Culturel




" Une vie, une Oeuvre, pour le plaisir

   des passionnés d'Art Alsacien "                      

                               

  Monographies de Peintres Alsaciens par François Walgenwitz
francois.walgenwitz@sfr.fr
                      

 

Eugène Noack



Un artiste libre, attaché à sa vile natale: Colmar

Eugene Noack 169c© Christophe Meyer

 
    

    

    Eugène Noack est un homme difficilement définissable, dont la vie, si elle ne présente pas d’événements sensationnels, est marquée du sceau de l’originalité et plus précisément du paradoxe: un homme à la fois simple et compliqué, solitaire et pourtant sociable, modeste et renommé, à la fois caricaturiste et poète, dont l’œuvre peut être perçue comme réaliste et qui est, en même temps, empreinte de merveilleux.

 

    Eugène Noack est né le 2 janvier 1908 à Colmar, rue des Cloches, dans le quartier historique dont la rénovation, dans les années 1970, a fait disparaître sa maison natale. Il est le second fils d’Albert, tapissier de profession, qui, ayant fait son service militaire dans la marine, est resté un bourlingueur dans l’âme; «une bougeotte qui lui vient de la Bohème, berceau des Noack» nous apprend son biographe, Lucien Naegelen. Extraction populaire, donc, qu’Eugène assumera sereinement plus tard.

    Avec sa petite sœur Gaby, il n’aura pas le temps de profiter de Colmar, leur père ayant décidé de partir travailler à Bâle. Il s’était reconverti dans la technique du linoleum, revêtement de sol qui venait de faire son apparition et qui connut, tout de suite, un vif succès. Ainsi, en 1913, à cinq ans, le petit Eugène arpente les rues de Bâle, s’amusant à reproduire les enseignes des magasins; et ce, avant de savoir écrire…Sensible aux heureuses dispositions de son garçon, Augustine en fit part à son institutrice. Mais, celle-ci lui opposa un dénigrement péremptoire. Cette première contrariété va d’ailleurs être suivie d’une deuxième quelques années plus tard, à Francfort-sur-le Main où Albert installe sa famille au début de 1918. Alors que le jeune Eugène ne rêvait que de peinture, «Ich han immer fantasiert vum mole, scho als Kneckes», on l’oriente vers l’ébénisterie, de façon catégorique et sans appel puisque la famille elle-même y consent…

    Eugène obtempère, mais se venge à sa manière: «Dort han ich mine Lüsbüewe Johre verlabt». (Là, j’ai fait les quatre-cents coups.) Il sèche régulièrement les cours. Il se promène en ville et s’applique à dessiner les monuments qui l’intéressent. Or là, pour une fois, le hasard va bien faire les choses: Eugène est surpris par le maire de la ville, qui, admiratif devant son croquis, l’invite à exercer ses talents sur les bâtiments publics, à s’initier à l’histoire de l’Art en lui ouvrant les musées. C’est ainsi qu’il est mis en contact avec les œuvres d’Albert Dürer qui vont le conforter dans son ambition.

    Cependant, il poursuit sa formation d’ébéniste et la termine à Colmar où sa famille retourne dans les années 1920. Bien que n’étant pas son domaine de prédilection, il réussit de très belles œuvres. Notamment une bibliothèque d’angle ornée de quatre marqueteries, exercice difficile dans lequel il s’affirmera, tout en reconnaissant humblement Charles Spindler comme un maître inégalable.

    En 1928, un oncle ébéniste lui offre l’opportunité de «monter» à Paris, exercer le métier à ses côtés tout en suivant les cours de la prestigieuse école Boulle, créée en 1886 près du faubourg St-Antoine, qui dispense des formations aux métiers de l’art, au design et aux techniques industrielles. Il en sera très vite éjecté sous prétexte que, ne sachant pas tirer une ligne droite, il est déclaré incapable de dessiner. Il y avait de quoi devenir fataliste!... Mais, Eugène n’en a cure. Une providentielle coupure à un doigt l’ayant contraint à l’inactivité, il en profite pour découvrir Paris.« Je passais mes journées à flâner sur les quais, un carnet à spirale sous le bras, à dessiner tous les quartiers de Paris.» Et à  visiter le Louvre, bien évidemment. La magie de Paris l’avait envoûté comme tant d’autres artistes avant et après lui…

    Au bout d’un an, cependant, le mal du pays prend le dessus. Eugène retourne à Colmar. De Colmar à Colmar, la boucle est bouclée. Il n’en repartira plus jamais. On regrette qu’il ne reste plus que trois des centaines de croquis que la capitale lui a inspirés. Mais bon, la page est tournée… Il reprend son métier auprès de  différents patrons et, libéré du service militaire aussitôt qu’appelé pour cause de problèmes d’asthme, en 1935, il  s’installe à son compte dans la rue qui passe derrière sa maison natale.


Eugene Noack 170cL'Alsacienne
Marqueterie



Eugene Noack 171c.jpgL'Alsacien
Marqueterie


       

    

    Sa compétence et son inventivité, ses belles réussites en marqueterie, lui assurent une clientèle qui lui permet d’embaucher un ouvrier et un apprenti. Pour autant, il ne délaisse pas ses pinceaux et ses feuilles de dessin. A la déclaration de la guerre, il se met au service de la Défense Passive et réalise des dessins sur les exercices d’évacuation qui paraissent dans la presse locale. Bien qu’ayant été réformé, il est mobilisé à Clermont-Ferrand d’où il est rapatrié à Colmar par les Allemands après la débâcle.

