, exigeant dans la recherche de sa vérité.



©SOMOGY – Editions d’Art

Autoportrait – 1870 – Huile sur toile (46x37cm) – Coll. part



    C'est dans un environnement familial imprégné d’art, de culture, de bon goût que naît Henri Zuber, le 24 juin 1844; à Rixheim, dans l’ancienne commanderie des Chevaliers Teutoniques, belle demeure classique du 18ème siècle, à la fois siège de la manufacture d’impression de papiers peints et résidence de la famille. Derrière la sobre façade s’étend un grand jardin mis en valeur par trois générations d’amateurs éclairés d’horticulture. Enfant, Henri Zuber découvre là un parc à l’anglaise avec serre, gloriette, grand bassin. Ce riche ordonnancement a évidemment éduqué le regard du futur artiste. Par ailleurs, l’influence de son oncle, Frédéric, directeur artistique de la manufacture, passionné d’art, mécène et stimulateur du musée des Beaux Arts de Mulhouse a certainement touché Henri. Enfin, l’artisan d’art, Eugène Ehrmann, passé maître dans la composition de papiers peints «panoramiques» lui donna ses premières leçons de dessin.

    Son père, Jean Zuber, directeur, meurt alors qu’Henri a dix ans. C’est donc sa mère, Elise, une femme exceptionnelle d’intelligence, qui le conduira dans la vie et l’élèvera dans la pure orthodoxie protestante, ce qui constitue un excellent viatique. Et ce n’est pas Max Weber qui me contredira…Cadet, il doit laisser  la direction de la manufacture à ses deux frères diplômés de Centrale  En 1861, il intègre l’Ecole Navale Impériale de Brest. En tant qu’enseigne de vaisseau, il participe à l’escorte de Maximilien d’Autriche, proclamé – funeste destin – empereur du Mexique. Puis, de 1864 à 1868, il vit quatre années de navigation passionnante en Extrême Orient. Sa corvette fait escale en Chine, en Corée, au Japon. De ses nombreuses excursions, il rapporte de superbes aquarelles

    De retour en France, il démissionne de la Marine pour se consacrer à la peinture. Il fréquente l’atelier de Charles Gleyre qui dispense une formation académique à la technique de la peinture à l’huile. Sa méthode d’enseignement, inédite, non directive, dépourvue de tout formalisme, pousse chacun à développer son propre chemin artistique. Deux principes s’avèrent tout de même être de mise: la primauté du dessin sur la couleur et celle des thèmes classiques, bibliques, sur les sujets personnels, originaux. Renoir fut son élève et ses méthodes ont influencé les futurs impressionnistes.

    Grâce à la fréquentation des musées, Henri Zuber apprend à connaître et à apprécier Claude Gelée dit Le Lorrain (1600-1682) et sa maîtrise des ciels, les paysagistes anglais, tel Constable (1776-1837). Il admire également Courbet pour ses grandes œuvres de chevalet et Corot pour ses travaux sur le motif. Il se sent proche de Sisley et de Louis Français, ses contemporains. Cependant, il reste fidèle à l’enseignement que lui procura Gleyre.

Un observateur attentif de la nature

    Concernant sa thématique, on distingue trois périodes: celle des souvenirs de voyages, celle des «grandes machines», les thèmes historico-mythologiques et celle de l’aboutissement où il exprime «sa propre sensibilité artistique, celle d’un observateur attentif de la nature telle qu’elle se présente à lui.» (Denis BLECH). Aquarelliste, il expose régulièrement au salon des aquarellistes français où son talent lui vaut la place d’honneur. Il maîtrise parfaitement cette technique ô combien difficile et ce, avec une palette souvent réduite à huit couleurs. Il s’essaie aussi, avec succès,  au dessin aquarellé sur papier gris avec rehaut de pastel (Fenaison en Alsace – 1874). Mais il doit sa célébrité auprès du public des salons à la peinture à l’huile; ses modulations de la lumière, ses ciels profonds, remarquables de vérité, jamais opaques font merveille; il se plait dans l’étude des arbres de tous les climats de France; il aime aussi fixer sur la toile les sites urbains du Paris de la Belle Epoque où il habite, à deux pas du jardin du Luxembourg; enfin, rares sont les portraits, art dans lequel il excelle pourtant. (Portrait de Madeleine Oppermann, aquarelle).



