Culturel



" L'analyse d'une Oeuvre "                      

                   par François Walgenwitz        francois.walgenwitz@sfr.fr


                          

Arthur Schachenmann 

(1893 - 1978)



Forêt en hiver

Arthur Schachenmann

1923 – 55 x 46 cm – Huile sur toile

Collection Art de Haute-Alsace


   

    «J’ai tout de suite été attiré par les mystères de la forêt.» s’empresse de dire Arthur Schachenmann quand il évoque l’heureuse influence qu’a eue sur lui son professeur d’histoire naturelle.

Ce tableau, plus que tout autre atteste cette attirance. Il tend à prouver que Schachenmann a été sensible au mystère ambivalent de la forêt génératrice à la fois de bien être et d’angoisse, de sympathie et d’oppression. «Pour l’analyste moderne, par son obscurité et son enracinement profond la forêt symbolise l’inconscient. Les terreurs de la forêt, comme les terreurs paniques, seraient inspirées, selon Jung, par la crainte de l’inconscient.»(*) A l’éclat de lumière qui jaillit du fond des ramures, lumière étrange car on s’interroge sur son origine, mais, lumière engageante, rassurante, au symbolisme favorable s’opposent les taches, d’ombres noires, opaques, inquiétantes, impénétrables, dans lesquelles, pourtant, le chemin, à peine hésitant, s’enfonce. Ses ornières profondes en affirment l’obstination.

Malgré cette apparente hostilité, tout nous invite à pénétrer dans ce sanctuaire. Rappelons-nous que, dans la langue celtique, il y a une stricte équivalence entre forêt et sanctuaire. On admire ce vert discret, si peu froid et ce roux et cet or si chauds et si intenses que rallie le mouvement vigoureux des troncs et des branches dénudées. Ces troncs qui s’élancent en chœur dans des ondulations de najas fascinés, sont ressentis comme un symbole de vie, comme un intermédiaire entre la terre où ils plongent leurs racines et la voûte du ciel qu’ils rejoignent et touchent de leurs cimes. Cet élan donne à l’ensemble une légèreté irrésistible, suggère une impression de lévitation, accentuée par le foisonnement végétal des herbes, des fougères aux teintes chaudes, vibrantes de lumière. Nous ne sommes plus dans le réel mais dans le merveilleux. Qui a mieux évoqué le mystère des forêts mythiques?

 

    Schachenman, aimait la forêt parce qu’elle est un lieu préservé que l’homme ne domine pas ou si peu. «Les forêts sont douces lorsque le monde n’y entre pas; le saint y trouve son repos.» (*)

Arthur Schachenmann

   

Sources:

 
- Art de Haute Alsace – Peintures de 1900 à 1945 – Exposition au musée des Beaux Arts de Mulhouse - 2010

- Pierre Krafft – Arthur Schachenmann, peintre du terroir sundgovien et magicien de la couleur – saisons d’Alsace – N°48 – 1973

- Jean Chevalier et Alain Gheerbrant – Dictionnaire des Symboles – Editions Robert Laffont – 1982 (*)



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