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Culturel

    Dans les années 1910 – 1911, à l’époque du cubisme analytique et des papiers collés, les œuvres de Georges Braque et de Pablo Picasso se ressemblaient de plus en plus. «Il y a eu un moment où nous avions du mal à reconnaître nos toiles» avoue Braque. Les experts eux-mêmes s’y trompaient… De cette profonde communion d’idées est né un art nouveau.

    François Fleckinger et Alfred Selig nous offrent un exemple semblable de connivence, de complicité,  fruit d’une amitié forte et durable, se rendant ensemble sur le même motif, peignant côte à côte le même paysage. Albert Bayer a immortalisé l’un de ces moments d’intense convivialité en représentant ses deux amis, armés de leurs pinceaux, de leur palette et de leur chevalet face à l’imposant massif du Rothenbachkopf, à Mittlach.

    Ne dirait-on pas qu’ils ont fait palette commune, tant les ocres, les jaunes, les roux, les bruns se répondent? Une palette chaleureuse!...Témoins sincères, ils ont le même respect de la nature. Fins observateurs, ils partagent la même justesse du regard. Leur solide métier, les rend particulièrement attentifs à la qualité de la composition.

    Si, par ailleurs, l’amitié qui les lie est, sans doute, pour quelque chose dans ces convergences, il n’en demeure pas moins que leur personnalité s’affirme nettement, sans ambiguïté…

    Par la fraîcheur de ses couleurs, François Fleckinger exprime sa joie de vivre du moment, sa sérénité. Dans ce paysage - état-d’âme -, l’émotion est contenue dans une lumière éthérée, embellie, enjolivée… Alors que le sens aigu de l’observation qui caractérise Alfred Selig le conduit vers une ambiance juste où couleurs et lumière se combinent en une atmosphère particulière aux fonds de vallée. Le risque d’une ondée explique les teintes rompues et les gris omniprésents.

    Le naturel fougueux de François Fleckinger, maîtrisé, aboutit à une composition équilibrée qui met en image un site protégé, rassurant, où l’homme et la nature vivent en bonne entente.

    Nous sommes reconnaissants à Albert Bayer d’avoir été le témoin, sans doute amusé, mais, plus sûrement affectueux, de cet événement exceptionnel dans l’Histoire de l’Art: deux artistes unis dans leur amour de la Nature. Deux excellents paysagistes de par leur talent et la conscience qu’ils ont que la nature ne leur appartient pas, mais que ce sont eux qui appartiennent à la Nature.

François Fleckinger et Alfred Selig sur le motif, par Albert Bayer