©SOMOGY – Editions d’Art
Portrait de Madeleine Oppermann – Aquarelle (46x37 cm) – Coll.part.

    

    D’une technique lissée, il évolue vers une facture aux touches plus visibles, aux couches de couleurs plus généreuses, plus riches en matière, plus vivantes; ce qui le rapproche, à son insu, des impressionnistes.

    En 1871, alors que l’Alsace est rattachée à l’empire allemand, il opte pour la nationalité française. Il se marie avec Madeleine Oppermann. En 1872, il s’installe à Paris, rue de Vaugirard. Hélas sa chère Madeleine meurt prématurément à l’âge de 31 ans lui laissant quatre enfants. En 1883, il se remarie avec Hélène Risler. De ses deux mariages, Henri Zuber eut sept enfants.

    Chaque année, il retourne, en famille à Rixheim et à Ferrette où son père a acquis les ruines du château et a construit un chalet accueillant. Ferrette est pour lui une source d’inspiration inépuisable. C’est dans les forêts et les pâturages de Luppach, de Fislis, de Winckel qu’il trouve les principaux motifs de ses œuvres. Là, il se tourne délibérément vers la peinture de plein air «Son véritable refuge est la forêt» (Denis Blech)

    Henri Zuber laisse à la postérité une œuvre considérable. On peut estimer que le peintre a vendu de son vivant, entre 650 et 700 œuvres, huiles et aquarelles. Il a participé à de nombreuses expositions, notamment aux expositions universelles de 1889 et 1900 où ce fut un triomphe. Il exposa encore dans plusieurs métropoles d’Europe, mais aussi à Strasbourg et à Mulhouse, à de nombreuses reprises. Entre 1910 et 1969 quatre expositions rétrospectives lui furent consacrées.

    A présent, trois rendez-vous s’imposent pour mieux connaître et apprécier l’homme et l’immense artiste qu’est Henri Zuber: la commanderie de Rixheim et son musée du papier peint, berceau stimulant  du peintre, le musée des Beaux Arts de Mulhouse dépositaire de plusieurs de ses œuvres parmi les plus représentatives et, enfin, le beau livre de Denis Blech pour suivre «De Pékin à Paris, l’itinéraire d’une passion», celle d’Henri Zuber


©SOMOGY – Editions d’Art
Meules en hiver – Huile sur toile (46x65 cm) – Coll.part.


©SOMOGY – Editions d’Art

Fenaison en Alsace – Dessin aquarellé sur papier gris, rehaut de pastel

(25x35 cm) Coll. Part.


©SOMOGY – Editions d’Art
L’Eglise de Ferrette – Aquarelle (42x28 cm) – Coll. Part.


©SOMOGY – Editions d’Art

Les Premiers Sillons (en Haute Alsace) ou Le Laboureur - Huile, 120x180 cm

Musée d’Orsay, Paris


©SOMOGY – Editions d’Art
La Commanderie de Rixheim côté jardin – 1876 – Huile (36x46 cm) – Coll. Part.


©SOMOGY – Editions d’Art
Rue de Sèvres – Aquarelle (29x44 cm) Coll.part.


©SOMOGY – Editions d’Art
Parc de Saint-Cloud, 1886 – Huile (46x65 cm) Coll.part.


©SOMOGY – Editions d’Art
Dames sur la dune, 1885 - Huile sur bois (25x35 cm) Coll. Part.


©SOMOGY – Editions d’Art

Jonque chinoise dans la baie de Ting Haë, 1882

Huile (142x200 cm) Coll. Part.


©SOMOGY – Editions d’Art

Marée basse à Dinard, 1876 – Huile (112x150 cm)

Musée des Beaux Arts de Mulhouse, Fonds SIM




Bibliographie:

- Denis BLECH – Henri ZUBER. De Pékin à Paris, itinéraire d’une passion – SOMOGY. Editions d’Art - 2008

            Ouvrage disponible auprès de l’APHZ, 4/8 Rue Robert de Flers, 75015 PARIS

 
- Me François LOTZ – Artistes peintres alsaciens de jadis et naguère (1880-1982) - Editions PRINTEK

 
- Max WEBER L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme – Editions PLON - 1964

 
- Un grand merci pour l’aimable autorisation du musée d’Orsay, Paris, du musée de Picardie, Amiens et du musée des Beaux Arts de Mulhouse.



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