    Il se marie le 13 août 1943 avec Germaine Reymond de quatorze ans sa cadette, dont il aura une fille, Danièle, en 1947. «L’idylle sera de courte durée» (1). A peine marié de quelques semaines, il est incorporé de force dans la Wehrmacht, d’abord dans la défense antiaérienne, rue de Sélestat, puis, affecté au front en Yougoslavie. Il ne s’en plaint pas car il a tout loisir de s’exprimer par le dessin. C’est, pour lui «une période faste. Elle m’a donné l’occasion de faire mes plus beaux dessins. J’étais inspiré par les maisons en bois que je découvrais. J’ai collé mes œuvres entre les pages d’un livre de Goethe qui a malheureusement disparu. Je dessinais aussi beaucoup à la demande. Pour du lard, des cigarettes ou un peu de vin.» En guise de lettres, se souvient Germaine, elle recevait des bandes dessinées…

    Aussi, après la Libération, c’est sans enthousiasme qu’il revient devant l’établi. «Il n’est pas bien dans ses meubles» dit plaisamment Lucien Naegelen. Une grave crise d’asthme qui nécessite une intervention chirurgicale, lui donne, en 1950, l’occasion d’abandonner ce métier qu’il n’a jamais aimé. «Ich hil’em net noh, in dam métier». C’est un tournant décisif dans sa vie: enfin indépendant, enfin artiste-peintre. Désormais, «il signe - e.noack -  avec un petit «e», un petit «n» et un grand talent». (1)

    Le succès est immédiat. «Rue des Moulins, où il avait son atelier, les gens défilaient», se rappelle Germaine. Mais il rechigne à accepter les commandes, c’était déjà le cas en tant qu’ébéniste. C’est en suivant son inspiration, en peignant en toute liberté qu’il donnait le meilleur de lui-même. Vendre un tableau était pour lui un déchirement!... «Mon mari ne se rendait pas compte qu’il fallait vivre. Il dessinait... Et, quand quelqu’un venait et manifestait son goût pour tel ou tel tableau qu’il venait de faire, Eugène disait simplement: «Il te plaît? Emmène-le…»

    Bref, il n’a absolument pas la fibre mercantile. Il vit sur un nuage, dans son monde à lui. Ce qui lui fait parfois oublier les réalités les plus tangibles. Ainsi, à la naissance de sa fille, amplement fêtée et…arrosée, il oublie de chercher la maman et le bébé à la clinique. Puis, ne se rappelant plus le prénom prévu pour son enfant, il livre à l’employé de l’état civil, tout à trac, celui de Danièle. «C’est ainsi que j’ai échappé au prénom de Carmen que ma mère voulait me donner, en référence aux origines espagnoles de sa famille.»

    Eugène ne se sent guère responsable de la sienne. Il n’en assume pas la charge. Son statut d’artiste libéral réclame un suivi régulier et irréprochable de la gestion, notamment celle des cotisations à payer. Or, il est toujours en retard de l’une ou de l’autre, caisse de retraite ou sécurité sociale… «Il se croit harcelé par le percepteur qui devient l’expression d’un cauchemar quotidien» note le journaliste Paul Eschbach. La fin des années 50 est difficile, même si Germaine reprend un travail  en 1953, au grand plaisir de Danièle qui a alors six ans. «Il me gardait dans la grande pièce qui lui servait d’atelier. Nous étions sur la même longueur d’onde, nous avions la même vision de la vie. J’avais pour père un artiste qui voyait le monde comme un enfant, avec beaucoup de candeur…»

    Pourtant, dans les années  quarante, il fait une rencontre providentielle porteuse d’une extraordinaire opportunité de s’en sortit enfin: celle du mécène Louis-Pierre Widerkehr qui dirige la Papeterie Scherb de Turckheim. Xavier Widerkehr se souvient que grâce à son père, Noack n’a pas manqué de travail «Il pouvait venir quand il voulait, il était toujours bien reçu.» Leur estime mutuelle, faite de respect d’une part et d’admiration de l’autre, lia les deux hommes d’une amitié indéfectible et assura à Eugène Noack plusieurs commandes dont une série d’illustrations sur la fabrication du papier pour célébrer les trente ans d’activité de la société (1932-1952). Les plus belles aquarelles qui ornent encore aujourd’hui (1995) le bureau directorial de la Papeterie de Turckheim, entrée dans le giron du groupe Matussière et Forest, sont datées de 1947- 48, note Lucien Naegelen.



Eugene Noack 172c.jpgFabrication du papier frictionné, 1947
Aquarelle (23.5 x 47.7 cm)
 

 

    Les tirages que fera effectuer Louis-Pierre Widerkehr et qu’il envoie à ses clients et amis, feront le tour du monde. Aujourd’hui encore la série de quatre aquarelles intitulée «Vision d’artiste sur la fabrication du papier» est offerte aux visiteurs. Pour son mécène et ami, Eugène Noack réalise un impressionnant plan détaillé de Turckheim de 1,10 x1,50 m.

