Culturel



" L'analyse d'une Oeuvre "                      

                   par François Walgenwitz        francois.walgenwitz@sfr.fr


                          

Pierre-Paul Hueber 

(1929-2006)

 


L'Automne sur les Crêtes


Pierre-Paul Hueber 29
Huile sur toile (55 x 46 cm)
Photo: Laffont - Avignon

 

    «Je cherche l’harmonie de la toile. Il y a de l’impressionnisme, mais pas que cela.»

    Il y a effectivement bien plus… Essentiellement, deux manières de créer l’illusion du détail, deux textures. La texture étant l’outil le plus efficace du trompe l’œil, l’indice le plus spectaculaire du réel, la signature du grand peintre, sa «touche».

    Le ciel, le compartiment le plus lointain et le lac sont traités selon une texture lissée. Les discrets sommets et les lueurs roses qui émergent de la brume, le camaïeu des versants sont exécutés avec précision dans un évident souci de vérité. Le lac présente une surface parfaitement unie. Son subtil dégradé de bleus va jusqu’à la limpidité du miroir.

    A l’esprit d’analyse de cette région du paysage répond l’esprit de synthèse du relief et de la végétation qui enserrent le lac. La texture est différente. Pour l’appréhender, il faut se porter à la distance nécessaire à la contemplation, prendre du recul. Ce qui n’est pas le cas pour l’arrière-plan, car, c’est le nez dessus qu’on en déguste toute la finesse

    A ce stade de l’observation, nous prenons conscience de la savante composition. La répartition des masses et celle des couleurs dominantes en assurent l’équilibre. Mais que de détails séducteurs qui accrochent le regard: les touches nerveuses qui figurent les hautes graminées du premier plan, les ramures aux tons rompus, gris-bleus, qui contrastent avec cet étonnant épanchement de lave incandescente figée parmi des noirs profonds antagonistes et des ocres délicatement nuancés, si accueillants.

    Il y a, à la fois une singulière liberté d’interprétation et une fidélité au motif qui ne nous fait pas douter de l’identité de ces crêtes. Même si celle du lac pose problème.

   Il y a bel et bien de l’impressionnisme ici car ce paysage est vu comme une suite d’impressions. Tout vibre sous la lumière qui émane de la couleur. Celle-ci est portée à un degré s’intensité qui suscite l’émotion et révèle sans conteste celle du peintre. Car, comme à son habitude Pierre-Paul Hueber ne peint pas ce qu’il voit mais ce qu’il ressent.

    Le génie de la couleur de Pierre-Paul Hueber, c’est d’être à mi-chemin  du figuratif et de l’abstrait, d’avoir varié les textures en fonction de l’atmosphère recherchée, d’avoir su donner à chaque tonalité une importance remarquée, en harmonie avec toutes les autres.


                                                                                                                                                                                                                                                                                                      Pierre-Paul Hueber 30



 
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