Culturel




" Une vie, une Oeuvre, pour le plaisir

   des passionnés d'Art Alsacien "                      

                               

  Monographies de Peintres Alsaciens par François Walgenwitz
francois.walgenwitz@sfr.fr


                          

Charles Walch 

(1896 - 1948)



Le triomphe de la couleur


Photo Robert Doisneau


« Sous ses doigts…la toile éclate en somptuosités de vitrail, en inventions colorées les plus exquises, les plus surprenantes.
Cette étonnante générosité des facultés imaginatives et créatrices confère à Charles Walch une place de choix dans l’art contemporain.
Par toutes les noblesses de son esprit si représentatives des valeurs morales du pays natal, Walch restera une grande figure alsacienne. »
(Léon Lehmann)
 
   Charles Walch naît à Thann le 4 août 1896. Il naît avec le bras droit atrophié. Cette malformation fait de lui un enfant fragile certes, dont la sensibilité sera toujours à fleur de peau mais elle a surtout pour effet de le mûrir précocement. Par bonheur, dès l’âge de six ans, il trouve dans l’exercice spontané de l’aquarelle et de la gouache, le moyen de transcender son handicap. Les leçons particulières de Robert Kammerer, professeur au collège de Thann, puis les cours de dessin de la Société. Industrielle de .Mulhouse le font progresser dans l’art de la composition et lui apprennent la discipline. Il y apprendra à dessiner des modèles pour l’impression sur tissu et tout particulièrement des fleurs. Il en peindra toute sa vie, encore et encore…            
   
   En 1916, grâce à l’appui du médecin-major Paul Bonnet, il obtient une bourse d’études qui lui permet, à Paris, d’entrer à l’Ecole des Arts Décoratifs. Il y découvre et admire Matisse, Bonnard, Cézanne. En 1923, il est nommé professeur de dessin à Neuilly. En 1929, il s’installe dans un atelier de la rue Borromée où il vivra et travaillera tout le restant de sa vie. 1923 – 1930 est une période ingrate. Il doit compter sur le travail de son épouse pour se sortir des difficultés financières et sauvegarder son indépendance. L’indifférence du public le pousse à l’ascèse, à une production austère, «étouffant volontairement son amour spontané pour la couleur.» (J.J. Lévêque). Il se consacre à des études, s’appliquant à la construction des formes et de l’espace.

© Ed. Ides et Calendes
L’Humaniste – 1928 -  Huile sur toile (130x162 cm) – Collection particulière


Enfin, en 1934, le critique Georges Besson le remarque. « Avant d’en faire mon ami, je fus amusé par sa bonhomie rustique, ses dons de conteur, la vivacité et la saveur de ses néologismes, son accent de Thann…Exubérant et secret, indulgent mais moqueur, tendre et pudique, gai, méfiant, tourmenté, il était sentimental, de cette sentimentalité virile qui exclut l’indécence des épanchements ostentatoires…»
Et le soutien de Bonnard et de Bazaine l’encourage. Dès lors, les expositions s’enchaînent, Walch peut enfin vivre de son art après être resté vingt ans sans vendre une seule toile… Respectueux de l’héritage des Anciens, il s’écarte des révolutionnaires et des provocateurs, persuadé que l’artiste doit avant tout être un  artisan, maître de son art.

Un message d'amour et de fraternité


©Ed. Ides et Calendes
L’été à Vallières – 1940-1941 – Huile sur toile (65x81 cm) – Collection particulière


L’œuvre de Charles Walch est, dès lors, d’une saisissante continuité thématique, même sous la chape nazie du Paris de l’Occupation où l’angoisse cependant vient s’immiscer dans l’allégresse. Sa puissance expressive est libérée; elle jaillit en une symphonie de teintes éclatantes, véhémentes, profondément poétiques où les fleurs en bouquets sont omniprésentes et constituent souvent le personnage principal de la composition. La proportion inhabituelle qu’il leur donne ainsi qu’aux fruits d’ailleurs, «nous met dans une ambiance de conte et de légende légèrement voilée de mystère.» (J.-J. Lévêque) Ces ruptures d’échelle rapprochent Walch des Primitifs…A partir de 1944, des zébrures noires et un graphisme dynamique sont la marque d’une conquête volontariste de l’espace. Le dessin s’affirme en un réseau de lignes noires, brisées, qui cernent et découpent le motif traité à l’aide d’une palette simplifiée aux couleurs vives. Selon J.-J. Lévêque, «L’imbrication des plans géométriques, la division des formes en plages de couleurs distinctes, comme la multiplication des angles aigus» suggèrent l’influence de Picasso. Ses recherches, qui le mènent aux portes de l’abstrait, sont malheureusement interrompues par son décès subit en 1948.


© Ed. Ides et Calendes
Vol et Voile – 1947 – Huile sur toile (73x92 cm) – Musée des Beaux Arts, Le Havre



L’art de Charles Walch est populaire car le peuple de nos villages se retrouve dans son chatoyant univers de neige et de fleurs. Profondément humain, il ne se départit jamais du contact de ses semblables: jamais de paysages vides! Peintre au cœur d’enfant, son génie poétique, candide et exubérant, chante la joie de vivre. Car tout est joie dans son œuvre. Et à la source de ce bonheur: l’amour. Car tout ce qu’il a peint est aimé de lui.


Portfolio


© Ed. Ides et Calendes
Couple dans un Parc – 1923 – Huile sur bois (14x18 cm) – Collection particulière





© Ed. Ides et Calendes
Petit hiver– 1935 - Huile sur toile (46x55 cm) - Collection particulière




© Ed. Ides et Calendes
La fenêtre bleue – 1939 -  Huile sur toile (65x54 cm) -Centre Georges Pompidou, Paris




© Collection particulière – F Walch
Le compotier kabyle – 1946 - Huile sur toile – Collection particulière




© Ed. Ides et Calendes
Le hibou – 1947 - Huile sur toile (92x73 cm) – Collection particulière





© Ed. Ides et Calendes
Le Coq – 1945 – Gouache (61x46 cm) – Collection particulière

Source

 - Charles WALCH -  Les jardins de la mémoire par J.-Jacques Lévêque – Catalogue raisonné par Nadine Lehni et François Walch aux éditions Ides et Calendes - 2000

Avec l’aimable autorisation de Monsieur François Walch, photographe expert et ayant droit de l’œuvre de C. Walch pour le crédit photographiaue. (www.charles-walch.com)

- Hommage à Charles Walch – Collectif. In Saisons d’Alsace N° 3 - 1951

- Charles Walch par Marcel Robischung - Monographie

- Catalogue de l’exposition organisée en 1983 par la Galerie J.-P. JOUBERT, 38, due Matignon, Paris

- Charles Walch; 1896 – 1948, une nouvelle actualité par Nadine Lehni in La Maison d’Alsace, N°12 - 1978


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