    Le dessin «humoristico-industriel» (1) tel qu’il l’a inventé, connaîtra un franc succès. Eugène Noack aura à répondre à toute une série de commandes. Pour Sandoz, il signe La fabrication du papier dans l’ancienne Bâle, vue par un artiste alsacien. Pour Hermann Wangner de Reutlingen, il réalise une série de sept dessins. La Filature de Sélestat lui passe commande de la plaquette commémorative de son 50ème anniversaire. Ces aquarelles datées de 1956 marquent le sommet de l’art inédit de Noack. Elles sont contemporaines d’une autre trouvaille qui sera plus tard, sa spécialité, son label: les «maisons coupées».


Eugene Noack 173c.jpgLe filage, 1956, Aquarelle
© Ed. du Rhin



Eugene Noack 174c.jpgLa Biscuiterie, Aquarelle "Une maison coupée"
© Ed. du Rhin


    Grâce à Louis-Pierre Widerkehr, Eugène Noack est connu et reconnu bien au-delà de Colmar. De plus, ce mécène exemplaire lui fait connaître un ami parisien, Monsieur Nielsen, propriétaire des Presses de la Cité qui éditaient entre autres, Simenon. Xavier Widerkehr se souvient que «La rencontre qui a eu lieu à Colmar a été positive. Nielsen, emballé par l’œuvre de Noack, lui a offert de le prendre en charge et de le lancer à Paris. Heureux de l’issue qui se profilait pour son protégé, mon père a exprimé un seul souhait: il voulait fixer lui-même les conditions financières de l’affaire. Non parce qu’il n’avait pas confiance en Nielsen, Mais parce qu’il connaissait trop bien Noack!...»          Or notre Scheni, par peur de l’inconnu et jaloux de son indépendance, refuse ce qu’il croyait devenir «un fil à la patte» (1) In Paris han Si oï Moler!... (A Paris ils ont aussi des peintres), argumente-t-il pour se justifier

    C’est ainsi qu’à la fin des années 50, Eugène Noack renonça à la gloire. S’il avait accepté l’offre des Presses de la Cité, sa vie aurait été changée, dit Xavier Widerkehr. Mais, sans doute y aurait-il perdu son âme. Sans doute avait-il peur d’y « laisser lespinceaux de sa liberté» (1) Lui-même, vingt ans plus tard, reconnaît sans trop de regrets: «Je sais que j’aurais pu être célèbre mais, à quoi bon? Si j’avais gagné beaucoup d’argent, j’aurais été malheureux et je n’aurais plus été le même.»

    Et voilà pourquoi et comment va se poursuivre «une histoire d’amour fusionnelle et atypique d’une ville-musée – la plus belle d’Alsace – et d’un modeste dessinateur à bicyclette…» (1 - 2005)

    Colmar, une ville qui est restée un village; ville au patrimoine préservé, bourgeoise assumée, cléricale pondérée qui inspire la sagesse. «Ville du Moyen Age, Colmar est la ville de tous les âges» (2) Elle offre à Noack les riches témoins des églises médiévales, des maisons bourgeoises à pignons et oriels, des hôtels du XVIIIème siècle à l’élégance classique, des imposants édifices wilhelmiens, des villas aux décors 1900 du Jugenstil. Comment aurait-il pu résister à tant de séduction? Comment ne se serait-il pas senti bien dans ce petit paradis riant et «iroquois»?…

«Il s’en sert comme d’un décor, en alchimiste de la composition, de la transfiguration presque, en metteur en scène soucieux de respecter la trame historique qu’on lui propose. Mais soucieux aussi de s’en écarter pour faire coller ce décor à son monde.» (1)

    Ce décor, son théâtre, n’est pas vide. Noack fait de chaque Colmarien, de chaque viticulteur des environs, un acteur inspiré, exubérant, plein de fantaisie. Il fait évoluer ses créatures dans des saynètes constamment à mi-chemin entre le réel et le merveilleux. «Ma peinture, ce sont des histoires que je raconte. C’est la vie telle qu’on la rêve.»

    Ainsi, pour plusieurs décennies, Eugène Noack va croquer avec une délectation flagrante les mille et un événements du quotidien de sa ville et de sa province. Parfaitement à l’aise dans son rôle  d’observateur attendri, clairvoyant, amusé jusqu’à la jubilation, il a donc refusé de «sortir de cette réduction géographique et culturelle qui l’a confiné sa vie durant entre les murs de Colmar – rue des Moulins de 1943 à 1964, rue Golbey de 1964 à 1968, rue Stockmeyer de 1968 à 1975, cours Sainte-Anne de 1975 à 1985.» (1)



Eugene Noack 175c.jpgD'r Stattmeister
La légende veut que le maire s'assurait que tout le monde était présent avant de se rendre aux réunions du Conseil.



Eugene Noack 176c.jpg
Vie nocturne de Colmar, 1983 (ou "Nuit chaude à Colmar")


   

    La précarité financière dans laquelle il s’enlise dans les années 50 ne pouvant plus durer, il lui faut trouver un travail salarié. C’est Jean Kientz, grande figure du journalisme colmarien, auteur apprécié de ses «Billets» quotidiens qui va le tirer d’affaire en lui proposant un poste «sur mesure» de commissionnaire dans l’agence locale de «L’Alsace», chargé d’acheminer des courriers: les «hors sacs» du journal, légère contrainte qui allait lui laisser tout le loisir pour peindre. Apprécié, tant par les journalistes que par les lecteurs qui retrouvent avec plaisir «le plus» que leur procurent ses dessins d’actualité, Noack restera lié à l’Alsace jusqu’à sa retraite en 1976. L’aimable contrat fut signé le 13 juillet 1960. « J’ai compris, note son épouse, qu’il était arrivé quelque chose d’important quand, à peine rentré, Scheni s’est mis à jouer du violon. Je devinais ses états d’âme à sa façon de jouer de la musique.»

    Entre temps, en Avril 1974, Joseph Rey, maire de Colmar, a tenu à honorer publiquement Eugène Noack par une exposition rétrospective organisée par le peintre Marcel Helfer. Elle rassemblait plus de 160 pièces. Elle connut un vif succès. Mais l’avalanche de félicitations qui fondit sur lui ne l’impressionna guère. «On suppose, dit Claudine  Bertier dans une émission de télévision qu’elle lui a consacrée peu après, que cela lui a fait plaisir.»… En 1977, un Bretzel d’Or de l’Institut des Arts et Traditions d’Alsace lui a été décerné.

    Après son départ à la retraite, Scheni prit l’habitude de dessiner dans le kiosque à journaux, aujourd’hui démoli, situé près de l’entrée du musée d’Unterlinden, tenu par Germaine dans la deuxième moitié des années 70.


Eugene Noack 177c.jpgS'Zittungswiwala, la marchande de journaux, Dessin des années 1975
© Ed. du Rhin

    

    Il supporta avec courage, discrétion, et «son humour habituel, la sévère maladie qui assombrit ses dernières années. Il pensait mourir comme son père à 77 ans. Ce fut le cas le 29 novembre 1985» (3) A l’automne 1986, une importante exposition posthume a été dédiée à Eugène Noack à l’initiative du PCA (Partenariat Culturel d’Alsace, association de mécènes.) Elle fut montée par la Bibliothèque de Colmar et Marcel Helfer à Colmar, Strasbourg et Ungersheim.

    Joseph Saur, qu’il fréquentait alors qu’ils avaient quinze ans, et qu’ils étaient en apprentissage,  l’un en ébénisterie, l’autre comme sculpteur, assure que son ami «avait le dessin dans la peauIl avait un don exceptionnel qui le poussait à créer». En témoigne ce champignon de conte de fée, le plus vieux dessin connu de Noack, daté de 1923.


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Champigon, 1923 - Dessin à la pliume (10 x 13.5cm)
© Ed. du Rhin



    En fait, avec les années, ses talents s’avèrent multiples. S’il laisse quelques rares huiles sur toile, «Il n’est pas peintre» dit Marcel Deutsch à l’occasion de l’exposition de 1974, il a produit un nombre considérable d’œuvres sur papier; il avait une prédilection pour ce support dont il a représenté la fabrication avec un intérêt et un plaisir évidents. Sa préférence allant au dessin à l’encre de Chine et aux compositions aquarellées ou gouachées. Il a réalisé de grands panneaux sur bois et des décorations murales commandées par des viticulteurs, des artisans et des commerçants. Noack était un graphiste, un miniaturiste, un illustrateur, un imagier…

    S’il n’est pas peintre, il est un dessinateur de la finesse des Japonais, reconnaît le critique Marcel Deutsch, doué d’une exceptionnelle faculté d’observation, saisissant tout. «En  quelques minutes à peine, le moindre détail était inscrit dans sa mémoire et se retrouvait dans son tableau», évoque Fritz Edel, l’ancien restaurateur de la Maison des Têtes. Sans croquis, sans canevas, à la rigueur au moyen d’une esquisse sommaire, il aboutit à une fidélité dans les moindres détails. Sa précision du geste impressionne les spécialistes; notamment le guide du musée du textile de Ventron. Six dessins d’Eugène Noack y présentent les étapes de la fabrication du fil. «Tout y est, jusqu’au plus petit détail. Et tout est juste depuis l’arrivée des balles de coton jusqu’au continu à filer, en passant par la préparation du battage, la carde, le banc d’étirage et le banc à broches». En fait, ces dessins, réalisés en 1956, étaient, à l’origine, destinés à la Filature de Sélestat qui fêtait alors son cinquantième anniversaire

    Il utilisait des bouts de crayon coupés court, les Stumpa, de sorte que c’est du bout des doigts qu’il dessinait avec toute la souplesse voulue

    La thématique d’Eugène Noack, est un monde plein de fantaisie, grouillant de vie, imprévisible, crée par un poète sensible, amusé, qui ne se moque pas parce qu’il est tolérant. Colmar est le thème central de son œuvre. Ses personnages animent la ville. Ils ont pignon sur rue, tiennent, qui une droguerie, qui une biscuiterie… Ils vont au Bal des Catherinettes, font honneur au Marché de Noël. Noack, en sillonnant inlassablement les rues de Colmar, ne manque pas de croquer, dans la série «Les métiers et les gens d’antan», certains, aujourd’hui, disparus: D’r Scharraschliffer, D’r Pfànnaflecker, D’r Kellermeischter, D’r Nàchtwachter… Il évoque la vie privée de ses concitoyens avec Le mariage, L’ouverture du testament, comme leur vie publique, avec L’audience du tribunal ou La séance du Conseil général ou encore Nuit chaude à Colmar


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Le Bal masqué des Catherinettes, 1983


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D'r Kellermeister, 1982
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D' Pfannafleger, 1982



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L'audience du Tribunal, 1978

 
 

    S’il sort de Colmar, c’est pour s’attarder auprès des viticulteurs, pour peindre des scènes de caves, des cortèges de vendangeurs, des fêtes autour du pressoir. Les nombreuses étiquettes de vin et affiches sont autant d’occasions de glorifier le vignoble d’Alsace

    Sa profonde connaissance de l’âme de l’Alsace, de son esprit,  le conduit à réveiller ses légendes dans la lignée d’Auguste Stoeber (1808-1884) qui, le premier, a collecté et publié les témoins émouvants de l’imaginaire alsacien, sa mythologie, qui nous raconte le Loyala Krieg, la Massue oubliée d’Hercule, les facéties des Nains du Kerbholtz, le réveil de la Nymphe du Niedeck


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Scène de cave, Aquarelle, 1950



Eugene Noack 184c.jpgLe Loyala Krieg, Aquarelle

   

    Il s’amuse gentiment des Waschwiewer et autres Ratschwiewer. Il caricature en connaisseur les Colmerer Wackes qui lui rappellent sans doute les quatre cents coups auxquels il se livrait, autrefois, à Francfort.

    Il met en musique, à sa manière et en plusieurs versions, les Quatre Saisons. Il est particulièrement sensible à l’ambiance de Noël avec son Hans Trapp ou La Messe de minuit à Notre Dame de Dusenbach.


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D'Waschwiewer, 1982, Aquarelle (32 x 24.9 cm)



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Colmerer Wackes, 1982, Aquarelle



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Hans Trapp, Aquarelle

 

    

    En même temps, tout au long de sa vie d’artiste, il a relevé avec brio les défis de certaines commandes comme les phases successives de la  fabrication du papier et celles de la filature. Il a, par ailleurs, volontiers accepté des commandes d’illustrations de certains commerces: l’opticien, le restaurateur (Le Fer Rouge, le restaurant Schillinger…)

    Enfin, outre quelques affiches publicitaires, il a réalisé de nombreuses étiquettes de vins «Une de ses activités à peine périphérique, dit Lucien Naegelen, puisqu’elle se situait dans un domaine qui n’avait aucun secret pour lui: le vignoble alsacien.»



Eugene Noack 188c.jpgEtiquette de vin
© Ed. du Rhin



    

    Accordons une place à part à la demande qui lui a été faite, en 1954, par l’éditeur parisien Odé de participer à l’illustration du guide hautement culturel portant sur l’Allemagne, préfacé par Jean Cocteau. Dans ce remarquable ouvrage, il signe onze frontispices thématiques et géographiques, de purs chefs-d’œuvre.



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© F. Walgenwitz

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© F. Walgenwitz
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© F. Walgenwitz



    En parfait autodidacte, Eugène Noack n’a été l’élève de personne. Son œuvre, il ne la doit qu’à lui-même,« sans l’empreinte d’une école, sans la dé-formation d’une académie» (1) Cependant, on retrouve dans ses traits de plume des réminiscences de Dürer que le Bürgermeister de Francfort lui a permis de fréquenter. Il a lui-même reconnu, à l’époque où il cherchait son style, son intérêt pour Gustave Stoskopf et René Kuder. Mais il a davantage été séduit par Bruegel l’Ancien. Son ami, Franz-François Klee en témoigne dans son ouvrage D’Heim esch d’Heim: «Un voyage à Munich en 1959, en sa compagnie, a été pour moi très révélateur de ses tendances et inclinations. En effet, dans la Pinakothek, le Deutsches Müseum et d’autres galeries d’art, il était surtout avide des toiles de Pietr Bruegel le Vieux et de celles de Carl Spitzweg (1808-1885). Le sens d’observation extraordinaire, la fascinante richesse de détails et de dissonances du premier, l’humour charmant du second, fin chroniqueur du «Biedermaier» s’il en est, exaltaient la vision du maître alsacien Eugène Noack, véritable poète de la plume à dessin et du pinceau.»

    Eugène Noack possédait plusieurs ouvrages consacrés à son parangon flamand du XVIème siècle. «Je prends ma Bible, disait-il, c’est mon maître». Il consultait également, avec plaisir, l’aquarelliste hollandais, Robert Högfeldt (1894-1986) connu pour ses scènes humoristiques facétieuses, ainsi que Wilhelm Busch, dessinateur allemand, créateur des jumeaux Max und Moritz.

Eugene Noack 192c.jpgBruegel l'Ancien: Les jeux des enfants
© Ed. Flammarion, 1968



Eugene Noack 193c.jpgDessin de Wilhelm Busch



Eugene Noack 194c.jpgAquarelle de Robert Högfeldt
 

    

    

    Eugène et Germaine aimaient voyager. Or, chaque périple était, pour lui, un enrichissement et faisait l’objet de nouvelles créations.

    N’ayant aucune intention de «s’inscrire dans une tradition artistique» (1), il a tout naturellement préservé son indépendance. Ainsi, quand, en 1962, se crée le Cercle des Arts Colmarien, Noack ne participe pas à l’assemblée générale constitutive (le 13 mars), à l’ancien restaurant du Champ de Mars. Un groupement qui durera un demi-siècle, ce qui, dans cette catégorie, est une durée de vie remarquable!...La première exposition du Cercle, l’année-même de sa création, met en lumière l’œuvre de nombreux artistes qui ont marqué la vie culturelle de Colmar après les années 50. Citons: Albert Bayer, Arthur Boxler, François Fleckinger, Robert Gall, Alphonse Klebaur, Joseph Saur, Jeanne Schira, Alfred Selig et son fils Daniel, Pierre Sturm, Charles Zeyssolf qui épousa la sœur d’Eugène.  Tous traitent l’autodidacte Noack comme leur égal, assure Liliane Erny. Il participe fréquemment aux réunions du Cercle qui tient Stammtisch à la Maison des Têtes. «Des séances qui sont rarement tristes et toujours bien arrosées.» (3). Le «strapontin» qu’il y occupe le dispense en quelque sorte de s’engager…

    

Eugene Noack 195c.jpgEmblème du Cercle des Arts Colmarien



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Les artistes, 1948
Aquarelle, (11 x 20.5cm), représentant Alphonse Klébaur, arborant un noeud papillon, Jehanne Schira, la fantasque qui porte Béret et fume la pipe, Alfred Selig et Arthur Boxler, assoupi.
© Ed. du Rhin




    Par ailleurs, il n’avait pas «le soucis de faire école.» Ce qui n’empêche pas qu’il ait eu de fervents admirateurs comme Guy Untereiner qui apprécie son espièglerie et son ironie bon enfant, sa générosité et ses témoignages truculents du bien vivre alsacien. «Un artiste que j’associe étroitement à  Colmar et au vignoble alsacien». Quant à Georges Ratkoff, il m’a assuré qu’il aurait aimé connaître Eugène Noack «Boire un verre avec lui; nous aurions été amis!...» Sensible à son esprit, il lui a rendu un bel hommage en s’inspirant des Nains du Kerbholtz.



Eugene Noack 197c.jpg
Eugène Noack
Les Nains du Kerbholtz
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Georges Ratkoff
Hommage à Eugène Noack



    Animé d’une curiosité sans a priori, ce qui peut être considéré comme le propre de l’autodidacte, Eugène Noack a vu son style évoluer, progresser, en fonction des rencontres fortuites  que la vie lui a octroyées. Jusqu’à ce que sa manière de peindre soit en phase avec son esprit, sa personnalité.

    Portons d’abord notre attention sur les aquarelles réalisées en 1946. Nous constatons qu’elles se rapprochent de la transparence de Raoul Dufy (1877-1951), qui considérait que la forme-mouvement et la lumière-couleur peuvent ne pas se superposer (L’œil enregistrant, selon lui, plus vite la couleur que le contour). En vertu de quoi, semble-t-il, Noack ajoute à son dessin de larges surfaces de couleurs génératrices de lumière. Couleurs fraîches, gaies, qui confèrent à ses tableaux de l’époque une légèreté, une grâce exceptionnelles.


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Scène Champêtre, 1946

    

    Il est difficile de parler de progrès en art, car notre appréciation d’une œuvre constitue un mystère dont on ne peut rendre compte. Chacun la sienne!... Cependant Noack a réellement  progressé dans la technique du dessin à la plume. La comparaison entre Place du village de 1930 et Promenade de 1950 ou St-Arbogast de 1953, témoigne de son évolution vers la maîtrise de la composition et le parfait équilibre entre les volumes clairs et sombres, source d’harmonie. «C’est cette construction, fruit d’une réflexion plus ou moins longue qui crée le style d’un tableau, qui lui donne sa noblesse.» affirme le théoricien René. X. Prinet.

    L’influence d’Albrecht Dürer et conséquemment celle du colmarien  Martin Schöengauer, sont particulièrement sensibles dans l’œuvre d’Eugène Noack du fait que ses dessins se rapprochent clairement de la technique de la gravure sur bois dans laquelle les deux maîtres rhénans excellaient.



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La Place du village, vers 1930
Dessin à la plume (26,3 x 34,7 cm)
© Ed. du Rhin



Eugene Noack 201c.jpgPromenade, 1950, Dessin à la Plume



Eugene Noack 202c.jpgSaint-Arbogast, Dessin à la Plume



Eugene Noack 203c.jpgLa Maison des Têtes, 1951
Aquarelle, Hansi n'est pas loin...
© Ed. du Rhin



    Si l’on peut distinguer la touche de Hansi dans l’une ou l’autre des aquarelles de Noack, celle-ci fut vite abandonnée. Beaucoup plus marquante, voire pérenne, est celle de Bruegel l’Ancien. Et ce, pour plusieurs raisons. D’une part, leur façon de regarder les choses: les paysages animés, composés d’une certaine grandeur obtenue par la profondeur de l’espace où le second plan s’étend comme une vaste scène continue, d’autre part, la richesse des détails, l’équilibre des masses. Bruegel, comme Noack, est plutôt dessinateur: un peintre qui dessine avec un pinceau.  Sur le fond, Noack rejoint Bruegel par son esprit ironique Tous deux sont amoureux de l’humanité. Tous deux s’intéressent à l’observation et à la description des manifestations de la vie. Tous deux sont optimistes.



Eugene Noack 204c.jpgBruegel l'Ancien, La Rentrée des troupeaux
© Ed. Flammarion, 1968


Eugene Noack 205c.jpgEugène Noack, Scène champêtre Alsacienne, 1949 - Détail
© Ed. du Rhin, 1995



    En s’essayant au portrait, domaine dans lequel il ne s’est guère attardé, Eugène Noack a, en 1943, brossé un Portrait d’Alsacien dont le style se rapproche sensiblement de celui de Robert Breitwieser dans ses réalisations des années 1928-30. Une expérience parmi d’autres dans la recherche de son style qui semble avoir abouti avec l’Alsacien à la cruche de 1950. Notons qu’Eugène Noack avait également des affinités de style avec Gustave Stoskopf, René Kuder, Louis-Philippe Kamm et Henri Bacher.



Eugene Noack 206c.jpgPortrait d'Alsacien, 1943 - Détail
© Ed. du Rhin, 1995



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L'Alsacien à la cruche, 1950, Huile sur bois (19 x 20.2 cm)

 
 

    On peut affirmer qu’à partir de 1945, avec, par exemple l’Ivrogne au parapluie rouge, «Noack ne fait plus que du Noack» (1). Sans pour autant s’enfermer dans une monotone continuité. Ainsi, selon les périodes et la nature des thèmes et des commandes, il adapte sa manière au message qu’il veut transmettre, à l’émotion qu’il veut partager.




Eugene Noack 208c.jpgL'ivrogne au Parapluie rouge, 1945
(18 x 11 cm)



    Les deux séries d’aquarelles portant sur la fabrication du papier qui deviendront les vitrines des papeteries Scherb et Schwindenhammer, (1947-1953) se distinguent par des compositions aérées qui laissent une place à l’environnement immédiat de l’atelier représenté. Le style graphique rappelle la «ligne claire» d’Hergé avec ses traits de contours noirs, très fins. Leurs couleurs pastel se déclinent en une grande variété de nuances délicates. On est sensible à l’harmonie fondue qui émane du jeu des couleurs chaudes et froides et l’apport des gris colorés.

    Dans la série consacrée à la filature de Sélestat (1956-57), les compositions sont concentrées sur le sujet: sur la technique elle-même, du battage, du filage…Les contours sont plus marqués, plus épais. Les couleurs sont plus vives. L’artiste joue sur les oppositions des primaires et des complémentaires.


Eugene Noack 209Fabrication de la cellulose
, 1956



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Le Banc à Broches, 1956
© Ed. du Rhin, 1995



    Quand Eugène Noack se rapproche de la technique de la gravure alliée à l’aquarelle, il est incité à une grande rigueur du trait et de la composition. C’est le cas des onze frontispices de la commande Odé, en 1954, pour l’album dédié à l’Allemagne, et, plus tard, en 1964 du Retour de vendanges.


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Retour de vendanges, 1964


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Le bonhomme de neige, 1952

    

    Aux scènes crées en 1952, tel Le Bonhomme de Neige ou La noce, à l’espace rigoureusement compartimenté où évoluent des personnages typés aux visages ronds  et dont le dessin est d’une assurance impeccable succèdent des œuvres plus poétiques, inspirées des légendes d’Alsace, des saisons, du temps de Noël où domine le merveilleux, où la nature est exubérante, voire fantasmagorique, où l’ambiance, délibérément onirique, est servie par un graphisme léger, affiné, d’un goût exquis. Tous ces petits chefs-d’œuvre, aux tons infiniment nuancés, sont harmonieux de composition.


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Scène champêtre, 1964 - Détail
© Ed. du Rhin



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Messe de minuit, Notre Dame de Dusenbach, 1984
© Ed. du Rhin



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La Nymphe du Niedeck



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Kaysersberg, 1981

    

    Eugène Noack a également bâti sa renommée dans l’illustration d’une dizaine d’ouvrages dont le N° 3 de la revue «Saisons d’Alsace» de 1952 qui portait sur la Route des Vins, où, selon Franz Klee, il donna sa pleine mesure. «Ce fut une révélation…Cet autodidacte (sut) rendre des scènes vécues et imaginaires avec la truculence saine d’un humoriste des plus spirituels. C’était son chant de gloire des vins d’Alsace dont il sait en connaisseur apprécier les vertus. Toutes ces scènes grouillantes de vie naissaient spontanément de son imagination créatrice».

    

        Notons en particulier: - «d’Heim esch d’Heim vum Franz Klee, Strasbury» un  recueil de poésies et de textes en prose paru dans une édition privée, pour bibliophiles, en 1973.

        Les Harangues du Receveur Joseph Dreyer, de la Confrérie de St-Etienne, éditées par Alsatia, en 1977.

        «Georgela» de Nathan Katz, édité par Bueb & Reumaux, en 1983.

        «Un Oiseleur écervelé et autres poèmes» de François Lauchen, paru chez Edita, Katzenthal, en 1984


Le Journal Historique de l’Alsace par Henri Richert.




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Georgela de Nathan Katz



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Carte de voeux



    Homme libre, Eugène Noack a su éviter toute structure hiérarchique de dominance, auxquelles il est si difficile d’échapper. Il a pensé par lui-même, il a puisé ses idées ailleurs que dans les bréviaires psalmodiés. A la fois semblable et différent des autres, unique et multiple à la fois, passager et éternel, propriétaire de tout sans rien posséder, en cherchant sa propre joie, il en a donné aux autres. On n’emporte pas ce que l’on a reçu, mais ce que l’on a donné…

    Que serait l’Alsace sans Colmar? Que serait Colmar sans Eugène Noack



Bibliographie

-       Lucien Naegelen (1) – Eugène Noack. Les rêves de papier – 1995 Editions du Rhin

 

-       Liliane Erny et Francis Gueth  (3) – Eugène Noack (1908-1985) Sa Vie, Son Œuvre, Ses Ex-Libris – Musée de l’Imagerie peinte et populaire alsacienne de Pfaffenhoffen

 

-       Joseph Rey – E. Noack, dessinateur et imagier, expose – Sous les auspices de la Municipalité de Colmar

 

-       René-Victor Wehrlen – Il y a 300 ans, la Guerre des Tonnelets de Colmar en 1669. Illustrée par Eugène Noack, 1968 - Annuaire de Colmar

 

-       André Dennefeld – Eugène Noack imagier, ses cartes postales – Diligence Alsace N°81 – 2009

 

-       François Klee – D’Heim esch d’Heim – Edition privée, 1973

 

-       Confrérie de Saint-Etienne – Les harangues du Receveur  - 16 illustrations de Eugène Noack, 1977

 

-       François Lauchen – Un oiseleur écervelé, avec des images de Eugène Noack – Edita, Katzenthal

 

-       Nathan Katz – Georgela – Illustrations d’Eugène Noack – Ed. Bueb & Reumaux – 1983

 

-       Jean-Pierre Zinngg – Robert Breitwieser, 1899-1975 – Editions Avant et Après – 1991

 

-       Charles de Tolnay et Piero Bianconi – Tout l’œuvre peint de Bruegel l’Ancien – Editions Flammarion, 1968.

 

-       Georges Ratkoff et Huguette Dreikaus – Vive l’Hiver – Editions La Nuée Bleue, 2007

 

-       Gabriel Braeuner (2) – Colmar, l’esprit d’une ville – Ed. du Belvédère, 2011

 

-       Articles de presse:

 

-       Lucien Naegelen – Sur les traces de Noack – L’Alsace, 27 septembre 2005

 

-       L’Alsace – L’esprit Noack au Musée Hansi – septembre 2017

 

-       Nicolas Roquejeoffre - Noack, haut en couleur– DNA, 8 Septembre 2017



   Crédit Photograhique

 F. Walgenwitz, sauf mention spéciale







Portfolio
 Eugene Noack 221c.jpgCarte de voeux

Carte de voeux, 1957, de format 15 x 10.2 cm. Une jeune femme (Germaine) et une petite fille (Danièle) sortent du papier où elles sont dessinées pour caresser avec une plume le nez de l'artiste endormi dans son atelier.



Eugene Noack 222c.jpg Lisianthus
Un des 25 ex-libris connus



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Lithographie (détail)

   Rare exemple de lithographie (Imprimerie Jess Succ. Edmond Borocco).
"Il fallait dessiner à l'envers. C'était énervant", reconnaît Eugène Noack.



Eugene Noack 224c.jpgMenu




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Affiche Papier découpé daté de 1935 (détail)

    Le papier découpé ou canivet (en Allemand, Scherenschnitte), était très en vogue dans le Pays d'En Haut (Gex, Suisse romande).




Eugene Noack 226c.jpgScène vinique, 1983

    Dans ses expériences, Eugène Noack s'est également rapproché du style pointilliste.




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Affiche publicitaire faisant la promotion de la pomme (détail)

    Des couleurs qui chantent, qui embellissent, qui égayent. Ce sont les couleurs de la bonne humeur.




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La Vie à Colmar au XVIème siècle (117 x 93.5 cm)

    Tableau réalisé en 1979 sur fond du plan établi par Sébastien Münster en 1548. Eugène Noack s’est inspiré de l’ouvrage de Paul Stintzi: «Die Sagen des Elsass» de 1927 en sélectionnant les légendes qui concernent Colmar et sa proche banlieue.

    Eugène Noack, en homme cultivé, a fort intelligemment composé cette Vie à Colmar au XVIème siècle, à la manière des «Proverbes» de Bruegel l’Ancien, renouant ainsi avec une vieille tradition rhénane.

    Parmi les nombreux sujets abordés, on peut reconnaître la collégiale St-Martin avec un mariage en procession, les fortifications avec un gardien en arme, l’ancienne douane, le gibet, la léproserie, le quai des poissonniers, la Petite Venise. Dans les alentours, Eugène Noack a représenté, entre autre, Zellenberg, charmant village sur sa colline, le Dragon du Brandt à Turckheim., la forteresse de Horbourg, aujourd’hui disparue, Il a également évoqué le Yolala Krieg, , le Kukummer Krieg (la guerre des Concombre), l’industrie papetière de Turckheim sur la Fescht  Etc…


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Commémoration du soixantième anniversaire de la société "Transco", Aquarelle (48 x 28.5 cm)


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L'usine Scherb à Turckheim
 Panneau pouvant être considéré comme un bas-relief










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